Au Printemps le Secours populaire s’ouvre au monde

Comme chaque année, l’arrivée du Printemps lance la campagne monde du Secours populaire. Durant trois mois, les bénévoles seront à pied d’œuvre pour rendre plus visibles leurs actions internationales. Pour l’occasion, le 22 mars à Bois-le Roi en Seine-et-Marne, une « fête des couleurs » était organisée. Au programme : exposition sur le droit des femmes, chants, repas partagé… Une belle fête pour célébrer le monde.
Le coup d’envoi du Printemps de la solidarité mondiale été donné samedi 22 mars à Bois-le-Roi (Seine-et-Marne), en présence de quelque 400 personnes – bénévoles, acteurs de l’association, invités et personnes aidées – rassemblées pour une « fête des couleurs » qui a mis à l’honneur les droits des femmes. Membre du Bureau national du Secours populaire, Nicolas Jaffré a rappelé l’importance de cette campagne permettant de financer les actions de solidarité internationale de l’association, qui accompagne les projets menés par 200 partenaires locaux dans 80 pays. « La solidarité ne connaît pas de frontière, a-t-il souligné. En agissant vite et dans le long terme, ce sont des vies qui changent. »
Arrivées en bus avec les bénévoles des différentes antennes de la fédération de la Seine-et-Marne, environ 250 personnes aidées participent à cet après-midi de convivialité et d’échanges. Parmi elles, des familles, des seniors de Champagnes-sur-Seine, des mamans avec leurs enfants, dont Jeannette, personne aidée de Nangis, et ses trois filles. Chacun contribue à cette fête des couleurs en apportant un mets à partager : une spécialité de son pays d’origine, un plat de sa région ou un classique de l’auberge espagnole – tartes, pâté en croûte…

Par petits groupes, les participants s’installent autour des tables rondes de huit places disposées en face de la scène de la grande salle Marcel-Paul. Exposés sur des cimaises, les portraits de Simone Veil, de Gisèle Halimi, de Julie-Victoire Daubé, de Juliette Adam et d’Yvette Roudy semblent veiller sur les convives. Ces monochromes – jaune, vert, bleu, violet et bordeaux – font partie de l’exposition itinérante Droits des femmes ici et là-bas, qui a rassemblé des témoignages, des poèmes, des chansons sur les violences sexuelles, l’égalité femmes-hommes et les luttes – droits de vote, à l’avortement, etc. – menées par les grandes figures du féminisme.
« Cette démarche d’éducation citoyenne est déclinée sur tout le territoire de la Seine-et-Marne : de Nemours à Bussy-Saint-Georges, de Nangis à Melun, de Champagne-sur-Seine à Noisiel… En tout, 800 personnes [femmes aidées, bénévoles, collégiens, lycéens] ont suivi ces ateliers sur les droits des femmes », détaille Brigitte Berlan, secrétaire générale de la fédération de la Seine-et-Marne.
Semer des graines
Cette volonté de « faire ensemble, de donner la parole, de permettre l’expression et les rencontres » a semé des graines : bénévole à l’antenne de Bussy-Saint-Georges, Françoise, qui a participé à ces ateliers dans lesquels elle a composé des haïkus, s’est prise au jeu de l’écriture et continue de rédiger des poèmes, comme dernièrement sur son modeste jardin. Deux de ses haïkus sont visibles dans l’exposition : « Force silencieuse dans le monde, elle [la femme] se lève. L’écho des luttes. » Sur les traumatismes d’un viol reconnu comme un crime par la loi du 23 décembre 1980 grâce à la mobilisation de Gisèle Halimi, elle a écrit : « Violée, profanée, corps déconstruit à jamais, douleur inassouvie. »
À l’occasion de cet après-midi festif, elle affiche ses convictions en arborant une coiffe et une tunique colorées – avec des motifs variés et les inscriptions en lettres jaune clinquant : « 8 mars, Journée internationale des droits de la femme : elle veut, elle peut » –, sur laquelle elle a ajusté un pin’s du Secours populaire. « On est là. On continue le combat par des actions concrètes : [nous sommes] cette force silencieuse », glisse-t-elle entre deux rires éclatants, qui rythment sa ferveur. Personne aidée de Bussy-Saint-Georges attablée à ses côtés, Nicole, venue avec ses trois enfants, partage son enthousiasme : « Ça fait du bien : c’est un bon moment pour moi. »
À tour de rôle, les participants se dirigent vers la longue desserte recouverte d’une nappe en papier de couleur bordeaux sur laquelle sont présentés les mets apportés par chacun. Derrière ce buffet et en cuisine, les bénévoles et personnes aidées de l’antenne de Nangis servent et préparent ces plats aux différentes saveurs et couleurs. Baskets blanches et gants noirs de cuisinière, Zhor, une bénévole de Nangy qui a confectionné une pastilla et des carottes à la marocaine, s’active.
Cette journée a été rythmée par des morceaux interprétés par un duo de chanteurs et une soixantaine de choristes issus de quatre ensembles vocaux*, qui comptent parmi eux des bénévoles. Accompagnés par les six musiciens de Lou Casa, ils ont chanté des classiques, dont les paroles ont été réécrites lors des ateliers de l’exposition Droits des femmes ici et là-bas. Reprise en chœur par le public, Bella Ciao est devenue Donna Cio, une dénonciation du harcèlement au travail ; Quand il n’y a plus d’amour d’après Jacques Brel, un plaidoyer contre les violences conjugales.
« L’espoir qui nous porte »
« J’adore être dans les groupes : cela permet d’échanger des idées et ça fait réfléchir », témoigne Rose, bénévole et personne aidée de l’antenne de Bussy-Saint-Georges – l’un de ses trois enfants y est inscrit à l’accompagnement scolaire. Après avoir dessiné, son fils Gabriel âgé de 6 ans et sa fille Laura, 7 ans, qui l’accompagnent ont participé, avec une joyeuse troupe d’enfants, à un « 1 2 3 Soleil géant » organisé devant la salle Marcel-Paul par les jeunes bénévoles de la fédération. Bénévole dans l’âme, Rose les a assistés : « Moi aussi, j’ai été confrontée à des difficultés, je suis passée par là alors si je peux donner la main à d’autres… [Cette journée] va me donner encore plus d’idées pour créer dans le futur une association afin d’aider les enfants de mon pays, la Centrafrique. Orphelins après avoir perdu leurs parents à cause des guerres qui ont ravagé le pays, beaucoup d’enfants n’ont pas accès à l’éducation ou dorment dehors. »
Ce samedi 22 mars, journée mondiale de l’eau**, a indéniablement semé de belles promesses et posé les premiers jalons de futures actions de solidarité internationale. Bien qu’aucune chanson de Gaël Faye n’ait été reprise, ses mots résonnent au cœur de cette journée : « L’espoir qui nous porte nous aide à tenir, on écrit aujourd’hui les poèmes à venir. Bien qu’on tombe constamment sous le feu de leurs haines, s’ils nous enterrent ils perdront car nous sommes des graines. »
Reportage réalisé par Laurent Lefèvre
* Les chants du voyage, Panier chantant, Sam chante et Quinconces.
** Choisi par les « Copain du Monde » qui organisent pour ce Printemps de la solidarité mondiale des chasses aux œufs à travers la France, l’accès à l’eau représente l’un des axes majeurs des projets de solidarité internationale de l’association.