Les urgences sont aussi en France

Mis à jour le par Olivier Vilain
En 1999, la Somme est frappée par d'importantes inondations. Les bénévoles organisent la solidarité.

Le Secours populaire s’engage depuis toujours à l’étranger pour apporter de l’aide aux populations frappées par les inondations, la sécheresse ou les séismes. Il le fait aussi en France depuis la « catastrophe de Malpasset ».

Ouragan dans les Caraïbes en septembre 2017, Inondations dans l’est de l’Iran au printemps 2019, séisme en Indonésie en 2018, à chaque fois le Secours populaire a déclenché une procédure d’urgence pour venir en aide aux sinistrés. Un type d’actions qu’il pratique depuis toujours.

Présent au Teil après le séisme

Un aspect moins connu de l’association est son engagement après des catastrophes naturelles en France aussi. C’est encore le cas après le tremblement de terre qui a frappé l’Ardèche et la Drôme en novembre dernier. « Personne ne s’est rendu compte de la véritable ampleur des dégâts laissés par le séisme car on a eu la chance de pas avoir de mort, mais dans la région, toute la vie est bouleversée depuis la mi-novembre », explique Michel Méjean, bénévole du Secours populaire dans la ville de Le Teil, en Ardèche, la commune de loin la plus touchée.

Le quotidien L'Humanité a relaté l'implication des bénévoles du Secours populaire à la suite du séisme qui a frappé le sud de la vallée du Rhône en novembre dernier.

Le quotidien L’Humanité a relaté l’implication des bénévoles du Secours populaire à la suite du séisme qui a frappé le sud de la vallée du Rhône en novembre dernier.

 

Un séisme d’une ampleur inédite, avec une magnitude de 5,4 sur l’échelle de Richter, a frappé l’Ardèche et la Drôme, le 11 novembre dernier. « J’ai cru que c’était l’une des centrales nucléaires situées à proximité », se souvient un habitant, alors qu’un autre a pensé « à une explosion de gaz » (L’Humanité, 28.11.19). Neuf communes ont été déclarées en état de catastrophe naturelle. Rien que dans celle du Teil (8 900 habitants), des quartiers entiers sont  sinistrés et 2 000 personnes environ ne peuvent plus retourner dans leur logement. Les habitations les plus anciennes, en particulier, ont été fragilisées et une vingtaine sera même rasée.

A la tête des associations intervenant de concert, le Secours populaire a reçu plusieurs dizaines de tonnes de solidarité matérielle (meubles, petits électroménagers, vêtements, etc.) et a collecté 60 000 euros de dons financiers. « Cela sert à payer la location de camions utilisés pour livrer les meubles, à acheter du matériel pour les familles », raconte Michel, qui souligne qu’à l’occasion du drame le nombre de bénévoles a doublé. « Sur le terrain, nous sommes une centaine, y compris les copains du Monde. »

Le tournant de la catastrophe de Malpasset

L’aide après les catastrophes naturelles en France n’a pas été la première activité menée historiquement par les bénévoles de l’association. Elle a pris ce tournant en 1959 à la suite de la rupture du barrage de Malpasset, dans la nuit du 2 au 3 décembre. Lorsque l’ouvrage se rompt, 50 millions de mètres cubes d’eau constituent une vague de 10 mètres de haut emportant tout sur son passage, jusqu’à Fréjus situé 10 kilomètres plus bas. Plus de 400 victimes sont déplorées, 700 habitations détruites et plus de 2 000 habitants sont sinistrés.

Cliquez sur cette photo pour voir un reportage de 1959 sur la rupture du barrage de Malpasset (INA).eportage de 1959 sur la rupture du barrage de Malpasset.

Cliquez sur cette photo pour voir un reportage de 1959 sur la rupture du barrage de Malpasset (INA).eportage de 1959 sur la rupture du barrage de Malpasset.

 

« On a envoyé des camions à Fréjus (…). On avait ouvert dans la salle des fêtes de Saint-Raphaël un grand hall (…) pour faire la solidarité (…). C’est là que ça a été le basculement », signalait en 2004 Julien Lauprêtre, alors président du Secours populaire, à l’universitaire Axelle Brodiez pour sa thèse sur l’histoire du mouvement (Le Secours populaire français, 1945-2000). L’orientation prise en 1959 a été confirmée par le congrès de l’association deux ans plus tard.

Depuis, le Secours populaire continue, comme le montrent ces quelques exemples : en 1999, lors des inondations dramatiques de la Somme, les bénévoles apportaient dès le début une aide logistique et psychologique, préparant le retour des familles chez elles. En 2001, après l’explosion de l’usine chimique d’AZF à Toulouse, qui a fait 29 morts, ils se sont bien sûr mobilisés pour aider une ville traumatisée. Ils ont fait de même lorsque la tempête Xinthia a meurtri les côtes de Vendée, en 2010, ou encore lorsque des pluies cévenoles se sont abattues sur le sud de la France, en 2017, faisant 34 morts. De même, le Secours populaire appelle régulièrement à la solidarité lors des vagues de grand froid pour aider les personnes à la rue et les familles les plus précaires.