Tempête Alex. Un an après, la vie en pointillés dans les vallées

Mis à jour le par Olivier Vilain
Dans la rue principale de Saint-Martin, qui est en pente, le Secours populaire reçoit les personnes en difficulté.

Depuis le 2 octobre 2020, les bénévoles du Secours populaire continuent d’apporter leur aide aux habitants des trois vallées des Alpes-Maritimes victimes de la tempête Alex. Pour ces derniers, la vie reste bouleversée douze mois après une catastrophe de grande ampleur.

« C’est un grand réconfort que de savoir le Secours populaire à nos côtés », souligne Déborah Portail, gérante du Garage Saint-Sébastien, situé en aval de Saint-Martin-Vésubie, une commune ravagée par la tempête Alex, il y a un an. « Avec la Chambre des métiers, c’est vraiment les seuls à ne nous avoir pas lâché dans cette situation à laquelle personne ne peut faire face. » Le garage de Déborah et son mari n’a toujours pas rouvert. Le bâtiment, situé au bord du lit de la Vésubie, est toujours frappé d’un arrêté de péril.

« Nos machines sont à l’intérieur, inaccessibles. Notre chiffre d’affaires est en chute libre, car on ne peut répondre qu’à 20 % des demandes de nos clients. » Dans ces conditions, l’aide financière apportée en début d’année par le Secours populaire a permis de faire face à quelques charges d’exploitations. « Hier [lundi 27 septembre], un bénévole du Secours populaire m’a téléphoné pour me rappeler que l’association tenait à disposition une nouvelle aide pour ma société. Ça fait du bien », confie cette femme courageuse, qui qualifie « d’inhumains » les douze mois qu’elle et sa famille viennent de vivre.

Les stigmates toujours présents

Le long de la Vésubie, les stigmates de la tempête Alex sont encore visibles aujourd’hui. Du 30 septembre au 3 octobre 2020, cette tempête d’une violence inouïe a fait déborder les cours d’eau des Alpes-Maritimes et ravagé les vallées de la Vésubie, de la Tinée et de la Roya. Des dizaines de maisons sont inhabitables ou endommagées, ou encore détruites, emportées par les flots déchaînés ou les glissements de terrain. Les routes sont arrachées sur des kilomètres, coupant des villes et des villages de tout accès. Plus de 10 morts sont à déplorer. Le maintien de la vie et de l’activité dans ces trois vallées est en suspens.

Les jeunes bénévoles de Nice chargent des dizaines de matelas, fournis entre autres par la fédération de l'Eure-et-Loir du SPF. Direction : Saint-Martin-de-la-Vésubie.

Les jeunes bénévoles de Nice chargent des dizaines de matelas, fournis entre autres par la fédération de l’Eure-et-Loir du SPF. Direction : Saint-Martin-de-la-Vésubie.


Tout le Secours populaire s’est mobilisé immédiatement, collectant des sommes importantes. Parallèlement, les bénévoles des Alpes-Maritimes s’engagent auprès des sinistrés dès les premières heures. Ils ouvrent trois antennes, au cœur des vallées sinistrées, à Saint-Martin-Vésubie, à Breil-sur-Roya et à Tende, persuadés dès les premiers jours que leur présence serait nécessaire pendant longtemps, compte tenu de l’ampleur des dégâts.

Distribution alimentaire, de vêtements, aide financière pour que 64 professionnels (garagistes, agriculteurs, commerçants, etc.) puissent relancer leur activité, distribution de petit électroménager et de matelas. Sur place, le Secours populaire a réparti plus de 26 tonnes de vêtements et est venu en aide à plus de 3500 personnes. Ils viennent encore en aide à 185 familles sur le plan alimentaire et fournit des vêtements à plus de 700 personnes.

Un très grand élan de solidarité

Pour soutenir cet effort, les « Copain du Monde » des Yvelines, de Marseille et de l’Ardèche ont organisé des collectes. De nombreuses fédérations du Secours populaire ont débloqué des fonds, comme celle de la Côte-d’Or ou du Béarn, ainsi que les comités de cette dernière, la fédération nationale des électriciens et gaziers ou celle de la Loire. Le Nord ou les fédérations de la région Auvergne Rhône-Alpes ont envoyé de l’eau potable. Le Secours populaire a affrété des dizaines de camions chargés d’aliments non périssables.

Julien Doré se mobilise pour les sinistrés des Alpes-Maritimes

Originaire de la région, l’artiste Julien Doré a entraîné avec lui, aux côtés du Secours populaire, de nombreux auteurs et autrices, permettant de mettre en lumière les besoins des sinistrés et de collecter des fonds importants.


Dans les trois nouvelles antennes, 80 bénévoles s’activent. Même douze mois après la tempête, les demandes d’aides continuent à leur parvenir. « Des sinistrés pensaient pouvoir se débrouiller seul. Mais aujourd’hui, un an après certains finissent par voir que ce n’est pas le cas », souligne Jean Stellittano, secrétaire général de la fédération des Alpes-Maritimes.

Bras de fer avec les assurances, indemnités plus faibles qu’attendues ou qui n’arrivent pas explique cet afflux à retardement. Autre explication, l’arrivée à l’heure actuelle, après de nombreuses expertises, des décisions de la préfecture sur les conditions d’habitabilité de nombreuses maisons ou bâtiments commerciaux. Les bénévoles sont toujours en train de détecter ce genre de situations, spécifiquement dans les zones rurales, pour porter secours avant « qu’elles ne débouchent sur des catastrophes », comme l’arrêt de l’activité, l’endettement ou la pauvreté, indique Jean Stellittano. Les habitants des vallées et les bénévoles ne baissent pas les bras et ont conscience que leur engagement va s’inscrire dans le temps.

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