Copain du Monde
Les ‘‘Copain du Monde’’ : une visite à l’ONU qui « fait grandir »

Une délégation d’enfants ‘‘Copain du Monde’’ s’est rendue à Genève pour visiter notamment le Palais des Nations et ainsi mieux comprendre les institutions internationales chargées, au sein de l’ONU, de régler les conflits, de faire respecter le droit humanitaire et d’assurer un « développement durable » favorable à l'humanité. La rédaction publie ce reportage ce 20 novembre, Journée internationale des droits de l'enfant.
« J’ai connu l’ONU par les ODD, les objectifs de développement durable », précise Lellya, 14 ans, membre d’un groupe de 24 enfants« Copain du Monde », qui a visité Genève du 29 octobre au 1er novembre. « Les ODD concernent la nature, la santé, la paix, les droits de l’Homme et l’égalité. J’aimerais juste que l’on ait partout tous les ODD, pas très connus mais créés par l’ONU », explique Lellya d’Ajaccio, dont l’enthousiasme le dispute à l’érudition.
« J’ai connu l’ONU par les ODD, les objectifs de développement durable. »
Lellya, 14 ans
Âgés de 8 à 18 ans, ces«Copain du Monde » de Corse, des Bouches-du-Rhône, du Calvados, de Gironde et d’Indre-et-Loire ont visité lors de leur deuxième journée à Genève la vieille ville : un parcours guidé mêlant architecture, histoire et « fun facts » sur le lac Léman qu’ils ont exploré au cours d’une traversée en bateau. Sur le quai Wilson, ils ont découvert une exposition sur les cent ans des droits de l’enfant consacrés, pour la première fois dans un traité international, par la Déclaration de Genève approuvée en 1924 par la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU.
Jeudi 31 octobre peu avant 10 h, ils se retrouvent devant le musée de la Croix-Rouge. Cahiers et crayons en main, ils attendent, dans une impatience joyeuse semblable à celle d’un groupe d’enfants aux portes d’un parc d’attractions, l’ouverture du musée qui retrace l’histoire de ce mouvement présent dans 191 pays.
Musée, Palais des nations et lac Léman
Pendant la visite guidée d’environ une heure, Mathias, appareil-photo en bandoulière, prend des clichés et capture des séquences vidéo. « Je prépare un montage pour expliquer notre séjour », précise ce Copain du Monde de Marseille âgé de 14 ans. Quand ils ne prennent pas de notes, les enfants enregistrent avec un micro, digne d’un tournage de cinéma, qu’ils se transmettent à tour de rôle.

Incollables sur le symbole du mouvement (une croix rouge : le drapeau suisse inversé), ils sont bien renseignés sur ses missions : « Une aide humanitaire qui se développe dans le monde entier en temps de guerre pour sauver des blessés et les victimes collatérales. » Christine, guide bénévole qui mène la visite, est impressionnée : « Vous avez tous une sacrée bonne culture ! »
Baignés dans une pénombre intimiste, les espaces interactifs du musée présentent les actions de la Croix-Rouge et dévoilent, avec pudeur, la réalité des conflits et des catastrophes naturelles incarnés dans une des premières salles par la sculpture d’un pied massif qui traverse le plafond. Symbole de leur puissance destructrice, il s’écrase au sol au milieu d’un cercle lumineux dans lequel sont projetées des photos de victimes.
Une soif de justice
Avides d’informations, les enfants manifestent une soif de comprendre et de justice, notamment quand la guide évoque « la faute morale » du Comité international de la Croix-Rouge face à l’holocauste. « Dans son livre, Simone Veil dit que la Croix-Rouge n’a pas assez fait pour les personnes des camps de concentration. Pour elle, c’est après leur libération qu’elle a commencé à les sauver, mais elle n’a pas directement mené d’actions », intervient Ryan, Copain du Monde de Marseille.
Avant de quitter le musée, ils ont pu noter leurs impressions sur un tableau, qui déborde de post-it. « S’engager, c’est œuvrer pour la solidarité. Tous pour un monde meilleur », a écrit Rifae, 15 ans, qui ponctue ses phrases par un cœur. Copain du Monde de Marseille depuis quatre ans, elle a trouvé la guide « super » : « Elle sait très bien raconter : c’est beau de voir des gens qui viennent nous parler pour leur plaisir. C’était accrochant du début à la fin, vraiment trop bien : je n’ai jamais pris autant de notes ! »
« J’ai bien aimé aussi quand on devait passer entre des chaînes qui symbolisaient les liens familiaux. »
Camille, 11 ans, venue de Gironde
« Copain du Monde » d’Indre-et-Loire, Alice, 8 ans, la cadette du groupe, a aussi apprécié la visite, surtout « les objets réalisés par les prisonniers : le tableau très bien fait, des poupées et les jouets en bois » qu’ils ont offert à la Croix-Rouge. « Il y avait plein de bonnes choses dans le musée, des jeux à faire et j’ai vu des trucs hyper intéressants : les liens qu’ils recréaient pour réunir les familles lors de conflits et les sculptures des prisonniers. J’ai bien aimé aussi quand on devait passer entre des chaînes qui symbolisaient les liens familiaux », ajoute d’un débit rapide et passionné Camille, 11 ans. « Copain du Monde » de Gironde depuis deux ans, elle a été touchée par les actions menées auprès des enfants-soldats « qui ont fait la guerre » : « Ils doivent être rééduqués en quelque sorte et retrouver un endroit sécurisé. »

