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Incendies : les bénévoles auprès des naufragés du feu

Mis à jour le par Olivier Vilain
Aveyron, Landes, Lozère, Maine et Loire, Finistère, Jura, Isère… Le feu ravage des dizaines de départements. Ils ont repris en Gironde début août. Les bénévoles apportent aide matériel et réconfort, aux évacués comme aux pompiers.

Les incendies ravagent des dizaines de départements français. Les bénévoles du Secours populaire français soutiennent les pompiers. Surtout, ils contribuent à alléger le fardeau et la peine des très nombreux évacués et répertorient les professionnels, petits artisans, paysans, qui auront besoin d’un coup de pouce pour reprendre leur activité. Le Secours populaire lance un appel à la générosité.

Aveyron, Landes, Lozère, Maine et Loire, Finistère, Gironde, Jura, Isère… Le feu ravage des dizaines de départements. Après le record de 47 000 hectares partie en fumée entre janvier et juillet, c’est à nouveau 6 000 hectares supplémentaires qui sont la proie des flammes depuis quelques jours. Et les incendies du mois d’août se propagent encore plus vite que ceux du mois dernier. « En juillet, nous sommes intervenus deux fois par jour au gymnase de Saint-Symphorien, qui sert de centre de mise à l’abri pour le sud de la Gironde. Depuis que le feu a repris, nous y retournons. Mais cette fois, des maisons ont brûlé, 18 en tout », explique Danielle Marlier, de l’antenne du Secours populaire de Saint-Léger-de-Balson, une commune rurale entourée de forêts de pins, toute proche des Landes.

Sur place, une vingtaine de personnes est actuellement aidée par la sécurité civile, la générosité spontanée des riverains et le Secours populaire. Les effectifs tournent car plutôt que de rester dans le gymnase sous une chaleur étouffante, les sinistrés cherchent rapidement une solution de rechange, dans la famille ou chez des amis. Le feu étant parti de la commune d’Hostens dans la journée, une partie des évacués s’est retrouvée dans l’incapacité de rentrer à leur domicile. Dès le matin, en effet, ils s’étaient déjà rendus jusqu’à Bordeaux, parfois, pour leur travail.

En Gironde, dans les petites communes au milieu des flammes

« Ils ont été dirigés vers le centre d’hébergement pour passer la nuit, mais sans vêtements de rechange ni produits d’hygiène. Nous leur avons donc apporté des serviettes, du gel douche, des rasoirs, de la mousse à raser, etc. Bref, tout ce qui permet de faire sa toilette », ajoute Danielle. Les bénévoles s’y rendent deux fois par jour. Le jeudi 11 au matin, c’est Betty qui s’y est rendu avec de quoi faire un bon petit-déjeuner : gâteaux, jus de fruit, brioches. « Ils ont été ravis de ce petit extra. »

Les incendies de forêts représentent un cauchemar pour les dizaines de milliers de personnes qui fuient, abandonnant provisoirement leurs biens, leur lieu de vie, de villégiature ou de travail. Personne n’est épargné : saisonniers, vacanciers, riverains… Des artisans, des professionnels du tourisme, des entrepreneurs, des agriculteurs, éleveurs ou viticulteurs perdent parfois leurs moyens de subsistance. Ils plongent dans la précarité et le désarroi. A Saint-Symphorien, les évacués vivent dans l’angoisse de ne plus retrouver leur maison au moment où ils pourront quitter le gymnase où ils se sont réfugiés.

Professionels ou volontaires, les pompiers n’en reviennent pas

La lutte contre les flammes est très exigeante pour les équipes de pompiers, volontaires comme professionnels. Le mois dernier, Danielle a eu une demande « un peu particulière » de la part de leur hiérarchie. Les soldats du feu venaient en renfort de partout, d’Ile-de-France, de l’Est, des Deux-Sèvres… Ils n’avaient sur eux que le strict minimum et alors que le feu ne se laissait toujours pas dompter, les hommes et les femmes qui le combattaient n’avaient plus de change. « Ce qui est intenable quand vous êtes confronté nuit et jour à la fournaise, à la sueur et aux fumées. Nous avons donc fourni 80 sous-vêtements », témoigne Danielle, insistant en rigolant : « De toutes sortes, de toutes tailles, de tous coloris ! » Elle se souvient avec émotion que la population, émue par la disparition de « leurs » pins, lavait le linge des pompiers en leur laissant des petits mots de remerciement. Ces derniers ont dit à plusieurs reprises qu’ils avaient rarement vu un tel accueil.

Le Secours populaire français ne décide pas de ce qui est bien pour les personnes, il est à l’écoute des besoins exprimés qui ne se traduisent pas toujours par de l’aide alimentaire, vestimentaire ou en produits d’hygiène mais qui peuvent aussi être un coup de pouce pour relever la tête, assurer le maintien d’une activité vitale et pouvoir retrouver un habitat digne.

En Aveyron, les bénévoles feront la soudure

Ainsi, dans l’Aveyron, autour de Millau, le feu est toujours en cours et se dirige maintenant vers la Lozère. Les évacuations viennent d’avoir lieu. Il s’agit surtout de vacanciers, qui changent de camping ou qui rentre chez eux. Le feu parcourant des domaines agricoles, Philippe Debar, le secrétaire général du Secours populaire dans le département, craint pour l’activité des éleveurs du coin. « Nous prenons contact avec la Mutuelle sociale agricole pour qu’elle nous communique ceux qui pourraient se retrouver en difficulté parce que leur réserve de foin ou l’alimentation de leur bétail serait partie en fumée », indique-t-il. Déjà que leur situation dans l’Aveyron n’est pas florissante, avec des prix de vente orientés à la baisse et l’augmentation, a contrario, de tout ce qu’ils achètent pour leur exploitation. « Ce n’est pas avec leurs faibles ressources financières qu’ils vont pouvoir relancer leur activité en attendant les indemnisations des assurances. Alors on fera la soudure. » Dans le Morbihan aussi, les bénévoles sillonnent les zones brûlées à la rencontre des maraîchers, dont certains ont tout perdu. Là aussi, les bénévoles feront la soudure.

Depuis le début des incendies de cet été, les animateurs-collecteurs-bénévoles du Secours populaire apportent partout la solidarité aux personnes sinistrées et à ceux qui sont au combat contre les feux. Le Secours populaire appelle toutes celles et tous ceux qui veulent contribuer à organiser des initiatives de collectes financières, à faire des dons, à rejoindre les équipes bénévoles, à faire connaître les personnes dans le besoin, « en particulier celles et ceux qui n’osent faire appel à la solidarité et qui sont connues des réseaux de proximité, sociaux ou professionnels ».

Ces dons financiers peuvent être adressés localement aux comités et fédérations comme au siège du Secours populaire français qui ajuste les soutiens en fonction des besoins dans les zones et secteurs moins sous les projecteurs et dont les besoins inconnus sont pourtant immenses.

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