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Enfants et bénévoles. Trois parcours.

Mis à jour le par Olivier Vilain
Savina et Douriati sont membres du club "copain du Monde" de Privas. Elles se construisent à travers la solidarité.

En Ardèche, le club « Copain du Monde » n’a été créé qu’en 2018. Mais le Secours populaire avait impliqué des enfants dans la solidarité depuis longtemps. Depuis une trentaine d’années. Colombe, Savina et Douriati reviennent sur ce que leur engagement a apporté dans leur vie.

Enfant, Colombe a été bénévole. « Tôt, car je n’avais pas dix ans. » A 40 ans, elle l’est encore, de temps en temps. « Je suis encore plus convaincue aujourd’hui de l’importance du Secours populaire dans la vie de milliers et de milliers de gens. » Originaire de l’Ardèche, elle a grandi dans une famille de la classe moyenne. Sa mère était institutrice et son père fonctionnaire à Privas. « Mes parents étaient très engagés, au Secours populaire, mais aussi dans le domaine syndical et politique. Après tout, je suis petite-fille de mineur et cela véhicule la notion de collectif. »

Dans cette ambiance, elle suit sa grande-sœur, dès l’âge de 7 ou 8 ans, et vient donner un coup demain aux bénévoles. « Pour les Pères Noël verts, on vendait dans le quartier des boules pour les sapins. On faisait du porte-à-porte dans toutes les tours. Puis, quand je suis devenue étudiante, je me suis consacrée au soutien scolaire. » Elle a aussi été animatrice dans des colonies auprès d’enfants dont le Secours populaire aidait les familles. « De cette manière, ces gamins ont pu découvrir des choses simples, comme voyager. Certains arrivaient sans rien dans la valise. Rien à part un t-shirt, une paire de baskets… »

Depuis toujours Colombe a croisé le chemin du Secours populaire. Enfant, elle était bénévole. Elle l'est encore et a favorisé chez ses enfants ce type d'engagement.

Depuis toujours Colombe a croisé le chemin du Secours populaire. Enfant, elle était bénévole. Elle l’est encore et a favorisé chez ses enfants ce type d’engagement.


Cette stabilité familiale et économique dont elle a bénéficié petite, c’était, à ses yeux, vraiment « beaucoup de chance ». Colombe est devenue éducatrice spécialisée dans un hôpital (80 % de son temps de travail), métier qu’elle combine à celui de formatrice d’éducateurs. « Me sentir utile est « mon moteur ». » Malgré le décès de son mari, ni elle ni ses enfants n’ont basculé dans la précarité. « Je m’en sors avec mon salaire. Mes enfants ne manquent de rien. On part en vacances. Je paie toutes mes factures, ce qui n’est pas le cas de plus en plus de gens. Je vis en HLM, par chance », après avoir dû quitter leur ancienne maison.

Ce regard, cette recherche d’équité, l’éducatrice au grand cœur les a transmis « par ricochet » à ses enfants. Son fils a 10 ans et sa fille 15. Ils s’investissent depuis 4 ans au Secours populaire de manière ponctuelle. « Ils participent aux collectes alimentaires en grande surface et aux distributions alimentaires. Ils sont contents de s’impliquer. Ils ont donné plus de temps au bénévolat pendant le confinement, mais étaient incrédules devant la longueur des files d’attentes. »

Les enfants de Colombe croisent Savina et Douriati

Les enfants de Colombe croisent Savina et Douriati. Deux ados qui commencent à être légèrement trop âgées pour être à « Copain du Monde », à respectivement 16 et 15 ans. « On aimerait créer un club pour ados, pour prolonger le plaisir de se réunir autour des valeurs de la solidarité », explique Douriati, qui est née à Mayotte. Sa famille s’est installée à Privas, après avoir habité chez une tante de l’adolescente, à Carcassonne. Le Secours populaire les soutient depuis leur arrivée à Privas pour la nourriture, les fournitures et l’accompagnement scolaires. Il aide aussi celle de Savina. Venue d’Albanie, la famille de cette dernière n’a toujours pas de papiers. « Malgré des années de procédure, malgré notre intégration dans la vie localeOn se bat pour un statut stable. On a fait la demande de régularisation et on attend. » Des bénévoles du Secours populaire ont même hébergé Savina et ses parents, durant les temps les plus durs.

Savina veut devenir avocate ou juge et Douriati compte faire des études d’infirmière. Elles veulent toutes les deux faire des métiers qui aident les autres.

Les deux ados mènent des collectes et organisent les initiatives des enfants du club « Copain du Monde ». « J’y suis entrée pour contribuer à mon tour à la solidarité, il y a 5 ans », souligne Savina. Après avoir hésité, Douriati veut devenir infirmière, c’est une profession qui « aide les gens ». « Je me suis renseignée auprès de plusieurs mères de mes copines qui sont infirmières. J’ai aussi visité un lycée qui prépare à cette filière. »

Depuis petite, Savina a « toujours le rêve de défendre les gens ». La jeune fille veut depuis des années devenir avocate. Mais aujourd’hui, elle s’interroge dans quel secteur : pénal ? Auprès des enfants ? « Au Secours populaire, cette envie s’est confirmée. Je ne m’orienterai pas vers le secteur de l’entreprise, je n’y vois pas l’intérêt. Ce que je veux c’est défendre les démunis, les gens qui n’ont pas les revenus pour subvenir à leur défense. » Pour le moment, Savina, qui a encore le temps, réfléchit à la meilleure correspondance entre les études à entreprendre pour remplir au mieux son choix moral. « Je ferai peut-être une double licence droit et science politique, je pourrai choisir entre juge et avocate. » A l’exemple de Colombe, les deux jeunes filles n’ont pas fini de croiser le chemin du Secours populaire et de ses bénévoles.