Don’actions : les commerçants au grand-cœur jouent le jeu

Mis à jour le par Olivier Vilain
Dans son agence, Béatrice reçoit - avec un grand sourire - Ludivine et son mari Emmanuel, ses deux amis cafetiers, pour faire le point sur le Don'actions.

Dans la petite cité balnéaire de Châtelaillon-Plage, en Charente-Maritime, le Don’actions, bat son plein. Autour de Béatrice, agent immobilier, une équipe de commerçants relaie la collecte nationale du Secours populaire.

Dans les rues de Châtelaillon-Plage, où alternent les nouveaux lotissements et les villas de type anglo-normand, quelques commerçants proposent de participer au Don’actions à leurs clients, voisins, familles et entourage. « Quand on entre dans mon agence immobilière, les affiches se voient tout de suite », s’amuse Béatrice, qui dirige l’agence immobilière ‘‘Côté Mer’’, boulevard de la Libération. Cheveux blancs au vent, assortis à son élégant manteau gris, cette femme énergique a attiré dans l’aventure une quinzaine de commerçants depuis la mi-février, de l’immobilier à la restauration en passant par la librairie ‘‘Le Chat qui lit’’, rue du marché.

A la réception des carnets de tickets-dons, la cinquantenaire à la joie de vivre très communicative a expliqué à son équipe de choc comment bien remplir les coupons, ainsi que les lots à gagner ou les actions du Secours populaire et le but de cette collecte nationale. « Dans le contexte actuel de la crise du Covid-19 ou de la guerre en Ukraine, les gens sont sensibles à la solidarité », expliquent Emmanuel et sa femme Ludivine, tous deux propriétaires de ‘‘La Belle époque’’, le café-restaurant mitoyen, et parties prenantes du Don’actions.

Autour de Béatrice, une équipe motivée d’une quinzaine de commerçants, de la libraire au cafetier solidaire

Les affiches et les carnets de tickets-dons sont bien en évidence sur leur comptoir. « Nos clients sont assez âgés et sensibles à l’appel des grandes associations comme le Secours populaire. Beaucoup sont prêts à donner 2 euros », détaille Ludivine, ce lundi matin, jour de fermeture du commerce du couple, qui en profite pour faire un grand ménage et s’avancer pour le lendemain.

A ''La Belle époque", le café-restaurant d'Emmanuel et Ludivine, l'opération de collecte nationale du Secours populaire est bien mise en valeur.

A  »La Belle époque », le café-restaurant d’Emmanuel et Ludivine, l’opération de collecte nationale du Secours populaire est bien mise en valeur.


Béatrice voit dans ce partenariat entre commerçants et bénévoles, qu’elle a initié, l’occasion d’exprimer les valeurs de partage, d’échange et de découverte de l’autre qui l’animent depuis son enfance, « légèrement rebelle dans un cadre plutôt strict ». « Déjà, pour les Pères Noël verts, nous avions lancé une grande collecte de jouets en décembre dernier. C’était une première opération et ça avait très bien marché ; nous avions des jouets neufs plein le bureau », dit-elle, les yeux pétillants, tout en étendant son bras dans un grand mouvement circulaire.

Elle n’a pas eu à consacrer beaucoup de temps pour convaincre Emmanuel, le mari de Ludivine. Le cafetier a une histoire personnelle avec le Secours populaire. « A cause de la tempête Xynthia, en 2010, j’ai été réveillé avec plus d’un mètre d’eau chez moi. On a dû évacuer très vite. Après ça, on n’avait plus rien. L’association, avec d’autres, nous a beaucoup aidé. Pour les vêtements des gamins, en particulier, c’était impressionnant ! » Il n’a pas plus oublié le réconfort apporté par les bénévoles que l’image de sa fille s’éloignant sur le dos d’un pompier, en pleine nuit, entourée d’une eau tourbillonnante et glacée.

+60%. Forte hausse de la fréquentation des permanences en Charente-Maritime depuis la crise du Covid-19

A quoi va servir l’argent collecté ? A donner à l’association, les moyens de son indépendance ; de quoi conserver la capacité à se fixer ses propres objectifs et les moyens d’y parvenir. En Charente-Maritime, les besoins sont nombreux. Avec la crise du Covid-19 et ses suites, les bénévoles du Secours populaire ont enregistré, depuis 2020, une augmentation de 60 % des personnes accueillies. « Ça n’a pas baissé depuis », relève Lucie Forsan Guégan, chargée de projet au Secours populaire, à La Rochelle.

Ce n’est pas non plus les projets qui manquent. En septembre prochain, une permanence mobile sera créée et sillonnera le département pour venir en aide aux personnes en difficulté. Avec l’argent collecté, les bénévoles rempliront le réservoir de gasoil. Ce ‘‘Solidaribus’’ pourrait venir en aide à au moins 150 personnes et pourrait passer par Saintes, Royan, l’île d’Oléron, l’île de Ré et des zones rurales dans lesquelles le Secours populaire n’a pas de local. « Le circuit exact est encore à déterminer », prévient toutefois Marie-Christine, ex-enseignante en microbiologie à l’IUT de la Rochelle et désormais bénévole chargée de l’accès aux droits et aux soins.

La collecte du Don'actions diversifie les ressources du Secours populaire et renforce l'autonomie de l'association.

La collecte du Don’actions diversifie les ressources du Secours populaire et renforce l’autonomie de l’association.


Lors d’une enquête réalisée, fin 2020, auprès des gens fréquentant les permanences de l’association, il ressortait qu’ils étaient bien couverts en terme de Couverture maladie universelle complémentaire ou de médecins référents. « Le problème porte surtout sur l’accès aux spécialistes comme les dentistes, les gynécologues ou tout ce qui relève du psychisme ; là, il n’y a aucun suivi parce que leurs enfants sont leur priorité. »

Au volant de leur camionnette, les bénévoles iront au contact des gens. Ils renforceront aussi les petits comités du Secours populaire dont l’activité est essentiellement axée sur l’aide alimentaire et la culture. « Nous aiderons les personnes en difficulté à faire leurs démarches auprès des médecins spécialistes mais aussi à faire leurs démarches auprès des caisses d’allocations familiales ou de retraite, à remplir des formulaires administratifs car les obstacles sont nombreux », rappelle Marie-Christine : manque d’accès au numérique, peur d’utiliser l’outil informatique ou l’absence de maîtrise de la langue française. Parallèlement, les bénévoles sillonneront les routes avec le coffre rempli de produits d’hygiène (shampoing, brosses à dents, protections féminines, couches) et de colis alimentaires d’urgence.

Vers la constitution d’un club de partenaires à La Rochelle et alentours pour soutenir le Secours populaire

Ce réseau de commerçants mobilisés à Châtelaillon-Plage pour le Don’actions est une première en Charente-Maritime. « Cette mobilisation étend la mise en mouvement des bénévoles et des personnes aidées que nous effectuons sur le département », explique Lucie. L’expérience de Châtelaillon-Plage est aussi le début de la constitution d’un club de partenaires en vue d’apporter un soutien supplémentaire aux différentes campagnes du Secours populaire, qui s’échelonnent tout au long de l’année. Pour étoffer ce club, la fédération s’appuie aussi sur son partenariat avec le festival des Francofolies, qui va sensibiliser ses 300 partenaires aux actions du Secours populaire.