Copain du Monde
Résister, d’hier à aujourd’hui

Le 26 octobre, une trentaine d’enfants « Copain du Monde » se sont retrouvés à Nantua au musée de la Résistance et de la Déportation de l’Ain. A l’initiative de la région Auvergne-Rhône-Alpes du Secours populaire, cette journée destinée à faire vivre le devoir de mémoire devait aussi sensibiliser les enfants à la notion de résistance.
A travers cette journée exceptionnelle, le Secours populaire s’est donné pour objectif de remplir sa mission d’éducation populaire en offrant une journée éducative, civique et mémorielle aux enfants et jeunes « Copain du Monde ». Ceux-ci ont cultivé l’idéal d’« apprendre à comprendre au lieu de chercher à haïr » pour que demain soit plus humain, pour lutter contre l’oubli, parler de la haine et de la folie des hommes. Ainsi, dès leur arrivée, une activité pédagogique leur a été proposée par l’équipe des médiateurs du musée, accompagnés par les animateurs bénévoles du Secours populaire. C’est par un jeu de piste dans la ville de Nantua que tout a commencé. Invités à découvrir les lieux emblématiques de cette période, les différents groupes ont pu déambuler dans les rues tout en s’imprégnant des hauts faits historiques conduits par les Nantuatiens durant la guerre. Devant l’hôtel de ville de Nantua, l’énigme permet de comprendre que, pour l’action de ses habitants au cours de la guerre, la ville de Nantua a été décorée de la médaille de la Résistance française par le Général de Gaulle en 1947. Nantua fait partie des 18 communes et collectivités médaillées de la Résistance. Continuant leur marche Sarah, Youssef, Marion et Anastasia s’arrêtent ensuite devant le monument de la ville. Imposant et face au lac, il permet de comprendre l’importance du devoir de mémoire. Pour Sarah, qui habite Aix-les-Bains, « c’est un monument sur lequel les noms de tous ceux qui se sont battus contre le nazisme sont gravés. C’est pour qu’ils ne soient pas oubliés. Dans ma ville aussi, il y a un monument aux morts ». Rachel, bénévole du Puy-de-Dôme, tient à rappeler que tous ces hommes et ces femmes qui ont résisté doivent être honorés.
Sur le chemin du retour, le petit groupe fait une halte devant une plaque de rue. C’est la rue du docteur Émile Mercier. Sur la plaque est inscrit : « Fusillé par les Allemands le 14 décembre 1943 ». Bernard, bénévole à Lyon, prend le temps de lire les informations dont il dispose grâce à la tablette fournie par le musée. « Le 14 décembre 1943, il est raflé parmi 150 personnes à Nantua ; dénoncé, il n’est pas déporté mais emmené par la Gestapo vers Lyon. Son destin s’arrête à Maillat où il est fusillé. » Pour les enfants et les jeunes « Copain du Monde », cette information est aussi une prise de conscience des dangers que prenaient ceux qui résistaient à l’occupant. A leur retour au musée, tous sont invités à participer à un jeu de rôle intitulé « Sur les traces du maquis». A partir d’un livret-jeu dont ils sont les héros, les enfants et les jeunes suivent un jeune maquisard. Ils doivent par deux ou trois maximum se mettre dans la peau d’un jeune de Nantua qui refuse de partir en Allemagne pour faire son STO*. Alors que plusieurs possibilités s’offrent à lui (maquis, départ à Londres, etc.), il faut tout entreprendre pour qu’il ne meure pas. D’étape en étape, les choix s’enchainent jusqu’à la libération de la France.

Krisilda, Sawa et Rama se mettent ensemble pour suivre les traces du jeune homme. Cette période de l’histoire, elles l’ont déjà abordée au collège mais de façon plus scolaire. Très vite, elles se prêtent au jeu : se cachant dans le maquis, apprenant à manier les armes, aidant aux parachutages anglais, apprenant le sabotage pour faire reculer les troupes allemandes… Sawa reconnaît découvrir plein de choses. « On apprend que la couleur des parachutes indiquait le contenu des caissons parachutés, rouge pour les armes, bleu pour les appareils de transmissions ou blanc pour le matériel médical. » Et même si certains avaient quelques connaissances sur cette période, tous apprécient cette façon d’enrichir ses connaissances. Pour Youssef, c’est plus agréable que les cours. Et puis surtout, comme l’exprime Léna, « on voit de vrais objets, les armes, les uniformes, les maquettes… Cela rend plus réel les évènements. On comprend mieux comment se sont passées les choses et surtout que résister demandait beaucoup de courage. On pouvait mourir à tout moment ». Des notions historiques qui parfois sont difficilement appréhendables mais qui, au travers de tous ces témoignages – affiches, objets, etc. –, ont pris une tout autre place dans l’esprit des enfants « Copain du Monde ». Une fois la visite du musée terminée, l’ensemble les jeunes étaient invités à se retrouver pour échanger et partager sur certaines notions.
Car l’objectif de cette journée était de faire réfléchir à la notion de résistance et de solidarité. A la veille des 80 ans du Secours populaire, Claude Esclaine, responsable de la région Auvergne-Rhône-Alpes du Secours populaire a mis en lumière l’histoire de l’association. Une introduction au débat qui a permis ensuite à chacun de s’exprimer sur la notion de résistance. Alors que certains y associaient la notion de combat, d’autres soulignaient la difficulté de résister et que décider de résister impliquait du courage. Pour Fati, la résistance traverse l’histoire « Ghandi, Martin Luther King, Simone Veil et Rosa Parks ont résisté mais chacun à leur façon. Il n’existe pas une façon de résister. C’est à chacun de trouver sa façon de faire. Pour Rosa Parks, c’est en refusant de céder sa place dans un bus alors que Ghandi a fait le choix de faire la grève de la faim. » Quant à Léna, « faire de la solidarité, c’est résister et combattre la pauvreté. » Quels que soient les mots retenus et les définitions que les uns et les autres ont données, ce qui est évident pour tous c’est que résister est nécessaire. « Avec son mouvement d’enfants ”Copain du Monde”, le Secours populaire sensibilise les jeunes bénévoles à un douloureux et dramatique chapitre de notre histoire et à l’impérieuse nécessité de mondialiser la solidarité en ces temps présents, où notre humanité affronte de très grandes turbulences à l’échelle planétaire », a tenu à rappeler Claude Esclaine.
