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Le SPF aux côtés des jeunes en grande souffrance

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin
Une fois par semaine le SPF est présent sur le campus de l'université Paris 8 pour distribuer de la nourriture aux étudiants.

Déjà fortement touchés par la précarité, les 18 - 25 ans sont frappés de plein fouet par la crise sanitaire. Etudiants, apprentis, saisonniers, jeunes travailleurs… ils sont nombreux à ne plus faire face. Christian Lampin, secrétaire national du SPF, chargé des questions de la jeunesse, revient sur leurs difficultés, l’aide qui leur est apportée mais aussi sur la solidarité dont ils sont les acteurs. Interview.  

Aujourd’hui beaucoup de reportages nous montrent les difficultés vécues par les étudiants de notre pays. Qu’en pensez-vous ?

C. Lampin : Il est vrai qu’actuellement, être jeune n’est pas chose facile, mais ce que nous constatons c’est que cette situation n’est pas nouvelle. Depuis longtemps le Secours populaire pointe du doigt cette réalité. Il y a bientôt une dizaine d’année que des antennes étudiantes mises en place par le SPF existent dans certains départements. Cette crise sanitaire n’a fait qu’amplifier des difficultés déjà existantes. Beaucoup de jeunes, qu’ils soient étudiants, apprentis ou jeunes travailleurs, connaissent le manque d’argent, les fins de mois difficiles et les galères de logement. Nous sommes à leurs côtés depuis toujours. Au sein de nos permanences, nous sommes à leur écoute et répondons du mieux que nous pouvons à leurs besoins.

Concrètement, quelles sont vos actions pour leur venir en aide ?

C. Lampin : Comme pour toutes les personnes auxquelles nous apportons notre soutien, celui-ci est en premier lieu alimentaire. Nous le disons souvent mais c’est vrai, l’aide alimentaire est une porte d’entrée à une solidarité plus large. Les fermetures d’universités ont été suivies de celles des restaurants universitaires, laissant ainsi des milliers d’étudiants sans rien pour se nourrir. Dans le même temps, les petits boulots qui leur offraient des revenus supplémentaires ont disparu. Immédiatement, des distributions alimentaires leur ont été proposées. Durant cette période et encore aujourd’hui, beaucoup expliquent ne faire qu‘un repas par jour. Pour les saisonniers, nos structures ont également relayé des aides alimentaires, tout comme pour les jeunes travailleurs pour qui les revenus ont parfois chuté de 30 % selon les études.

Quand vous parlez de porte d’entrée à d’autres actions, de quoi s’agit-il précisément ?

C. Lampin : Et bien c’est assez simple. Quand un étudiant frappe à notre porte pour recevoir une aide alimentaire, nous prenons le temps de discuter avec lui.  C’est comme ça que nous apprenons qu’il ne dispose pas d’ordinateur pour suivre les cours à distance ou qu’il ne sait pas s’il pourra garder son logement étudiant, faute de revenus. Toutes ces questions, nous tentons d’y répondre. Nous avons déjà pu offrir des centaines d’ordinateurs, y compris du matériel informatique adapté à des étudiants malvoyants. Et puis, depuis peu, nous travaillons aussi à les soutenir moralement. Cette crise qui dure ne leur permet pas d’entrevoir l’avenir sereinement ; examens reportés, stages annulés, alternance compromise… autant d’éléments qui entraînent une angoisse réelle. A Lyon, il y a trois mois, deux étudiants se sont suicidés. C’est d’ailleurs dans cette ville qu’une antenne étudiante propose un atelier de relaxation une fois par semaine. Durant les vacances d’hiver, le SPF de l’Hérault a invité une quinzaine d’étudiants à partir une semaine à Agde. Un séjour collectif destiné à leur faire reprendre des forces, mais aussi à rompre leur isolement.

Malgré toutes leurs difficultés, on constate de la part des jeunes l’envie de s’engager et d’être solidaire. Est-ce aussi votre avis ?

C. Lampin : C’est vrai. Ce constat, nous l’avons à nouveau fait dès le début de la crise sanitaire. Des milliers de jeunes ont rejoint notre association. Et même si dans un premier temps c’était aussi pour s’occuper, nous voyons aujourd’hui que presque tous sont restés en contact. Ce phénomène est mis en lumière par notre Baromètre IPSOS de septembre 2020. En effet, 78 % des jeunes entre 18 et 25 ans disent vouloir s’engager pour aider les autres. Ce que nous voyons sur le terrain est une vraie dynamique de la jeunesse. Ces nouveaux bénévoles viennent avec leur expérience et apportent beaucoup à notre mouvement. Cela nous conduit parfois à repenser certaines de nos pratiques, mais à chaque fois en tenant compte de l’expérience des plus anciens. C’est ce que nous appelons la solidarité intergénérationnelle.

Votre Festival des Solidarités n’a pas pu se tenir comme prévu à cause de la crise sanitaire. Prévoyez-vous d’organiser d’autres rendez-vous prochainement ?

C. Lampin : En effet, nous devions rassembler plus de 300 jeunes dans l’Essonne en novembre dernier. Malheureusement cela n’a pas été possible. Néanmoins, nous ne perdons pas espoir et envisageons d’organiser notre prochain Secours pop Tour les 9 et 10 avril prochains dans le Grand Est, à Mulhouse. Ce rendez-vous aura pour thème la précarité étudiante. Avec une cinquantaine de jeunes du SPF, des échanges et des débats sont prévus. Au regard de la situation sanitaire, nous envisageons des rendez-vous en présentiel et à distance. Je crois que les jeunes attendent ce moment avec impatience. Cela fait plusieurs mois que nous n’avons pu nous réunir. D’autres dates et d’autres lieux sont également programmés d’ici le mois de novembre 2021 en attendant le congrès national, comme à Nice, Limoges ou encore à Versailles.

 

 

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