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Maroc, mise à l’abri des sinistrés

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin
Le 12 septembre 2023, une mission du SPF s'est rendue au Maroc auprès des sinistrés de la région de Taroudant. ©SPF

Trois jours après le terrible séisme qui a frappé le Maroc, une mission du Secours populaire s’est rendue sur place. Accompagnée de ses partenaires locaux, elle est allée à la rencontre des sinistrés de la région de Taroudant. Une évaluation des besoins qui va permettre d’apporter une aide rapide et concrète aux populations. Rencontre avec Houria Tareb, secrétaire nationale et membre de l’équipe du Secours populaire.

Vous venez d’arriver au Maroc dans la région de Taroudant. Quelle est la situation aujourd’hui [mardi 12 septembre à 22h] ?

Le pays est dévasté, des villages entiers ont été rayés de la carte. Depuis notre arrivée, nous ne voyons que des ruines et des maisons écroulées. Les sinistrés semblent encore en état de choc. Tous ont été impactés, aussi bien d’un point de vue matériel que personnel. De nombreuses familles ont perdu un ou plusieurs membres de leur famille. Toutes les personnes que nous rencontrons sont touchées et veulent en parler. Les chances de retrouver des survivants sont très faibles aujourd’hui et cela malgré le travail incessant des secouristes et des habitants eux-mêmes. Alors que des enfants courent et jouent avec insouciance, d’autres ont le regard vide et sont en état de sidération.

Comment s’organise la solidarité sur place ? Quels sont les besoins identifiés par le SPF ?

Nous assistons à un élan de solidarité national très impressionnant. De tout le pays, des marocains arrivent avec des voitures, des camionnettes et des camions chargés de nourriture, de vêtements. L’état marocain et la sécurité civile sont eux aussi très mobilisés, notamment pour coordonner cette solidarité spontanée. L’action du Secours populaire va donc s’inscrire en soutien à la solidarité nationale marocaine. Nous allons être attentifs aux villages isolés, où l’aide est plus difficile à acheminer. Nous allons nous orienter sur un accompagnement matériel destiné à mettre les sinistrés à l’abri. Ils sont des milliers à vivre dehors sans rien alors que les nuits commencent à être froides. Beaucoup n’ont plus de maison et celles très endommagées ne seront plus habitables. C’est pourquoi, dès demain, nous allons constituer deux groupes : l’un se chargera d’identifier des zones ayant besoin d’aide tandis qu’un second va se charger d’acheter des tentes collectives et du matériel pour les équiper et en améliorer le confort (des lampes solaires, des réchauds, des ustensiles de cuisine, des sacs de couchage, des batteries, des planchers aussi). Nous allons aussi acheter du petit matériel de déblaiement, comme des pelles : les personnes sinistrées veulent à tout prix rester chez elles et fouillent les décombres à la recherche d’effets personnels à sauver. Enfin, nous achèteront des jouets. Acheter sur place, c’est être au plus près des usages et faire vivre l’économie locale. Nous avons aussi bien vu que le choc avait été tel qu’un accompagnement psychologique va être nécessaire, notamment pour les enfants. Certains sont à présent orphelins. Il y a les blessures physiques mais aussi toutes celles liées au traumatisme, qui ne sont pas visibles. L’aide matérielle est vitale mais il nous faut aussi alléger les peines et les souffrances. Nous avons contacté des psychologues de différents hôpitaux de Marrakech pour mettre en place des équipes de soutien dans des zones reculées et fortement touchées par le séisme.

Vous allez rester encore quelques jours. Quelles sont les actions que vous allez mettre en place dans les prochains jours ?

Notre mission est de permettre à nos deux associations partenaires sur place de poursuivre nos actions une fois que nous serons rentrés en France. Nous voulons également trouver une zone de stockage pour entreposer les tentes, les couvertures, les lampes et les réchauds que nous allons laisser sur place. Nous pensons aussi leur fournir des véhicules qui leur permettront d’acheminer tout ce matériel dans les villages. Ainsi, les bénévoles de nos partenaires pourront poursuivre les distributions auprès des familles sans-abri. Nous envisageons aussi de les accompagner dans la création d’un antenne mobile ; pour cela, nous allons mettre à leur disposition un véhicule pour qu’ils puissent transporter les psychologues volontaires et les conduire dans les villages où nous interviendrons. Notre propre expérience des antennes mobiles nous inspire pour mettre en place ce type d’action. Nous allons repartir d’ici quelques jours mais la solidarité avec les victimes va continuer. Et si de nouveaux besoins venaient à être identifiés, nous y répondrons bien évidemment. Nous allons accompagner les villageois dans leur retour à la vie et à leurs activités. Des contacts permanents avec nos partenaires sont programmés.

 

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