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Par temps de crise, les commerçants du Vexin ont du cœur

Mis à jour le par Olivier Vilain
Pedro participe à la campagne des Pères Noël verts en collectant dans sa boulangerie. Artisan au grand coeur, il fournira aussi des galettes solidaires pour soutenir les actions du Secours populaire.

Dans le Vexin, à proximité de Paris, Agnès, bénévole, et Céline, secrétaire générale du comité de Meulan, font le tour des commerçants pour organiser une collecte durant tout le mois de décembre au profit des Pères Noël verts. Elles sont bien accueillies par Pedro, le boulanger au grand coeur, et Diana, la fleuriste au grand sourire.

« Venez, je vous ouvre l’entrée des artistes. » Cheveux poivre et sel, une boucle d’oreille de marin à l’oreille gauche, Pedro ouvre avec un grand sourire la porte arrière de sa boulangerie à Agnès, bénévole du Secours populaire, et Céline, secrétaire générale du comité de Meulan, dans le nord des Yvelines. Elles passent la porte, une tirelire à la main : « Pourrais-tu la poser sur ton comptoir ? L’argent collecté nous servira à acheter des jouets neufs pour que les enfants puissent avoir des cadeaux le soir du réveillon. » Les bénévoles aimeraient aussi placarder une affiche annonçant l’opération à la clientèle de Pedro et Catherine. Le boulanger la prend en main et y lit : « Soutenez les Pères Noël verts en mettant une pièce dans la tirelire ! » Il répond aux deux questions par l’affirmative, puis les invite à passer du laboratoire où il travaille ses pâtisseries – « attention à la marche ! » –, au fournil car la cuisson de la dernière fournée de baguettes et de traditions n’attend pas. La chaleur du four diffuse une odeur de pain très appétissante.

Une présence, des contacts

Deux fois par an, les bénévoles déposent des tirelires chez une trentaine de commerçants de Meulan et alentours. « Pour Noël, on commence la tournée dès octobre, en privilégiant les magasins où les gens utilisent de la petite monnaie », explique Céline.  Cela permet de collecter au total près de 1400 euros dans de toutes petites villes. « Ce n’est pas tant la somme qui nous importe que la visibilité. Les tirelires rappellent aussi aux habitants que nous sommes présents. » Et cela favorise les liens entre le comité et les commerçants. C’est de cette manière que Pedro et Catherine, qui tient la caisse, ont décidé de participer aux « galettes solidaires », une opération qui permet de collecter 500 euros. L’année dernière, ils n’ont pas pu y participer. « Cette année aussi, c’est très compliqué, mais avec ma femme nous nous sommes dit que c’était compliqué pour tout le monde et que c’est le moment où jamais d’être solidaire. » Installé depuis longtemps à Juziers, une petite bourgade du Vexin, à 50 km de Paris, le couple de boulangers n’avait jamais vu les gens se restreindre comme ça : peu de gâteaux, moins de viennoiseries et des demi-baguettes plutôt que des entières. Difficile quand « le prix du fioul et des matières premières ont doublé en un an »…

Diana a ouvert les portes d’« Aux fleurs de vie » il y a six mois. La fleuriste participe déjà, avec un grand sourire, à sa première campagne des Pères Noël verts.

Diana a ouvert les portes d’« Aux fleurs de vie » il y a six mois. La fleuriste participe déjà, avec un grand sourire, à sa première campagne des Pères Noël verts.


Il est hors de question de ne pas être solidaire pour le couple qui se souvient, qu’au début des années 1990, après un licenciement, il ne pouvait compter que sur les revenus de Pedro : « Pendant des années, nos trois enfants sont partis en vacances grâce au Secours populaire. Et ils revenaient heureux, ça ne s’oublie pas », raconte le boulanger pudique. Céline et Agnès sortent en passant par le magasin, dévorant des yeux l’étal de croissants aux amandes, de Kouign amann, de délices aux marrons. « Toute mon enfance », souffle Agnès, les yeux brillants.

Diana se joint au mouvement

Les deux bénévoles continuent leur tournée. Retour au centre-ville de Meuran. Elles poussent la porte d’« Aux fleurs de vie », une boutique qui a ouvert il y a six mois. Terminant un bouquet, Diana les reçoit au milieu de bobines de raphia, avec à ses pieds cyclamens blancs, rose et fuchsia. « Mais, bien sûr, posez donc la tirelire à côté de la caisse. C’est normal de vous aider quand on sait tout ce que vous faîtes pour les gens. » Avec des commerçants qui ont le cœur sur la main, les enfants auront un beau Noël.

Mettant du coeur à l'ouvrage, Pedro constate que les gens ont restreint leur consommation de pains, de viennoiseries ou de desserts : "L'inflation frappe très fort cette année."

Mettant du coeur à l’ouvrage, Pedro constate que les gens ont restreint leur consommation de pains, de viennoiseries ou de desserts : « L’inflation frappe très fort cette année. »

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