Sans temps mort, les enfants enchaînent avec la visite programmée à 14 h 30 du Palais des Nations, qui se trouve en face du musée. Divisés en deux groupes, ils commencent par découvrir la salle XIX située dans le bâtiment E, l’une des 34 salles de conférences du site, qui est, avec Vienne, le siège de l’ONU en Europe. Maria, guide mexicaine francophone, leur explique le rôle des Nations unies et le déroulement d’une conférence avec ses interprètes qui traduisent en direct les débats depuis des cabines vitrées situées en hauteur de l’auditorium.
Avec ses 4 000 m2 et sa grande voûte en bois en forme de dune inversée, cette salle récemment rénovée impressionne les enfants qui s’installent derrière les écrans dans les sièges occupés habituellement par les délégués des 193 États membres de l’ONU. « Trop stylé », glisse Neïma, 9 ans, « Copain du Monde » de Gironde « depuis un an et demi ». Tellement captivée par ce qu’elle vient de découvrir, elle néglige la vue panoramique sur le lac Léman que l’on aperçoit en sortant.
Une idée claire des missions de l’ONU
Tels de réels observateurs de l’ONU, les enfants assistent ensuite à une conférence qui se tient en salle XX, célèbre pour son dôme hérissé de centaines de pointes colorées représentant un fond marin créé par l’artiste espagnol Miquel Barceló. Ils peuvent même écouter les débats traduits dans les six langues officielles de l’ONU – anglais, français, espagnol, russe, chinois et arabe.
Dès la fin de la visite, Neïma écrit « [s]a première carte postale de toute [s]a vie » qu’elle va envoyer à sa mère. « Cette visite m’a beaucoup intéressé. C’était drôle : j’ai adoré les devinettes et j’ai mes réponses à moi-même [aux questions, « une page entière », qu’elle avait préparées]. Cela m’a fait une plus grande intelligence et beaucoup grandir. J’ai bien aimé : cela m’a réjouie. » Un enthousiasme partagé par les autres « Copain du Monde », dont ceux du Calvados comme Benjamin et Marïa, qui a « adoré ». « C’était très bien expliqué, souligne Mégane, 16 ans, de Gironde. On est ressortis avec une idée de ce qu’est l’ONU. »
« L’ONU a été créée en 1945 pour arrêter les guerres mondiales. (…) On doit arrêter de faire des guerres. »
Neïma, après la visite
De retour à l’hôtel, tout le monde se maquille et se déguise pour fêter Halloween. Repensant à sa visite, Neïma veut partager ses dernières impressions : « L’ONU a été créée en 1945 pour arrêter les guerres mondiales. Je suis vraiment d’accord avec l’ONU, celui de New York et celui de Genève : j’ai le même ressenti qu’eux. On doit arrêter de faire des guerres, car cela nous abîme plus que d’autres. Nous sommes des enfants qui n’ont rien fait : je suis une enfant et je n’ai pas encore eu mon éducation ! »