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‘‘Journée bonheur’’ à vélo à La Rochelle

Mis à jour le par Olivier Vilain
Une vingtaine d'enfants privés de vacances ont passé une ''Journée bonheur'' à découvrir les joies du BMX, à La Rochelle.

Le 6 juillet, le Secours populaire lançait la première des vingt ‘’Journées bonheur’’ consacrées à la découverte du BMX, ce vélo-cross taillé pour le passage des bosses. À La Rochelle, une vingtaine d’enfants privés de vacances ne sont pas prêts d’oublier une demi-journée qui va ensoleiller tout leur été.

Sur leurs BMX gris, Margaux, Marwa et Mélyne arborent chacune le fameux maillot jaune du Tour de France, mais siglé cette fois du logo du Secours populaire et de celui d’Amaury Sport Organisation, l’organisateur du Tour. Sur l’esplanade Éric Tabarly, placée entre le grand Aquarium de La Rochelle et l’un des bassins du vieux port, elles s’élancent tour à tour sur les trois circuits mis en place par les bénévoles du Secours populaire, du club de BMX de la ville et de la prévention routière. Elles pédalent entre les plots rouge, vert et bleu, passent les bosses en carbone en se levant de la selle et reviennent à leur point de départ, avant de recommencer. « J’adore. Je ne connaissais pas le BMX. J’y retourne », s’exclame en passant Mélyne, 10 ans, dont les yeux lancent des éclairs de satisfaction.

Un vent de légèreté souffle sur les petits rochelais

La scène se déroule dans un cadre estival, à une encablure de la grande roue qui surplombe la grande ville portuaire de Charente-Maritime connue, entre autres, pour son festival de musiques francophones (les Francofolies) et pour sa proximité avec un littoral souvent sauvage. Pendant les deux heures de l’événement, les fanions multicolores de la goélette « Belle Poule », amarrée à l’arrière-plan, s’agitent sans cesse dans la brise marine qui adoucit un peu traîtreusement la morsure du soleil de juillet. Pendant ce temps, les enfants écoutent les consignes et font plusieurs tours de pistes. « C’est super, j’y arrive mieux maintenant. Je fais du vélo en bas de chez moi mais je ne connaissais pas le BMX », se réjouit Mehdi, 10 ans.

Les bénévoles ont accueillis chaleureusement les enfants et leur famille.

Les bénévoles ont accueilli chaleureusement les enfants et leurs familles.

Tout sourire, les enfants découvrent ce vélo très maniable, taillé pour les figures aériennes. Ils sont une vingtaine à participer aux trois ateliers destinés à leur faire découvrir la maniabilité et les sensations de ce modèle proche du VTT. Ils sont aussi là pour reconnaître les panneaux de signalisation routière et être sensibilisés aux risques de la circulation. « Au total, ils repartiront avec une plus grande confiance en eux », espère Fred, bénévole du club de BMX rochelais, qui anime l’un des ateliers. Tous les bénévoles sont particulièrement attentifs et bienveillants.

Vingt ‘‘Journées bonheur’’ autour du BMX

« Je vois qu’elle est heureuse là. Il n’y a qu’à voir son regard. Et puis, elle est très concentrée ; ça veut dire quelque chose pour moi, parce qu’en général elle a du mal. Donc, ça lui plaît », remarque mi réjouie mi émue Julie, la mère de Mélyne, qui est venue avec ses trois autres enfants. Les ateliers BMX se déroulent en partenariat avec ASO dans le cadre des « Journées bonheur », le dispositif exceptionnel du Secours populaire pour offrir des sorties estivales et de petits séjours aux très nombreuses personnes privées de vacances cet été, à cause de la crise économique provoquée par le Covid-19.

« Il y aura des tas de ‘‘Journées bonheur’’ cet été, mais celle-ci est la première des vingt consacrées à la pratique du BMX. Nous allons les décliner durant tout l’été et pendant le Tour de France. Au total, sur ce type d’ateliers, 400 enfants vont se changer les idées et mettre au loin un quotidien marqué par les privations et l’angoisse de la précarité », explique Nicolas Xuereb, membre du Bureau national du Secours populaire. Habituellement, un gros tiers de la population est privé de vacances, faute de moyens principalement. « Et encore, c’est une moyenne, le taux est bien supérieur en zones rurales et dans les quartiers populaires », où vivent principalement des ouvriers, des employés et de petits fonctionnaires.

L’été du non-départ en vacances

Cette année, le nombre de personnes privées de vacances devrait atteindre un (triste) record, comme le montre un ensemble de sondages. Dans celui de Sofinco / OpinionWay,  réalisé en juin dernier, 54 % des personnes interrogées déclarent prévoir de ne pas partir cet été. Des projections qui correspondent au raz de marée de la misère provoqué par l’arrêt brutal de l’économie au printemps dernier, suivi par un redémarrage lent et partiel depuis le début de l’été. Malgré le déconfinement, le flot de demandes d’aides alimentaire ne faiblit pas. « La vague continue et elle grossit », alerte Nicolas Xuereb.

En fin d'après-midi, les enfants ont reçu un bond d'achat de 200 € afin de s'offrir un vélo.

En fin d’après-midi, les enfants ont reçu un bond d’achat de 200 € afin de s’offrir un vélo.

À La Rochelle, après un doublement des distributions au plus fort du confinement, le Secours populaire continue de fournir des denrées à 250 familles chaque semaine, c’est-à-dire moitié plus que l’année dernière. Un peu plus loin, à Poitiers, la proportion est la même. « Nous aidons toujours plus de personnes en détresse. Nous avons donc ajouté une distribution alimentaire en juillet, qui n’était pas prévue au départ. Tandis que nous fournissons tous les jours des colis d’aide alimentaire d’urgence. Nous sommes sur un volume de +25 %. Nous ne sommes qu’au début de la crise », avertit Nicolas Xuereb.

Ils repartent avec un vélo en cadeau

Julie est mère au foyer : « quatre enfants, c’est déjà du travail ». Son mari est ouvrier. Il fabrique des bâches et a continué de le faire pendant le confinement, après une période de chômage partiel. « Pour la nourriture, c’était très difficile, il fallait jongler. Les menus se ressemblaient tous : raviolis, pâtes… Ce n’est pas très équilibré. Et puis, on ne peut pas faire de cinéma, de sortie ou partir en vacances. Alors cette journée est vraiment la bienvenue. » Avec le Secours populaire, la famille ira aussi sur l’île d’Aix, à quelques kilomètres de là. « Ouais ! On fera le tour de Fort Boyard en bateau », saute de joie Zia, la grande sœur de Mélyne.

À la fin de la journée, les enfants reçoivent chacun des mains de Christian Prudhomme un bond de 200€ pour acheter un vélo à Décathlon : « À voir leurs sourires, leurs regards, on voit bien que le vélo apporte un peu de liberté et d’insouciance. » Margaud et Marwa sont aux anges, tout comme leurs copains, copines. Une semaine plus tôt, la même scène se déroulait à Nice. Une quarantaine de petits dont les familles sont aidées par le Secours populaire ont reçu eux-aussi de quoi s’offrir des BMX. « Maman a bien fait de me faire la surprise de m’emmener », rigole Margaux.

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