Parole d’expert

Tomáš Bocek est le représentant spécial du secrétaire général du Conseil de l’Europe sur les migrations et les réfugiés.

Perdus dans le labyrinthe européen

« L’Europe compte plus de 170 000 mineurs étrangers non accompagnés, arrivés pour la plupart par l’Italie », indique Tomáš Bocek, représentant spécial du secrétaire général du Conseil de l’Europe sur les migrations et les réfugiés. En 2015 et 2016, 2,4 millions de migrants et de demandeurs d’asile sont arrivés sur le continent. Un record, poursuit Tomáš Bocek : « Personne ne s’attendait à un tel mouvement migratoire. » Celui-ci ne bouleversera pas la région la plus riche du monde, mais constitue « une crise avérée pour les droits de l’enfant ».

Perdus dans le labyrinthe européen

Il est, par exemple, très difficile de dire ce qui est arrivé aux 10 000 portés disparus par Europol, en 2015, mais il est évident que ces jeunes sont vulnérables aux dangers comme l’exploitation ou la traite. L’attitude des autorités est loin d’être à la hauteur : mise en centre de rétention, services d’aide qui crient famine… L’arrivée des enfants et des adolescents par les réseaux criminels braque certains élus. Une grave confusion pour le représentant spécial du Conseil de l’Europe :

Les Européens ont restreint l’accès à leurs territoires et aux procédures d’asile. Ce fut drastique mais les jeunes sont poussés par la nécessité. La fermeture des voies légales les flèche vers les passeurs, renforçant un réseau qui brasse 5 milliards d’euros par an.

Parfois, les États se rejettent la responsabilité de la prise en charge de ces mineurs laissés sans abri, sans nourriture, sans soins et sans soutien psycho-social. Les désaccords entre Paris et Londres les ont dans certains cas soumis « à des conditions de vie inhumaines », a dénoncé le Comité des Nations unies de suivi de la Convention internationale des droits de l’enfant. Un texte que tous les pays européens s’enorgueillissent d’avoir ratifié.