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La solidarité contre le coronavirus

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Le SPF de Paris organise presque tous les jours des distributions alimentaires

Dès le début du confinement, les bénévoles du Secours populaire ont multiplié les actions auprès des familles dont les difficultés à subvenir à leurs besoins ont été provoquées ou accentuées par la pandémie de Covid-19. Reportage à Paris.

À 9 heures, ce matin, le rideau métallique du libre-service du Secours populaire de Paris, est à demi-relevé. La rue Montcalm, sur laquelle ouvre ce local qui est un ancien entrepôt, est encore déserte. Le temps est ensoleillé, comme depuis plusieurs semaines, tempérant un peu la gravité de la situation sanitaire et sociale par un air printanier qui nourrit aussi les conversations. Il est 9 h 10. Un premier petit groupe de bénévole se forme dans la cuisine du libre-service, faisant tous les efforts possibles pour respecter la distance d’un mètre au moins entre chaque personne. Abdel Nahas, 39 ans, bénévole, est présent cinq jours par semaine, du lundi au vendredi. Chauffeur livreur, ayant plusieurs années d’expérience professionnelle dans l’événementiel, il participe principalement à la « ramasse », mais aussi aux livraisons de repas dans les hôtels sociaux (Samu social) parisiens : « Actuellement, je ne travaille pas. J’utilise mes compétences pour me rendre utile, notamment pour les livraisons en camion et la gestion des palettes de marchandises. »

Aider concrètement les gens

Juliette Bézard a 23 ans. Elle est volontaire du service civique, depuis novembre 2019, travaille habituellement à l’antenne du XIIIe arrondissement du SPF (accompagnement vers l’emploi), actuellement fermée pour cause de crise sanitaire. Elle raconte : « Je n’habite pas très loin d’ici. Je suis venue donner un coup de main dès le début du confinement. Le matin, souvent, j’accompagne Ismaël Bejaoui ou Pascal B. (lire, ci-dessous) dans leurs tournées de ramasse. Je participe aussi aux livraisons aux hôtels sociaux, ou à l’accueil, sur place, des bénéficiaires du Secours populaire. » Étudiante en russe (première année), après un master de management financier, deux ans d’apprentissage dans ce secteur d’activité ne l’ont « pas emballée plus que ça… ». « J’avais besoin d’aider concrètement les gens », explique-t-elle aujourd’hui.

Cinq jours par semaine

Avant l’arrivée des bénévoles, Martin Van Der Hauwaert, 27 ans, gestionnaire du libre-service et de l’aide alimentaire du Secours populaire de Paris, règle les derniers détails d’organisation pour toute la journée. Le jeune homme ne perd pas une seule seconde, pressé de mettre à jour l’inventaire des ressources du jour qui commence, tant en marchandises qu’en nombre et en compétences des bénévoles attendus jusqu’à 11 heures. D’emblée, il exprime la tension et l’inquiétude dans lesquelles il accomplit sa mission, depuis le commencement de la pandémie de Covid-19 et du confinement. Le passage matinal par la cuisine du libre-service n’est pas que convivial. Juliette Bézard y prend la température de Julie Robineau, 18 ans, étudiante en photographie et vidéo à l’École de l’image Gobelins, bénévole « depuis quelques mois ». « Dès le commencement de la crise sanitaire », celle-ci participe à tout : accueil, caisse, planning, distribution, cuisine à midi, pour l’équipe… Elle est « bien décidée, lorsque les cours reprendront à son école, à continuer de venir ici ». « Je m’y sens un peu plus utile que si je restais chez moi », dit-elle avec modestie. Son engagement actuel représente aussi « l’acquisition d’une expérience pratiquement professionnelle, équivalente à un stage, notamment dans la gestion des stocks ». Profitant du calme avant la tempête, Pascal B., 43 ans, régisseur, bénévole, apprécie de converser avec Abdel Nahas, avant de partir en « ramasse » avec Julie Robineau. Vers 9 h 30, ces deux coéquipiers préparent leur camion, avant de partir dans le Nord de Paris (XVIIe et XVIIIe arrondissements). Dans l’habitacle, Julie Robineau règle la radio sur Radio Nova, afin de « rythmer l’ambiance ». Elle trouve que les relations entre bénévoles sont « géniales, hyperfamiliales, fondées sur le partage et les aspirations communes, malgré la diversité des histoires personnelles et des milieux d’origine ». « On fait tout avec le sourire », dit-elle.

 Reportage réalisé par Antoine Peillon/ La Croix

 

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