Émanciper

Sports sans frontières

Mis à jour le par Olivier Vilain
Sport. Madagascar. Filles jouant rugby.
En 2022, une mission du Secours populaire s’est rendue à Madagascar dans des villages de pêcheurs pour organiser des tournois de rugby ©SPF63

Les pratiques sportives sont des supports essentiels de la vie sociale et sources d’épanouissement. Au Secours populaire, elles constituent en outre des supports éducatifs. Avec ses partenaires locaux dans le monde, il met en œuvre des actions destinées à développer les pratiques sportives. Exemple à Madagascar, au Maroc et en Inde.

« On a constaté que les enfants ont besoin de faire du sport, ils veulent jouer. Ils sont très demandeurs », relève lors d’un entretien téléphonique Mohamed Ait-El-Mouden, vice-président de l’Association Iflan pour le développement, la coopération et la culture, partenaire au Maroc de la fédération de Gironde du Secours populaire. C’est à travers le sport que les équipes d’Iflan ont souhaité apporter le sourire aux enfants de la région d’Al Haouz, autour de Marrakech, au lendemain du séisme du 8 septembre dernier.

Un soutien à plusieurs pratiques sportives

Cet appétit pour l’activité physique est confirmé par les observations de Louison Belin. Il vient de passer près de six mois en Inde, dans la localité de Bodhgaya, dans l’État du Bihar, au pied de l’Himalaya : « Nous avons mis au point un programme de découverte de cinq à six disciplines, à la demande des élèves et des professeurs » de l’école Shanti India, partenaire du comité de Roubaix du Secours populaire où le jeune homme de 27 ans est en contrat de professionnalisation.

Que ce soit au Maroc, en Inde ou à Madagascar, le Secours populaire s’est engagé auprès de ses partenaires dans le soutien à la pratique sportive, car cette dernière est un « facteur d’insertion et d’intégration sociale », comme le reconnaissent les Nations unies. En 2022, une mission du Secours populaire venue du Puy-de-Dôme s’est rendue à Madagascar pendant trois semaines, dans des villages de pêcheurs de la côte est de l’île, pour organiser des tournois de rugby.

Tournoi foot. Village Maroc. Iflan.
La pratique sportive contribue à réparer le tissu social,. Ici ‘‘la caravane éducative et sportive’’ d’Iflan, au Maroc après le séisme du 8 septembre dernier ©Iflan

« Les bénévoles organisaient des tournois sur les plages avec comme objectif d’en faire une activité où pourraient se côtoyer garçons et filles, et affirmer la place de ces dernières dans les villages », explique Adrien Thépot, secrétaire général de la fédération du Puy-de-Dôme du Secours populaire. Dans ce contexte, les équipes de filles ont su s’imposer et leurs membres ont témoigné auprès des bénévoles qu’elles avaient tiré de la confiance de cette expérience et qu’un regard plus égalitaire était désormais porté sur elles.

La pratique sportive peut contribuer à réparer le tissu social, comme le montre la caravane éducative et sportive d’Iflan, au Maroc. Après le séisme du 8 septembre dernier, toute la région de Marrakech était choquée. « Avec le Secours populaire et en coordination avec le ministère de l’Éducation, nous avons décidé d’atténuer les effets du séisme pour les enfants », relate Mohamed Ait-El-Mouden. Dans une quinzaine d’écoles de la région, les bénévoles d’Iflan ont mené des formations d’encadrement d’ateliers dans le domaine de l’environnement, des droits des enfants et du sport à destination des enseignants. En parallèle, « nous organisons, depuis février dernier, des tournois de football, de basketball et de volley-ball, avec remises de prix et l’inclusion des garçons et des filles ».

En Inde, le sport répare le tissu social

La caravane s’est arrêtée le temps de laisser passer les examens de fin d’année. Pour le moment, 4 550 enfants, âgés de 4 ans à 12 ans, ont profité du « climat de divertissement » instauré par les rencontres sportives. Et 222 enseignants et directeurs d’établissements ont été formés. Une fois les examens passés, la caravane reprendra sa route pour visiter 5 nouvelles écoles. « Pour les enfants, c’est inoubliable. Ils n’ont jamais participé à de telles animations et pour eux des sports comme le basket, c’est totalement nouveau », ajoute Mohamed Ait-El-Mouden. Et, « pour l’humanité, le bonheur des enfants, c’est important ».

En Inde aussi, le sport participe à l’amélioration du tissu social. La Shanti India School est située la région la plus pauvre de l’Inde et même l’un des États les plus pauvres du monde. En moyenne, les travailleurs journaliers vivent avec 1 euro par jour. « En Inde, la société est toujours divisée en castes. Très divisée. Entre les plus démunis et ceux qui ont juste un peu plus. Entre hommes et femmes. Alors, à travers le sport, on a permis aux petits comme aux grands, aux garçons comme aux filles, de se côtoyer, d’atténuer les différences qui structurent leur quotidien », analyse Louison Belin.

Le Secours populaire de Roubaix a fourni aux élèves de la Shanti India School des raquettes de badminton, des battes de cricket, des ballons, etc. ©SPF Roubaix

En novembre dernier, au moment où les températures descendent enfin sous les 45 degrés, il est retourné auprès des 750 élèves qui bénéficient d’une éducation gratuite à la Shanti India School pour organiser des tournois de rugby, de badminton, de cricket, de football. Ils ont eu lieu durant deux samedis pour qu’un maximum de familles soit présentes. Durant la semaine, les cours s’arrêtant le midi, Louison organisait l’après-midi des entraînements de rugby ou de badminton. « Nous nous sommes impliqués dans ce programme sportif car l’un de nos objectifs est de rassembler de manière universelle les différentes composantes de la population. »

L’école a eu besoin de l’implication du Secours populaire parce qu’elle n’a pas assez de moyens, ni en personnel, ni en matériel. « Les professeurs sont déjà très occupés. » Louison Belin est arrivé avec tout un matériel acheté sur place et donné à l’école : raquettes de badminton, battes de cricket, balles, jeux d’échecs et de dame, ballons.

Des infrastructures à l’étude à Madagascar

L’une des raisons de l’absence de pratique sportive est le manque de moyens et d’infrastructures. À Madagascar, le Secours populaire étudie avec son partenaire historique, le Comité de solidarité Madagascar, la construction d’un terrain de sport sur le site de l’école que les deux partenaires ont construite ces dernières années aux normes antisismiques et anticycloniques, à Belambo dans le centre du pays. Par ailleurs, le Secours populaire soutient dans la capitale un club de danse, qui est en train de devenir une école pour une vingtaine de filles. « Tout cela est rendu possible par des collectes réalisées depuis des années », rappelle Adrien Thépot, le secrétaire général de la fédération du Puy-de-Dôme.

Le sport, pour le Secours populaire, apporte sa contribution à la paix et à la tolérance, mais aussi à l’autonomisation des femmes et des jeunes, à d’éducation et à l’inclusion sociale. Le secret ? Le sport véhicule tout cela en donnant du plaisir. « Ça apporte aux enfants beaucoup de bonheur, se réjouit Louison Belin. Ça les sort totalement du quotidien. »

Tout cela est rendu possible par des collectes réalisées depuis des années 

Adrien Thépot, de la fédération du Puy-de-Dôme