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Des élèves avocats engagés pour le droit d’asile

Mis à jour le par import
Sarah et Francesco, deux futurs avocats, à l'origine du Pôle asile qui a pour ambition d'accompagner les exilés dans les démarches auprès de l'Ofpra.

Accompagner les exilés dans leur douloureux périple administratif auprès de l'Ofpra, telle est l'ambition de ce groupe de futurs avocats de l'École de formation du barreau (EFB) qui a ouvert son "pôle asile" dans les locaux du Secours populaire de Paris. Une permanence juridique qui ne désemplit pas depuis sa création, il y a plus d'un mois.

Samedi 16 mars, 9h00 du matin. Rue Ramey, l’espace solidarité du Secours populaire de Paris a déjà les allures d’une ruche. Depuis trois semaines, des étudiants en droit de l’École de formation du barreau y ont pris leurs quartiers, ouvrant au sein de ce lieu dédié au soutien administratif leur « pôle asile » afin d’accompagner les exilés dans leurs démarches auprès de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra).

 

Quand j’ai vu les camps parisiens où s’entassaient plus de 3000 exilés, livrés à eux-mêmes, c’est à ce moment-là que j’ai décidé de monter ce projet. Ces personnes étaient dans l’incapacité de faire valoir leurs droits, incapables de s’exprimer. Ils étaient seuls dans une impasse,

confie Sarah. Avec des camarades de sa promotion, cette étudiante en 5e année de droit a donc ouvert le pôle asile au sein de la Clinique des droits de l’école avant de nouer un partenariat avec le Secours populaire. Sur les six foyers de demandeurs d’asile accueillis chaque samedi par le pôle asile, trois sont ainsi orientés par les bénévoles du  SPF.

Sabine, originaire du Burkina Faso, sort d’un des bureaux vitrés, avec un large sourire. La quadragénaire vient de confier son « récit de vie ».

« J’ai découvert le Pôle asile par hasard la semaine dernière en venant chercher mon courrier au SPF de Paris. C’est formidable ! » Sabine reviendra samedi prochain. Le temps pour Lila, qui l’a reçue, d’étudier ce récit, pièce cruciale dans le dossier transmis à l’Ofpra.

Sept avocats référents

Les élèves avocats s’affairent, photocopient les documents apportés par ces personnes, toutes porteuses d’une histoire singulière et d’origines multiples : de la Guinée-Konakry, à l’Afghanistan, en passant par le Yémen, la Libye, autant de pays malmenés par la guerre et la misère. Une formation d’une journée à l’EFB, dédiée notamment à la construction des « récits de vie », à l’entretien avec l’OFPRA et aux audiences CNDA (Cour nationale du droit d’asile) a permis aux élèves de construire une démarche solide adossée à une méthodologie rigoureuse : étude fine des récits, concertation entre les élèves, puis diagnostic soumis à l’un des sept avocats référents présents à tour de rôle chaque samedi. Aujourd’hui, Vanessa, avocate à la cour de Paris, est sur place. Guillaume, debout, lui présente une synthèse orale du dossier d’une jeune Kurde qu’il vient de recevoir.

Les questions de Vanessa vont droit au but.

« Quel est votre diagnostic ? »

« Elle a les documents ? »

« Vous avez vérifié ? »

« De quoi a-t-elle peur ? »

Réponse de Guillaume : « Elle a peur à la fois des autorités syriennes et des autorités kurdes. »

Ces informations, Guillaume les mettra en forme pour présenter un dossier solide à l’Ofpra faisant valoir pourquoi cette jeune femme menacée dans son pays doit être mise à l’abri en France.

Nous, on croit au droit, à la prééminence du droit. Toutes les personnes qui arrivent sur notre territoire sont réfugiées de fait. C’est la définition du HCR (Haut-Commissariat aux réfugiés,

affirme Francisco, titulaire d’un doctorat en droit d’asile. Pour le jeune homme, « un avocat est avant tout un défenseur des droits de l’homme ». Un avis partagé par Sophia, étudiante de 25 ans, en première année à l’EFB. Elle vient de passer une heure avec Diaby, un jeune Guinéen.

« Je pense que l’avocat a un vrai rôle à jouer. Toutes ces procédures qui se complexifient de plus en plus laissent de nombreuses personnes démunies et dans une détresse juridique. Le rôle de l’avocat est de répondre présent quand une personne a besoin d’être accompagnée et défendue. Ce partenariat avec le Secours populaire permet d’être au plus près des personnes vulnérables. »

En trois semaines d’existence, le planning du « Pôle asile » est déjà complet pour les deux semaines à venir, plus de 200 élèves avocats ont manifesté le désir de s’engager et plusieurs élèves avocats d’autres barreaux s’apprêtent à créer leur propre pôle asile, en s’inspirant de ce projet novateur. Et précieux. Joséfa, référente de l’espace solidarité du SPF de Paris , le confirme : « Les personnes ressortent avec de réelles réponses, elles se sentent écoutées et épaulées. »

 

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