Portrait

Promouvoir une culture et des valeurs de paix, c’est l’ambition de ce médecin engagé.

On ne choisit pas toujours ses combats. Ils s’imposent parfois. Médecin et bénévole, Alphonse Karagirwa est un homme engagé de longue date, qui apporte sa contribution à la reconstruction du lien social au Rwanda, après la tragédie du génocide, en 1994. « Solidarité rwandaise, financée par le SPF, a pour but de promouvoir une culture de paix notamment par la transmission des valeurs de citoyenneté », souligne-t-il. Alphonse Karagirwa, qui dirige le Bio Medical Center, un prestigieux laboratoire qu’il a fondé à Kigali, est investi, depuis 2002, dans les activités de l’association. Dans les années 1970, alors que le pouvoir en place au Rwanda pourchasse et tue les Tutsi, Alphonse, étudiant en médecine, quitte son pays natal pour le Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo). Il rejoint finalement la France pour faire l’internat de médecine. Il y mène de brillantes études, puis une belle carrière et construit un foyer. Quand la tragédie anéantit en quelques semaines près d’un million de victimes, l’homme perd les siens, « mon père et ma mère sont morts dans le génocide. Je considère que nous devons perpétuer la mémoire de leur existence, c’est un acte essentiel pour la reconstruction de la société. » En 1997, le médecin décide de revenir au Rwanda. « Je me sentais le devoir de porter secours à mes compatriotes, d’être utile à mon pays qui sortait d’un cataclysme. Même si le Front patriotique rwandais (FPR) avait structuré au mieux les différents secteurs, le pays était dévasté. Solidarité rwandaise a été l’une des premières associations à avoir participé véritablement à cette reconstruction du Rwanda. Le Secours populaire français a permis la réalisation de projets qui ont non seulement contribué à l’amélioration des conditions de vie, mais aussi au rapprochement des individus. Les femmes, qui cultivaient déjà la terre avant la création de Solidarité rwandaise, ont été associées au projet d’un atelier de couture, où elles ont pu se former. » Comme le note Alphonse Karagirwa, « promouvoir le travail des femmes, dans un pays où des filles de 15 ans peuvent être mères, est un atout majeur du développement ». L’inauguration, en 2005, de Solidarité rwandaise, en présence notamment du président du SPF, Julien Lauprêtre, a été vécue comme un temps fort pour la région, « les actions de solidarité internationale menées par le Secours populaire font vivre les valeurs universelles qui favorisent le tissage des liens fraternels entre les peuples et le respect de la dignité humaine. Nous voulons que les jeunes soient des acteurs de la solidarité à travers des actions concrètes. En 2005, j’ai accompagné en France des petits Rwandais pour le 60e anniversaire du Secours populaire. Cette expérience a été porteuse tant pour les enfants que pour les parents. Créer un club Copains du monde, qui donnera toute sa place à l’éducation populaire, sera sûrement notre prochain chantier, pour que les enfants du Rwanda, héritiers du génocide, aient conscience de leur rôle de citoyen dans la construction d’un avenir commun et plus apaisé.