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Happy End: après la rue, Sidi a enfin atteint son but

Mis à jour le par Olivier Vilain
Ancien joueur professionnel en Algérie, Sidi (en t-shirt blanc) est devenu entraîneur bénévole à Dinan en Bretagne. Il a passé un an dans la rue à Paris,avant de pousser la porte du Secours populaire « pour ne pas mourir ».

Ancien joueur professionnel de foot en Algérie, Sidi a tenté l’aventure en France, passant un an dans les rues de Paris. Il a fini par pousser la porte du Secours populaire « pour ne pas mourir ». Avec le soutien des bénévoles, sa vie a totalement changé. Retrouvez dans le projet "Happy End" son portrait en vidéo et celui de 4 autres personnes pour qui l'aide du Secours populaire a permis de changer de vie.

Un grand sourire, c’est ce qui se voit tout de suite chez Sidi. Le jeune homme, 30 ans, court sur l’herbe du terrain d’entrainement du Dinan Léhon Football Club. Ce dernier opère modestement dans le championnat de National 3. « C’est un club professionnel », dit l’éducateur sportif avec un petit rire. « Pour moi, le football nous montre qu’on est une grande famille, y n’a pas que les stars qui y jouent, c’est un plaisir populaire et on peut atteindre les rêves que l’on poursuit. » Habitant dans la cité moyenâgeuse de Dinan dans les Côtes-d’Armor, désormais, tout semble lui sourire. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, cet athlète survivait, seul, dans les rues de Paris.

Né en Algérie, dans la région d’Oran, Sidi est arrivé en France à l’âge de 20 ans, rêvant de faire une carrière de footballeur professionnel de ce côté-ci de la Méditerranée. « Je voulais devenir un grand, une star du foot. Pour ça, la France c’est le paradis ». Ici, il est hébergé par une connaissance. Mais le quotidien s’avère plus dur que prévu. L’hébergement n’a qu’un temps et le tout jeune homme se retrouve à la rue, seul. « C’est violent. ». Il y est resté pendant un an. Un an ! Une période durant laquelle une peur le saisi de manière constante. Finalement, un beau jour, il se décide à pousser la porte du Secours populaire, juste « pour ne pas mourir ». A Paris, les bénévoles le soutiennent constamment, avec bienveillance. « C’est important pour se dépasser » et s’en sortir. Au passage, il avait monté avec les bénévoles de Paris une équipe de personnes accueillies en 2013.

Revenu de l’enfer de la rue, il est éducateur sportif

Le foot, c’est sa passion. Pas la seule : il aime lire, le cinéma et même la découverte de la nature à travers les séjours qu’il organise pour les jeunes en tant que sous-directeur des « Eclaireuses éclaireurs de France », des scouts partenaires du Secours populaire. Mais, il tape dans le ballon depuis l’âge de 6 ans. Cette envie de jouer ne le quittera plus. Il se souvient de ses journées d’école passée à attendre la sonnerie pour aller jouer au stade. Puis ses premières années de joueur professionnel au club de première division de Tlemcem, au sud-ouest d’Oran. Sidi déplore que son sport favori ait perdu son esprit familial : « C’est devenu un univers trop commercial, avec des dérives comme le commerce des joueurs, alors que ce sont des êtres humains alors que je peux entraîner les jeunes pour qu’ils sachent que le foot nous rassemble malgré nos différences. »

Sidi a passé un an dans la rue à Paris. Finalement, il se décide de pousser la porte du Secours populaire, juste « pour ne pas mourir ». Il y a trouver un soutien allant bien au-delà de l'aide matérielle.

Retrouvez à partir du 17 octobre, Sidi, mais aussi Rama, Shera, Jhon Rachid et Raphäl Yem dans le projet Happy End à l’occasion de la Journée internationale du refus de la misère.


Il est devenu éducateur sportif au club de Dinan club, tous les mercredis et les samedis. Avec la direction du club, il s’est fixé comme objectif de continuer à passer ses diplômes de spécialisation aussi bien pour encadrer des enfants ordinaires que des petits qui ont un handicap. Parmi ses équipes préférées, il classe en premier le PSG, depuis tout petit. « Hé oui, normal quand toute une partie de ma famille habite à Paris. Et puis, mon père me parlait souvent, enfant, d’un grand joueur algérien, Mustapha Dahleb. » Ce buteur hors-pair a joué de la fin des années 1960 au milieu des années 1980, devenant même la première star du Paris Saint-Germain. L’autre club de son cœur est celui de Lens. « Il y a toute une histoire entre le club et ses supporters qui sont toujours présents derrière l’équipe, qu’elle perde ou qu’elle gagne. »

Il se dit satisfait de sa vie actuelle, même s’il n’est pas devenu une star du ballon rond. « J’ai atteints mes objectifs. C’est vrai je ne suis pas devenu un grand footballeur, mais j’ai réussi mes études. » A sa réussite pour ses diplômes d’éducateur sportif, d’animateur (BAFA) et de directeur de centres aérés (BAFD), il a fêté un autre succès : il a été régularisé en 2016. « Je suis serein, maintenant, avec ma carte de séjour de 10 ans. » Parallèlement, il gagne sa vie en étant assistant d’éducation – surveillant – dans un collège et remplit des missions d’aide-soignant dans une maison de retraite médicalisée. Il a continué à travailler à l’EHPAD, comme au collège, depuis l’épidémie de Covid-19. « C’est très difficile car nous sommes obligés de travailler avec tous les risques que cela comporte et en premier il faut tout faire pour ne pas transmettre le virus aux personnes âgées. »

Il veut retourner voir ses amis bénévoles de Paris

Quand il revoit son parcours, il sourit : « Je me sens utile, c’est ce qui me manquait avant. Je me sens libre aussi et simplement comme les autres, c’est ça, je suis comme les autres », dit-il avec satisfaction. Il lui arrive de revenir à Paris. Il n’oublie jamais de passer voir les amis du Secours populaire, dans le 18e arrondissement. « Je passe faire un petit coucou et c’est vrai que j’aimerais participer à quelques événements en tant que bénévole. »

Quand il revoit son parcours, Sidi sourit : « Je me sens utile, c’est ce qui me manquait avant. Je me sens libre aussi et simplement comme les autres, c’est ça, je suis comme les autres. »

Quand il revoit son parcours, Sidi sourit : « Je me sens utile, c’est ce qui me manquait avant. Je me sens libre aussi et simplement comme les autres, c’est ça, je suis comme les autres. »


 

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