L’Escale des familles : un lieu d’écoute et de solidarité

Depuis un an et demi, les bénévoles du SPF de Bordeaux gèrent un espace chaleureux, qui accueille trois fois par semaine des familles en très grande précarité. Au choix : cours de français, soutien administratif, laverie, jeux pour les enfants, coiffeur...

Ce mercredi-là, une quinzaine d’enfants accompagnés de leurs parents sont présents. Comme à chaque fois, Amina, Pascale, et Laurence accueillent tout le monde par une bise. Ici, c’est un peu comme une grande famille car tout le monde se connaît et aime se retrouver dans ce bel espace décoré et aménagé avec goût. A l’entrée une bibliothèque fabriquée avec des vieilles palettes par Stéphane, un bénévole très bricoleur est à la disposition des enfants, un peu plus loin des canapés et des tables basses invitent à la détente. Myriam propose du thé et du café aux mamans qui attendent que le cours de français commence. Sylvie bénévole demande à Monsieur Boba des nouvelles de sa femme : « Ma femme est encore en Lybie avec sa sœur pour un mois. Elle a des papiers à régler suite au décès de son père. » Aujourd’hui, les participants sont nombreux et les deux salles de cours seront utilisées. Thierry, bénévole et ancien professeur, reçoit une dizaine de personnes au premier étage.

Apprentissage du français

Cet après-midi, il a décidé de faire travailler son groupe sur le vocabulaire des jours de la semaine et des mois de l’année. Georges originaire d’Albanie, répète avec hésitation les jours les uns après les autres. « Notre mission est de permettre à tous de pouvoir communiquer avec des français, de pouvoir se débrouiller pour tout ce qui concerne la vie quotidienne, aussi bien pour les démarches que pour faire les courses ou aider les enfants pour l’école » explique Thierry. Quand le cours se complique, certains ont parfois recourt à l’anglais, comme Federico qui vit en France depuis 6 mois et qui souhaite rester à Bordeaux car il a trouvé l’amour de sa vie. Venu du Brésil, il s’applique du mieux qu’il peut mais, n’ayant pas de travail, il passe ses journées seul. C’est pourquoi il aime venir à l’Escale.Laurence, qui grâce au SPF a pu suivre une formation d’enseignement de FLE (Français Langue Etrangère) s’occupe des « Alpha », c’est-à-dire de ceux qui ne savent ni lire ni écrire dans leur langue d’origine. Sa méthode est simple : « Pour ces personnes nous partons de la base : comment tenir un crayon, l’apprentissage de l’alphabet… Nous travaillons en cours particulier ».

Comme un vrai centre de loisirs

Alors que les parents sont en cours, la salle du bas ressemble à un centre de loisirs où les enfants sont pris en charge par une équipe de bénévoles. Sans cette « garderie », les parents ne viendraient pas. Pour Pascale Corriou, responsable de cet espace, « il était évident qu’il fallait réfléchir à la place des enfants. Ce lieu est pensé pour la famille ; nous ne pouvions pas exclure les enfants. Toutes les familles accueillies vivent des situations extrêmement difficiles… elles sont hébergées à l’ hôtel, en hébergement d’urgence ; vivent en squat ou chez des amis. Ici elles s’offrent une pause qui leur redonne de la force. Et puis nous sommes là pour les aider dans de nombreux domaines. » Marie-Jeanne, la doyenne des bénévoles est très attentionnée avec les tout petits. A 84 ans ; elle assume très bien son rôle de grand-mère par procuration. Elle parle avec toutes les mamans auxquelles elle donne des conseils sur l’alimentation, sur les risques de l’utilisation trop fréquente des téléphones portables pour les plus jeunes. Comme elle le dit « je ne sais pas tout mais ce que je sais je souhaite le partager. »

Dans cette grande salle en rez-de-chaussée tout a été pensé pour que les enfants se sentent bien et puissent se distraire. Jeux de société, dinettes, coloriage… autant d’activités dont les uns et les autres profitent. Ida et son petit frère découvrent ce jour-là les échecs avec Floriane. Et même si les autres sont bruyants, ils parviennent à se concentrer et à retenir les règles du jeu.

Une laverie à disposition

En arrivant ce jour-là, Esia, jeune maman de trois enfants a déposé son linge à la laverie qui fonctionne en continue. Une aide précieuse pour ceux et celles qui vivent à l’hôtel ou en squats. Avec une cinquantaine de personnes accueillies par mois, les machines tournent à plein régime. Après son cours de français, elle reviendra chercher son linge et celui de ses enfants.

Avec trois jours d’ouverture par semaine, l’Escale des familles offre un espace de détente essentiel pour ceux et celles qui sont en très grande précarité. Néanmoins, aujourd’hui, les bénévoles souhaitent dans la mesure du possible ouvrir toute la semaine, et mettre en place de nouveaux services comme une permanence « santé ». Une réflexion née d’une forte demande qui oblige parfois les accueillants à refuser du monde.