Émanciper
Un terrain de jeux « de OUF » aux pieds de la tour Eiffel

Démonstrations sportives, handisport, stands de Copain du Monde pour sensibiliser sur la protection de la ressource en eau, pour ses 80 ans, le Secours populaire a organisé une journée de vacances pour 40 000 enfants qui ne sont pas partis de chez eux cet été. Sur le Champ-de-Mars, ils ont découvert, ce 20 août, des tas de sports différents, des activités créatives et se sont fait des amis aux pieds de la tour Eiffel.
« Je mets beaucoup de paillettes rouges et dorées », décrit Grace, 8 ans, qui s’est levée tôt pour venir de Toulouse au Champ-de-Mars, ce 20 août. Alors que la musique de la grande scène centrale se fait de plus en plus entendre, la petite s’est arrêtée avec ses copines au stand de loisirs créatif : elle décore, à sa guise, une petite plaque de bois de la taille d’une médaille.
Tous à la « plage », au « camping » et à la « montagne »
Si la scène occupe le centre de la grande place au milieu des rangées d’arbres qui relient l’École militaire à la Seine, une centaine d’ateliers est proposée aux 40 000 enfants venus passer une Journée de vacances inoubliable, une Journée de Ouf ! Les ateliers sont répartis en trois zones, symbolisant les différents lieux de vacances possibles : la plage, la montagne et le camping.
En circulant à “la plage”, au milieu de cette marée humaine, des éclats de rire et de la nuée de casquettes multicolores, on peut voir se dérouler des parties de basket, non loin d’une initiation à la boxe anglaise – « là, tu lances ton coup droit et tu enchaînes par un crochet en pivotant bien sur la pointe de ton pied avant » – tandis qu’à côté une file joyeuse de filles et de garçons s’est formée pour monter, par la droite, en haut d’une pyramide gonflable, dans le but de descendre, par la gauche, sur un toboggan.





Du côté de “la montagne”, les stands sportifs coexistent avec des ateliers destinés à ouvrir sur le monde. Ainsi, l’un d’eux propose, en partenariat avec l’association Cap’Sport, aux enfants de réaliser un parcours en fauteuil roulant ou en ayant les yeux bandés et une canne blanche. Mafarima, 9 ans, portant une casquette verte, se lève du fauteuil : « C’est comme si je ne pouvais plus me servir de mes jambes, ça me donne envie d’aller plus vers les gens qui sont vraiment en fauteuil, car je comprends mieux leurs difficultés. » D’ateliers en ateliers, la petite vivant en Seine-Saint-Denis passe une excellente journée : « Je joue, j’écoute la musique et je me fais des amis, on est ensemble sans se bagarrer. »
Un peu plus loin, Helena, Acile et sa sœur Hadil font la queue au stand de photos. Elles sont toutes passées d’abord à l’atelier maquillage. Helena, une étoile sur une joue et un oiseau sur l’autre, raconte à ses copines les parties de tir à la corde qu’elle vient de faire et s’enthousiasme pour le petit mur d’escalade sur lequel elle est montée, même « si c’est dur un peu ».
« J’avais un peu le vertige, mais je voulais vaincre ma peur »
À proximité, toujours dans la partie “montagne”, de nombreux murs d’escalade ont été installés. Aux pieds de la tour Eiffel, Rania, 9 ans, cherche ses appuis le long d’une très haute structure gonflable qui doit bien faire l’équivalent d’un immeuble de trois étages. Arrivée en haut, elle se laisse descendre le long de la corde de rappel. En touchant le sol, elle se met tout à coup à trembler doucement. « J’avais un peu le vertige tout en haut, mais je voulais vaincre ma peur », raconte encore un peu sous le coup de l’émotion cette petite venue de Saint-Pierre-des-Corps.
Toute la journée, le ciel est resté lourd, chargé de nuages sombres, faisant craindre qu’un orage oblige à reporter l’événement. L’eau est un enjeu très important pour de nombreux pays. C’est ce qu’ont pu découvrir les enfants dans les différents stands tenus par Copain du Monde.





« En 2025, 1 000 enfants meurent chaque jour à cause d’une eau insalubre, selon l’Unicef », peuvent lire les enfants au milieu des nombreuses affiches montrant les programmes de solidarité menés par le Secours populaire et le mouvement Copain du Monde : « Une centaine de puits au Nigeria » ; « 500 filtres à eau expédiés en Haïti » ; « Construction d’une école avec adduction d’eau à Belambo à Madagascar ».
Sur un autre stand, “La Goutte d’eau solidaire”, les enfants sont sensibilisés aux usages de l’eau et aux manières de l’économiser. Sur une table, des bénévoles leur montrent deux jeux de cartes successifs qui représentent un jean, un kilo de bœuf et un téléphone portable, etc. Alicia et Maylia doivent estimer la consommation d’eau nécessaire pour la fabrication de ces produits. Les chiffres sont astronomiques : cela va de 800 litres pour le jean jusqu’à 15 000 litres pour la viande de bœuf. Plus surprenant, il faut 17 000 litres pour produire un kilo de chocolat ! Les deux filles sont très surprises.
Les inégalités d’accès à l’eau n’ont plus de secrets pour Alicia
Devant un planisphère, elles doivent répartir sur les différents continents des jetons jaunes, qui symbolisent la population mondiale, et des jetons bleus, qui illustrent les ressources en eau. Le jeu a pour but de montrer que les deux entités sont inégalement réparties. L’Asie et l’Afrique sont deux parties du monde où l’accès à l’eau est vraiment tendu. « C’est intéressant, confie Alicia. On y réfléchit déjà à l’école. » Elles vont rejoindre d’autres copines et copains à une table pour rédiger des propositions pour sauvegarder cette ressource précieuse.
Le soir, tout le monde repart. Maëlys sait qu’elle va tout raconter à sa mère en rentrant. Elle est particulièrement heureuse d’avoir vu la Seine. « On la voit dans beaucoup de dessins animés, de films, mais rarement en vrai », quand on vit comme elle dans une famille populaire de Saint-Dizier.