Pour ses 80 ans, le SPF a trouvé la bonne recette…

Le 15 avril 2025, une quarantaine de bénévoles de la Côte-d’Or se sont retrouvés pour fêter les 80 ans du Secours populaire. Au menu de cette journée, un très bon repas réalisé bénévolement par des élèves du lycée Castel de Dijon et l’inauguration de l’atelier cuisine de la fédération. Un moment de partage et de convivialité comme sait en organiser le Secours populaire.
Roger, Maurice, Paulette, Ines, Jean-Claude et tous les bénévoles invités ce jour-là sont émus de se retrouver. Pour David Lebugle, le secrétaire général de la fédération de la Côte-d’Or, ce rendez-vous avait plusieurs objectifs « Nous souhaitons célébrer les 80 ans de l’association en rassemblant des bénévoles octogénaires de la Côte-d’Or. Et même si certains ne viennent plus aujourd’hui, il était important de partager ce repas avec eux. Ils ont fait l’histoire du SPF. Mais plus qu’un jour anniversaire, nous voulions aussi parler de l’avenir de la solidarité en inaugurant notre atelier cuisine partage. » Pour ce premier événement au sein de la fédération, l’équipe avait mis les petits plats dans les grands en donnant carte blanche à 7 élèves de première année de CAP cuisine du lycée Castel de Dijon. Après avoir réfléchi avec leur professeur de cuisine, M. Ragois, et établit le menu ensemble, la confection des plats a commencé dans les locaux de l’établissement deux jours avant. Seules les sauces, et certains plats, ont pu se faire dans la cuisine de l’atelier partage du SPF. Disposant d’une plaque de cuisson, d’un four, d’un lave-vaisselle et de quelques placards, l’espace ne permet pas de faire un repas pour 40, d’où les préparations faites en amont. En effet, cet espace inauguré le jour même est destiné à accueillir plusieurs fois par mois des ateliers cuisine, avec les familles accompagnées pour partager des recettes du monde, avec les enfants Copain du Monde pour fêter les anniversaires d’enfants, pour travailler les produits de la ramasse… De nombreux projets sont programmés, dont le prochain le 16 mai avec des familles. « Nous avons beaucoup d’ambition pour ce projet, nous aimerions que cela permette aux familles de se retrouver et de partager des moments festifs. Avec Noëlle, Dominique, Valérie, Magalie, Évelyne, Sylvaine et Violette, les bénévoles qui animeront les ateliers, nous essaierons de créer le plus d’activités possibles, d’ailleurs nous verrons bien comment le projet évolue et nous saurons nous adapter si besoin », précise Mickaël, coordinateur à la fédération.

En attendant que tous se mettent à table, un apéritif est proposé mettant en avant les produits bourguignons, crème de cassis, jambons persillés et gougères au fromage. L’occasion pour le Secours populaire de remercier les financeurs du projet, notamment Pascal Derville, le président de Jours de solidarité, un collectif de 6 entreprises dijonnaises. Grâce aux 12 000 euros obtenus, la cuisine a pu être entièrement équipée et aménagée.
« Nous avons le sentiment d’être utiles »
Pour Medhi et Sookalina, apprentis cuisiniers, participer à cette opération est un vrai plaisir. « Nous avons le sentiment d’être utiles aux autres, et que notre savoir-faire est mis au service de personnes engagées et solidaires. Nous avons déjà fait une action du même genre cet hiver en faisant 100 repas chauds pour des sans-abri de la ville. » Sur chaque table, les invités peuvent découvrir le menu qu’ils vont déguster, potage Saint-Germain, saucisson en brioche, ravioles d’escargots, crevettes grillées à l’antillaise, brochettes de volaille façon Gaston Gérard, magret de canard au cassis, fondant au chocolat, brochettes de fruits, crêpes et mignardises. Véronique et Paulette sont un peu effrayées par la quantité de plats, mais Bastien, élève de cuisine installé à leur table, les rassure : « Il y a beaucoup de plats mais les assiettes ne sont pas très remplies. » Car une des règles de ce repas c’est aussi l’échange et le partage, ainsi à chaque table, viennent s’asseoir des bénévoles et un futur chef.

Bien plus qu’un repas de fête, ce premier rendez-vous des 80 ans fut aussi un temps où les bénévoles engagés depuis de longues années au côté du Secours populaire ont pu se retrouver et se rappeler les bons moments passés ensemble. Maurice, aujourd’hui âgé de 86 ans, est heureux d’être là et de retrouver les copains du Secours comme il le dit lui-même « Au Secours populaire, on forme une famille. Je suis venu plusieurs années. Je m’occupais de la logistique et allais chercher les dons avec le camion. Maintenant je suis un peu plus fatigué, donc j’ai laissé ma place à de plus jeunes bénévoles, Je viens quand même quelques fois pour déposer des dons et parler avec les amis. » Édith aussi ne vient plus depuis le Covid, mais garde le contact avec certains bénévoles avec qui elle fait quelques sorties. Françoise, ancienne assistante sociale et actuellement accueillante, apprécie d’être là aujourd’hui. « Des moments festifs tous ensemble nous n’en partageons pas tant que ça, notre mission de bénévole est très prenante. La solidarité demande du temps. Mais j’aime beaucoup ce que je fais », précise-t-elle.
« Je suis tombé dedans quand j’étais petit »
Comme elle, Jean-Pierre, le doyen des bénévoles, constate que le nombre de gens à aider ne cesse d’augmenter alors que les moyens ne suivent pas toujours. Fort d’une expérience de cinquante ans de bénévolat, il ne pouvait pas ne pas être présent à ce repas. Avec un père bénévole au SPF, il dit non sans un petit sourire : « Je suis tombé dedans étant petit. » Devenu bénévole en 1975, il était en activité et avait 30 ans. Aide-soignant la nuit et bénévole le jour, il a vu l’association évoluer et grandir. Il se souvient sans trop de nostalgie des courriers faits à la main, des congrès de Tarbes et de Toulouse, des premières Journées des Oubliés des Vacances, des lotos qui rassemblaient 600 personnes, des semaines de congé posées pour participer aux Kermesses solidaires à Montreuil une fois par an… À la veille de ses 80 ans, il est toujours bénévole et vient deux jours par semaine pour s’occuper du tri des dons de produits non alimentaires. Avec trois amis bénévoles, Claude, Michel et Véronique, ils forment une belle équipe et apprécient de remplir cette mission. « Nous trions par catégorie tous les produits que les entreprises nous donnent. Ensuite il y a une distribution aux comités. Ce travail est important, et je ne me vois pas ne plus venir au Secours populaire. Pour le moment je suis en forme, donc tout va bien. C’est peut-être d’ailleurs cet engagement qui maintient en bonne santé », dit-il.
On se retrouvera pour les 90 ans de l’association…
Lui qui a vu le Secours populaire évoluer au fil des ans reconnaît que si la misère ne cesse d’augmenter, les conditions d’accueil des personnes en difficulté sont bien meilleures, et que les nouveaux locaux de la fédération sont un vrai plus pour accompagner la démarche de dignité dont parlent si souvent l’association et ses dirigeants. En fin de journée, alors que les uns et les autres se disent au revoir, certains prennent rendez-vous pour les 90 ans de l’association. Avec humour Maurice préfère dire qu’il est plus raisonnable de se dire à dans 5 ans, pour les 85 ans. Quoi qu’il en soit, tous ont été touchés d’être invité à cette fête en leur honneur et se disent qu’il ne faudra pas attendre pour se retrouver