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Le Secours Pop Tour fait escale en Seine-Saint-Denis

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin
Les 26 et 27 octobre le Secours Pop Tour, les jeunes ont collecté pour l'accès à la culture.

Réunir des acteurs sociaux, des bénévoles, des salariés de toute la France pour échanger et trouver des solutions c'était l'esprit du « Secours Pop Tour » de Saint-Denis qui a eu lieu les 26 et 27 octobre. L'occasion de parler culture et solidarité, deux notions parfois éloignées tant leurs temporalités peuvent paraître différentes...

Paloma Paraire a 22 ans et une énergie débordante. Étudiante en gestion de crise liée aux catastrophes naturelles et humanitaires à l’École des Mines d’Alès (Gard), elle s’amuse quand on lui demande pourquoi elle est venue à l’Université Paris 8 Saint-Denis, à l’invitation du Secours Populaire pour débattre de « la culture via la solidarité », comme s’il y avait une évidence difficile à formuler. Elle marque un temps d’arrêt, elle n’a pas de réponse toute faite. Puis, elle se lance à la fois hésitante déterminée. « Les cultures, diverses et variées, permettent d’avoir une ouverture sur le monde et donnent les clés pour affronter la vie. Tout le monde n’a pas accès à la culture. Je trouve que la solidarité dans ce sens est essentielle pour permettre à tout le monde d’y avoir accès. C’est nécessaire dans le monde actuel de s’investir ». Durant deux jours, les 26 et 27 octobre, une cinquantaine de jeunes venus de toute la France, ont fait vivre le 4e « Secours Pop Tour », une occasion pour les jeunes bénévoles et salariés de partager leurs expériences et de trouver des réponses concrètes aux questions qu’ils se posent. Après un vendredi organisé autour de l’accueil des participants et de rencontres informelles, les jeunes se sont levés tôt pour rejoindre le hall du bâtiment C de l’université. « C’est immense comme fac » lance l’un d’eux. On peut lire sur leurs visages un réel plaisir d’être là. L’ambiance est bon enfant. Annick Tamet, secrétaire générale du Secours Pop de la fédération de Seine-Saint-Denis, adresse un mot de bienvenue aux jeunes. Elle revient sur la richesse que la Seine-Saint-Denis possède en termes culturels et souligne que ce rendez-vous est à l’image du département, « chaleureux et convivial ».

 Sortir des stéréotypes et des préjugés

L’idée de base du Secours Pop Tour est d’apporter des outils applicables au quotidien à tous ceux qui consacrent du temps à la solidarité sans se limiter à la distribution de vêtements, de nourriture ou d’aide aux tâches administratives. La première urgence consiste à sortir des stéréotypes et des préjugés qui les enferment dans des choix limités, quel que soit leur milieu d’origine. Dans chaque atelier, l’animateur doit faire vivre la discussion, noter les idées qui fusent et cadrer les réponses apportées. Chacun apporte son expérience et ses interrogations sur le lien entre la solidarité et la culture. À l ’heure du déjeuner, tout le monde se réunit dans le hall du bâtiment, où les rejoignent quelques étudiants de la fac. Les discussions continuent dans une ambiance festive. Dans la foule, Mathieu Mercier, 25 ans, médiateur culturel et social du Secours populaire de Limoges (Haute-Vienne) depuis quatre ans. Comme beaucoup de jeunes, il porte la casquette à l’envers et affiche un large sourire. Son secteur d’activité c’est la culture. « On travaille beaucoup sur l’accès à la culture pour les personnes aidées de Limoges, mais aussi en secteur rural », explique-t-il. Après un stage de deux mois au sein de l’association, Mathieu a choisi de poursuivre son action comme salarié. Pour lui, c’est très valorisant et touchant d’être là, avec d’autres personnes qui partagent ses préoccupations. Il revient sur le thème de la culture : « Il est très réfléchi, ce thème. Il y a une cohérence et une logique dans la démarche du Secours Pop Tour. Nous sommes aujourd’hui dans une université, dans un département multiculturel où la population est très jeune », se réjouit-il. Samedi après-midi, les jeunes sont allés dans les rues de Saint-Denis, à la rencontre des dionysiens pour collecter et faire passer leur message de solidarité. Devant la mairie, sur la place Victor Hugo, les jeunes vont dans les commerces, sur les terrasses des cafés, arrêtent les riverains pour parler de l’importance de la culture et de la solidarité. Derrière ses lunettes carrées et sa boucle d’oreille noire, Julien Zaïdi est polyvalent. Étudiant en médecine, ce Marseillais de 25 ans travaille dans un collège de la cité phocéenne avec des enfants handicapés et consacre un peu de son temps libre au Secours Populaire depuis 5 ans. Il s’occupe des questions de solidarité internationale et est « référent jeune » dans la fédération de son département.

Accès à la culture pour tous

Comme tous les participants, il apprécie le Secours Pop Tour : « C’est une excellente idée. Ce sont des moments qui permettent de faire émerger des idées pour évoluer et permettre de mettre en place des initiatives ». Julien emboîte le pas de ses amis d’un jour sur le thème de la culture. « Il s’agit de donner une visibilité aux gens qui trouvent peut-être flou et insaisissable l’idée de culture. Ça permet de montrer en quoi il est légitime pour tout le monde d’avoir accès à la culture. Il y a des moyens pour leur donner une chance d’y avoir accès ». Cette 4e édition du Secours Pop Tour a montré que les jeunes peuvent se montrer solidaires dans un monde trop individualiste. Après deux jours d’échange, toutes les idées ressorties des ateliers valorisent le brassage des cultures comme moyen de vivre ensemble. La culture au service de la citoyenneté doit contribuer aux valeurs qui doivent fonder la société, mais aussi permettre de lutter contre les inégalités sociales, l’exclusion d’une partie de la population et permettant d’avoir accès au sensible, de vivre des expériences collectives, de débattre. Gloria Goudbedji et Célia Favel ont toutes les deux 21 ans. Venues ensemble du Val-d’Oise, les deux copines sont infirmières. L’une a des mèches bleues dans les cheveux et l’autre des mèches blanches, elles expriment leur envie d’être là : « C’est très enrichissant, ces discussions. On est conscient qu’on peut faire quelque chose ensemble, car il y a de la matière et cette notion de solidarité culturelle est comprise par tous les jeunes présents. » Après avoir participé aux ateliers, elles repartent avec « la tête pleine d’idées ». Prochain rendez-vous à Saint-Etienne le 30 janvier et le 1er février.

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