Montagnes Solidaires : Ismaël Khelifa s’engage auprès des enfants

Mis à jour le par Olivier Vilain
A l'issue des 1000 km de défi sportif et solidaire, Ismaël Khelifa est accueillis par des élèves d'Annecy ©P-E. Medina / For My Planet

À travers un parcours sportif de 1 000 km entre Marseille et Annecy, Ismaël Khelifa, l’un des animateurs de l’émission “Échappées belles” sur France 5, a invité 2 000 enfants à prendre conscience des inégalités. Tout au long de ces “Montagnes Solidaires”, les petits ont collecté des vêtements et des produits d’hygiène pour aider d’autres enfants confrontés à la précarité. Ils vont poursuivre sur leur élan.

Dans l’un des quartiers les plus aisés d’Annecy, un sapin “de la solidarité” a été planté au milieu de la cour de l’école de Colovry. Au pied du conifère, décoré pour l’occasion, ont été disposés par les élèves des tas de paquets de lessive, des savons, des bouteilles de shampoing, des vêtements, des chaussures, quelques livres et même une paire de rollers.

Peu après être arrivés le matin, les enfants se sont réunis dans la cour avec leurs professeurs. Et c’est sous leurs applaudissements qu’Ismaël Khelifa, svelte, barbe soigneusement taillée, a franchi les grilles de l’établissement. Connu du grand public pour être l’un des animateurs de l’émission “Échappées belles” sur France 5, il s’arrête devant les produits collectés et s’adresse aux enfants pour les féliciter : « Contrairement à vous ici, beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école en ayant mangé, beaucoup ne partent jamais en vacances. Et vous, vous avez tendu la main, vous avez partagé. »

Plus de 1000 km de Marseille à Annecy

L’animateur vient les rencontrer à l’issue d’un défi sportif et solidaire qu’il a lancé il y a douze mois, appelé “Montagnes solidaires”. Celui-ci a consisté à relier Marseille à Annecy, en marchant, à vélo et en traversant à la nage différents lacs des Alpes. Tout au long du périple de 1 000 km, du 18 septembre au 16 octobre, il a fait étape dans six comités du Secours populaire pour organiser à chaque fois des collectes matérielles. « On entend souvent mal parler de la pauvreté. Elle est souvent volontairement qualifiée d’assistanat, alors que les gens qui remplissent les statistiques de la pauvreté n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois bien qu’ils n’arrêtent pas de travailler », relève-t-il.

Il s’est jeté à l’eau, au large de Marseille, 29 jours avant, pour rejoindre le continent. Puis, l’animateur au grand coeur a enchaîné les étapes, totalisant 846 km à vélo, 110 km de randonnée et 44 km à la nage de la Méditerranée aux lacs alpins, dont 16 km, la veille aux abords d’Annecy. « Certains d’entre vous étaient présents, hier, à mon arrivée. C’était très dur de passer plus de huit heures dans l’eau, avec le vent de face qui formait des vagues. Mais, je vous entendais de très loin, ça m’a beaucoup aidé à tenir pour les derniers kilomètres », remercie l’animateur, tout sourire, en s’adressant aux enfants, joyeux.

A l’étape de Digne-les-Bains, Ismaël Khelifa a fait une partie du parcours avec des enfants qui se sont engagés dans l’opération Montagnes solidaires ©T. Imbert / SPF

Ismaël Khelifa s’est servi du défi sportif comme d’un support pour une grande opération de solidarité. Il a, par ce biais, mobilisé 2 000 enfants, avec l’aide des membres de l’association dont il est le cofondateur, For My Planet, et des bénévoles du Secours populaire. « Tout au long de mon parcours, j’ai remarqué que de faire un “effort” pour venir jusqu’à vous aidait à capter votre attention et vous encourageait à vous mobiliser », a-t-il lancé avec sa veste de survêtement sur laquelle est inscrit “Montagnes solidaires” : « Vous vous êtes impliqués. Vous avez collecté. Vous avez échangé sur la pauvreté et la solidarité. »

Tout sourire, Marie-José Panevière, secrétaire générale du Secours populaire en Haute-Savoie, juge que « l’opération apporte une visibilité à l’importance de l’accès au sport et à la culture ». En effet, avoir des loisirs, partir en vacances, découvrir de nouveaux horizons, se faire de nouveaux amis sont des aspects de la vie aussi « importants que d’avoir de quoi manger tous les jours ».

