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Covid-19 : le soutien aux mineurs migrants isolés continue

Mis à jour le par Olivier Vilain
A Lyon pendant le confinement, le Secours populaire s'est adapté aux règles sanitaires pour continuer l'accompagnement scolaire des mineurs isolés, migrants ou demandeurs d'asile.

Quid des mineurs isolés, migrants, exilés ou demandeurs d’asile ? Ayant traversé la moitié du globe pour vivre en Europe, ces jeunes sont totalement démunis. À Lyon, les bénévoles se sont adaptés pour les accompagner dans leurs démarches administratives et leur scolarité pendant le confinement.

Tous les jours, sept sur sept, le siège de la fédération du Rhône du Secours populaire reste ouvert et accueille les jeunes. Confinement oblige, impossible de les réunir comme à l’habitude dans les salles de classe. « On maintient les cours et le rattrapage scolaire, indique Isabelle Martinelli, chargée de l’accompagnement scolaire. Chaque jeune se voit attribuer chaque jour une heure et quart de cours particulier en face à face. » Et ce, en respectant les distances, le port du masque et le lavage des mains.

Cours particuliers, avec masques et gel

De même, ne pouvant pas accéder aux ordinateurs de leur école, les jeunes viennent au Secours populaire l’après-midi, à tour de rôle, pour utiliser ceux mis à disposition. À chaque fois, un bénévole les accompagne pour les aider dans l’utilisation des machines ou des logiciels.

Parallèlement, les professeurs bénévoles se relaient toute la journée pour appeler les 80 jeunes qui suivent des cours au Secours populaire. « C’est important, mais les explications à distance, cela complique la compréhension des jeunes. Un exercice de mathématiques par téléphone, sans schéma, sans support, c’est très difficile », ajoute Isabelle.

Venus d’Albanie, de Guinée, d’Afghanistan, d’Égypte, d’Angola, etc., les jeunes étaient réunis au siège, avant le confinement, pour assister aux cours très vivants de Blandine, une directrice d’école à la retraite. Généralement, elle se tenait dos au tableau, au milieu des tables disposées en demi-cercle et, pour captiver l’attention de sa trentaine d’élèves, elle chorégraphiait ses cours de français, faisant de grands gestes devant ses élèves, généralement très attentifs. « Ils sont si enthousiastes, relève John, qui intervient de manière très bienveillante comme professeur assistant. Je suis toujours émerveillé. »

Une mise à l’abri aléatoire

Comme Ousmane, Arsène ou Fatoumaata, ils sont mineurs pour la plupart et ont quitté leur pays parce que celui-ci ne leur offrait pas d’avenir, notamment pas d’accès à l’école. Les jeunes sont arrivés à Lyon au terme d’un périple très dangereux, que ce soit à travers la Lybie ou la Méditerranée. Durant ce périple, ils ont subi de graves abus : torturés, emprisonnés, abusés par les passeurs, contraints au travail forcé, parfois violés. En eux, tout est à reconstruire.

A leur arrivée en France, la plupart se sont retrouvés dans la rue. Ils ont enduré le froid et la peur. Tout mineur isolé doit être mis à l’abri par l’Aide sociale à l’enfance. C’est la loi. L’institution en prend en charge 41 000, un chiffre qui a beaucoup augmenté ces dernières années ; mais seuls 40 % des demandeurs sont reconnus mineurs, dont la moitié à l’issue d’une procédure juridique, tant la procédure administrative déborde souvent du cadre prévu par les textes internationaux (INED, 2018).

Les jeune viennent à tour de rôle à la permanence pour des cours particuliers et utiliser les ordinateurs mis à disposition.

Les jeunes viennent à tour de rôle à la permanence pour des cours particuliers et utiliser les ordinateurs mis à disposition.


C’est dans le domaine de l’accompagnement administratif et juridique que le confinement joue le plus pour les 600 mineurs et jeunes majeurs suivis par les bénévoles lyonnais : de manière négative. « La procédure d’accès au droit est beaucoup plus difficile, alerte Isabelle. Il n’y a plus d’audience, les procédures sont suspendues alors que le temps joue contre les jeunes, qui à un moment ne seront plus mineurs et devront se débrouiller tout seuls… Les tests de niveau sont également décalés, ce qui retarde leur scolarisation. »

Pour la fin d’année, les bénévoles ont prévu une journée festive. Un buffet avec crêpes et gaufres. Des cadeaux leur seront également offerts. « Ils ont besoin de ces marques d’affection », souligne Isabelle, qui espère pouvoir organiser des séances de cinéma par petits groupes, dans le respect strict des consignes de sécurité. Tout sera fait pour leur apporter « un peu d’humanité, même si on ne pourra pas leur faire de bisous ni de câlins ».


EN BREF :

. 41 000 mineurs étrangers isolés sont pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (Le Monde, 14.08.19). Plusieurs dizaines de milliers d’autres attendent d’être reconnus mineurs.
. 1315 jeunes ont été accueillis à la permanence pour les mineurs migrants isolés du SPF à Lyon, entre juin 2018 et juin 2019. Durant l’année 2020, 600 jeunes sont aidés pendant le confinement. Environ 70 bénévoles et 10 mineurs ou jeunes majeurs les reçoivent pour les accompagner dans leurs démarches administratives ou pour leur fournir de l’aide matérielle.

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