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Faire le grand saut avec le Secours populaire !

Mis à jour le par Enzo Pigatto
Après une chute libre de 40 secondes, Cynthia profite de la vue avant d'amorcer l'atterrissage.

Sept jeunes, dont les familles sont accompagnées par les fédérations de l’Essonne et de la Saône-et-Loire du Secours populaire français, ont vécu d'intenses et fortes émotions le 20 juin. Invités par Parisjump, le centre de parachutisme de Saint-Florentin - Chéu, ils ont effectué un saut en parachute en tandem. Reportage

Grâce au partenariat initié en 2015 par Polo Grisoni, vice-champion du monde de saut en parachute, et Olivier Grignon, secrétaire général du Secours populaire de l’Essonne, plus de 60 jeunes ont pu sauter en tandem et ainsi découvrir la chute libre en toute sécurité. Largués à plus de 3000 mètres d’altitude et après une montée de 15 minutes en avion, ils ont tous sauté, solidement accrochés à leur moniteur équipé d’un parachute biplace. Ce 20 juin, arrivé dans la matinée sur les lieux du Parisjump, le groupe du jour commence par découvrir le monde du parachutisme et les règles du saut en tandem. Un premier brief effectué dans le hangar leur apprend les bons gestes à adopter durant les différentes étapes du saut. Les moniteurs expérimentés prennent le temps de bien expliquer les postures à adopter. « Dès la sortie de l’avion, les mains doivent être positionnées sur les harnais qui se trouvent à hauteur d’épaule, et les jambes doivent être positionnées entre celles du moniteur ». Le groupe écoute attentivement avant de s’entraîner à répéter de son mieux les gestes appris. Leur sont ensuite présentés les positions à adopter durant la chute libre (bras écartés et tête droite pour profiter pleinement du saut) et l’équipement que tous devront porter. Tout est fait pour rassurer les participants.

Après ces explications, les jeunes vont se préparer par groupes de quatre dans le hangar voisin où est stocké le matériel. Au Parisjump, consignes et règles de sécurité sont essentielles : il est rappelé que ce saut en chute libre, qui ne dure que 40 à 50 secondes à une vitesse moyenne de 200 kilomètres heure, offre des sensations fortes mais nécessite beaucoup de rigueur. Une fois bien équipé, le groupe se dirige vers le petit avion qui enchaîne les rotations et à bord duquel le pilote attende les 4 binômes, constitué d’un jeune et d’un professionnel. Fifi, moniteur de saut en tandem, prodigue aux jeunes une dernier conseil avant qu’ils ne se lancent :  « A plus de 200 km/h, il est important de se vider les poumons avant de reprendre un rythme cardiaque normal. Criez au moment de sauter de l’avion : vous vous viderez complètement de l’air que vous avez dans le corps ! » Invitée par le Secours populaire de l’Essonne, Clara fait partie du premier groupe à s’élancer dans les airs. A quelques minutes d’embarquer dans l’avion, l’excitation est à son maximum – une excitation encore palpable quand la jeune fille retrouvera la terre ferme après un saut dans le vide à 4000 m d’altitude : « Il est difficile de poser des mots sur ces sensations. Il faut vraiment le vivre pour ressentir les émotions. Là-haut, il faisait assez froid au moment du saut. J’ai paniqué un petit peu durant la chute libre car j’ai eu du mal à respirer, mais une fois le parachute ouvert ce n’était que du plaisir. De là-haut, nous pouvons bien apprécier la vue magnifique… »

Se lancer dans le vide, ce n’est pas quelque chose de naturel

 

Le parrain de la campagne vacances du Secours populaire, Raphaël de Casabianca, est présent ce jour-là. Avec les jeunes il partage ses émotions fortes comme ses petites appréhensions. « Se lancer dans le vide, ce n’est pas quelque chose de naturel. Mais nous sommes en tandem, avec un moniteur, nous avons un parachute de secours, il faut juste profiter du moment présent. C’est génial de pouvoir sentir l’ambiance, les appréhensions et surtout de voir si les jeunes vont aller au-delà de leur peur. Pouvoir vivre ce moment avec eux, c’est cela qui m’importe. » Il poursuit : « Nous sommes ici dans un super centre de parachutisme où il y a des champions du monde. Les jeunes sont très bien accompagnés. J’essaye de détendre l’atmosphère au maximum et faire quelques petites blagues pour que tout le monde soit à l’aise et passe une bonne journée. »  

Avant le grand saut, il est primordial de s’entraîner à avoir les bonnes postures. ©Jean-Marie Rayapen

S’il y en a bien une qu’il faut détendre, c’est Cynthia. Recroquevillée au fond d’un fauteuil dans le hangar de l’aérodrome, la jeune femme venue de Saône-et-Loire est sans doute celle dont l’inquiétude est la plus forte. « Quand on m’a demandé si je voulais participer à cette journée, j’ai tout de suite accepté. Je n’y ai jamais vraiment pensé jusqu’à la veille du saut. C’est une occasion qui ne se reproduit sans doute pas deux fois et j’avais vraiment hâte d’être le jour J. » Cependant, si elle n’y pensait pas forcément les semaines précédant le saut, la réalité de ce lundi 20 juin est toute autre : « Je n’ai pas dormi de la nuit. Ce n’est pas de la peur mais surtout de l’excitation. Le plus dur, c’est que je fais partie de l’avant-dernier avion à décoller. C’est l’attente qui me fait douter et me fait me poser plein de questions. »  Une fois dans l’avion, elle réalise pleinement qu’elle ne peut plus faire marche arrière… Aussi, pour se rassurer durant le vol, Cynthia n’a de cesse de tenir la main de son voisin. Une fois les portes de l’appareil ouvertes, elle s’élance dans l’inconnu pour vivre un moment inoubliable. Son moniteur la guide tout le long de la chute libre, l’initiant même au pilotage pour qu’elle puisse changer la direction de la voile et s’assurer d’atterrir dans la zone dédiée. Une fois au sol, elle s’enthousiasme : « Finalement je ne regrette pas d’être venue. La pression est complètement redescendue durant le saut. Si c’était à refaire, je le referais c’est sûr ; mais pas tout de suite quand même, j’ai besoin de me remettre de mes émotions ! »

« La veille, je n’ai pas dormi de la nuit »

Les pieds sur terre, les jeunes se retrouvent tous pour échanger sur cette aventure. La plupart d’entre eux ne se connaissaient pas en arrivant et ce genre de journée est l’occasion de créer du lien entre eux. Certains échangent des techniques pour se déboucher les oreilles, ce qui occasionne de bons moments de fous rires et permet de faire redescendre l’adrénaline. L’entraide et le partage, des valeurs que porte haut le Secours populaire, ont été au cœur de cette journée exceptionnelle. Raphaël de Casabianca le rappelle : si se lancer dans le vide n’est pas chose aisée, s’offrir cette activité ne l’est pas non plus – un saut de découverte coûte 300 euros, un tarif loin d’être accessible à tous. Depuis six ans que dure ce partenariat, ce sont du rêve et des sensations fortes qui ont été offerts à ces jeunes en difficulté. Polo Grisoni, directeur du centre de parachutisme de Chéu, se réjouit de cette opération conduite avec le Secours populaire : « Pour nous, c’est une manière de partager. Pour ces jeunes, c’est une manière d’accomplir quelque chose de rare et d’intense. C’est positif pour tout le monde », conclut-il. Les jeunes repartent avec des souvenirs plein la tête ainsi qu’une vidéo de leur saut en parachute : de quoi attester auprès des leurs qu’ils l’ont fait et revivre à l’envi ces instants.

 

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