Une mission du Secours populaire en Jamaïque

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Une mission du SPF s'est rendue en Jamaïque pour apporter son soutien aux sinistrés.©Secours populaire français

Le 28 octobre dernier l’ouragan Mélissa de catégorie 5 frappait la Jamaïque détruisant une partie de l’Ile. Rapidement le Secours populaire s’est mobilisé avec ses partenaires dans la région pour dépêcher une mission sur place. Des rencontres avec des pêcheurs et des agricultures vont permettre une fois l’aide d’urgence apportée de se projeter sur des actions à long terme. Reportage.

Lillian Brown pourra bientôt repartir en mer. Depuis plusieurs semaines et le passage de l’ouragan Melissa, cette pêcheuse à la crinière bouclée et blonde est condamnée au chômage technique. Les lignes, bouées et nasses de son bateau ont été englouties dans cet ouragan, classé en catégorie 5, qui a frappé la Jamaïque le 28 octobre dernier. White House, un village de 4 000 habitants dans le sud-ouest de l’île, a été l’un des premiers frappés. Et c’est le port de pêche qui a essuyé les premières rafales pouvant atteindre 280 kilomètres par heure. La puissance de Melissa a pris les pêcheurs de court. « Les précédents ouragans n’avaient pas submergé le récif », indique Trevor Cole, l’un d’eux. Le pire ouragan qu’a connu le pays depuis 1988 a abordé les côtes vers 9 heures du matin, puis l’œil du cyclone a installé un calme étrange avant le déclenchement de la seconde phase de la tempête. « Il est resté jusqu’à 16 heures, il était vraiment très lent », poursuit le pêcheur. Terence Johns s’était, lui, réfugié sur la colline qui surplombe White House. « De là-haut, on voyait voler les arbres et les morceaux de toit », se remémore-t-il. 

Alors que Melissa poursuivait son chemin vers la côte nord de l’île, les pêcheurs et habitants se sont retrouvés sur le port pour constater le désastre : des bateaux endommagés, certains éventrés, le marché couvert dévasté et la clinique voisine totalement soufflée. Le cauchemar n’était pas tout à fait terminé. « Les réserves d’équipements ont été pillées et il n’y a plus rien en stock », se désole Milton Salmon, président du comité des pêcheurs (2 000 sont enregistrés sur la zone). Quant au gouvernement, il a accordé la priorité à la partie septentrionale de l’île, autour de Montego Bay, la plus touristique, alors que la haute saison s’apprête à commencer. Il a fallu trois semaines pour que le Premier ministre, Andrew Holness, se déplace dans le Westmoreland, ce district dans lequel se situe White House. 

C’est dans cette zone, à la fois dévastée et abandonnée, que le Secours populaire français a choisi d’envoyer une mission, dirigée par Christian Lampin et composée d’Annick Wemeaux et de Jean-Max Bordey. Une première réunion avec des pêcheurs lui a permis d’identifier le principal besoin, résumé par Terence Johns : « La priorité, ce sont les bateaux. Il faut que l’on puisse les sortir de nouveau et pouvoir aller pêcher. » Avec les dons recueillis depuis le passage de Melissa, la mission a pu procéder à des premiers achats : résine, cordes, bouées et matériel pour confectionner des nasses. Lillian Brown et d’autres pourront donc bientôt relancer leurs bateaux en mer afin de reprendre le fil de leur vie et de leur activité économique. 

La puissance de l’ouragan Mélissa a pris les pêcheurs de court. Grâce au soutien du SPF ils espèrent pouvoir à nouveau reprendre la mer.©Secours populaire français;

White House, c’est la pêche mais également l’agriculture. Sur les collines, Melissa a provoqué autant de dommages que sur le littoral. Juvaine Brown, président de l’association des cultivateurs de Beeston Spring qui regroupe une vingtaine de petits exploitants, nous fait visiter une parcelle dévastée située à 10 minutes du petit port de pêche : « Les serres ont été malmenées par l’ouragan Beryl il y a un an. Cette fois-ci, ce sont les nurseries. » Aucune production n’est désormais possible ici. Là aussi, les dons recueillis ont permis d’apporter une première aide d’urgence, grâce à l’achat de semences, qui facilitera la relance de l’activité économique. Dans un quartier à flanc de colline, particulièrement frappé par Melissa, les bénévoles du SPF ont également pu distribuer des kits alimentaires d’urgence à une vingtaine de familles. 

C’est dans le domaine de l’agriculture, crucial dans la partie rurale du pays, que la mission du SPF envisage des projets de plus long terme. Ils ont été l’objet d’une rencontre avec la Jamaica Agricultural Society (la plus ancienne organisation de ce type dans les Caraïbes), facilitée par l’ambassade de Cuba en Jamaïque. Et par l’intermédiaire d’une autre ambassade – celle de France –, un échange a pu avoir lieu entre la mission du SPF et une ONG étasunienne, au cours d’un déjeuner organisé par l’ambassadrice Marianne Ziss. Une piste a été évoquée : la livraison de bâches blanches, fabriquées en France, beaucoup plus solides que les bleues qui recouvrent les toits des habitations en attendant une reconstruction en dur.   

Reportage réalisé par Christophe Deroubaix