En France, 1 enfant sur 5 vit dans la pauvreté

Le contact passe très bien avec les enfants. « J’ai apporté des chaussures et des brosses à dents. Ils sont là », confie Côme, en tendant l’index vers le sapin au milieu de la cour. Regard vif et cheveux blonds, presque blancs, il est très content de dire qu’il était déjà présent sur les rives du lac, hier. Non loin de lui, la petite Keylah, qui a 9 ans, comme Côme, a déposé « du shampoing et du savon parce que c’est assez cher ». Peau sombre, cheveux foncés, elle écoute très attentivement Ismaël Khelifa évoquer l’ampleur des inégalités : « En France, 1 enfant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté. Un chiffre vertigineux, souvent invisible, qui appelle à une mobilisation générale. » « En s’occupant des jeunes le plus tôt possible, on prend les choses à la racine », approuve Marie-José Panevière.

L’animateur des “Échappées belles” passe ensuite dans le préau couvert, où se succèdent les différentes classes de primaires : « Le message que je souhaite faire passer est qu’ils doivent avoir confiance en eux, que tout est possible. » Là, pendant plus d’une heure, les enfants posent toutes les questions qui leur passent par la tête : « Est-ce que vous avez eu envie d’abandonner ? » « Quel est le rapport entre le sport et la solidarité ? » « Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer ce défi et d’organiser ces collectes ? »

A l’école primaire de Colovry, l’animateur d’Echappées belles sur France 5 a répondu aux questions des enfants ©P. Lê SPF

Les mêmes questions ont également été posées l’après-midi, au collège Raoul-Blanchard, situé en plein centre-ville. Une cinquantaine d’enfants sont réunis, dont une douzaine venus d’Alby-sur-Chéran, commune située à 15 km de là. Pour la plupart, ce sont des filles. Elles sont très investies dans For My Planet. « On a écrit et joué une pièce de théâtre pour contrer les arguments climatosceptiques », soulignent Pascal et Léna, qui sont en 3e.

Ismaël Khelifa a donné le sens qu’il voyait dans le trajet «commencé à Marseille, une ville dont certains arrondissements font partie des zones urbaines les plus pauvres de France, et terminé à Annecy, lune des villes les plus riches». En effet, cette dernière bénéficie de la manne des sports d’hiver et du niveau des salaires en Suisse pour les nombreux travailleurs transfrontaliers.

Un élan a été donné aux 2000 enfants

Il est revenu sur ce qui a déclenché son envie d’agir aux côtés des bénévoles du SPF. « Tout est arrivé lors d’une rencontre, à Marseille, avec une gamine que j’ai vu partager son sandwich avec son frère. Elle m’a avoué que c’était leur seul repas de midi, commence-t-il. J’ai pris une énorme claque en constatant que dans mon pays, la France, des gosses vivaient dans une immense misère. » Il a ensuite créé son association et de fil en aiguille s’est orienté vers les “Montagnes solidaires”.

« C’est un sport de combat la solidarité, ça ne s’arrête jamais », ajoute l’animateur au grand cœur qui promet d’organiser « d’autres défis car ce sont des vecteurs formidables pour entrer en contact avec les jeunes ». L’élan a été donné aux 2 000 enfants qui se sont mobilisés sur le parcours. Les membres de For My Planet et les bénévoles du Secours populaire leur ont donné rendez-vous pour continuer sur cette belle lancée.