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Colloque: «Santé, prévention et bien-être»

Mis à jour le par Olivier Vilain
Le 7 avril, le Secours populaire organisait un colloque avec d'autres organisations (Mutualité, CNAM, etc.) pour la Journée mondiale de la Santé. En 2020, 80.000 personnes précaires ont été orientées dans le système de soins par ses bénévoles.

La pandémie a mis en lumière les inégalités de santé. Le Secours populaire a organisé un colloque, le jeudi 7 avril, pour la Journée mondiale de la santé, afin de réunir des intervenants venant de plusieurs horizons afin de réfléchir sur les thèmes « Santé, prévention et bien-être ».

Une cinquantaine de personnes* s’était donné rendez-vous dans l’amphithéâtre Charcot du prestigieux établissement hospitalier parisien, La Pitié Salpêtrière. « La crise du covid-19 a révélé et accentué les inégalités de santé, mais au terme de cette journée d’échange, nous allons tous sortir plus forts », a lancé en préambule Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire français.

Maladies, handicap et pauvreté : un cercle vicieux

Après deux années de pandémie, réfléchir sur la santé s’imposait quand un quart de la population renonce à un soin au moins une fois par an, principalement pour des raisons d’argent. Ce taux a même grimpé à 60 % durant le confinement. Plus généralement, la santé est une dimension à prendre en compte dans la lutte contre la pauvreté. Il suffit pour s’en convaincre de constater, comme l’a révélé une étude récente du ministère de la Solidarité et de la Santé que 28 % des 3,7 millions de personnes allocataires des minimas sociaux se déclarent en « situation de handicap », un peu plus se disent « en mauvais ou en très mauvais état de santé » et 58 % indiquent avoir « au moins une maladie ou un problème de santé chronique ». Un cercle vicieux s’établit trop souvent entre maladie et pauvreté, comme le remarque l’une des oratrices, Pascale Vatel, secrétaire générale de la Fédération des Mutuelles de France : « Santé et précarité sont liées : la mauvaise santé est souvent liée à une faiblesse des revenus et, en retour, un mauvais état de santé est générateur d’exclusion et de pauvreté. »

A Guéret, dans le Creuse, comme dans tous les départements, les Médecins du Secours populaire accueillent des personnes précaires, font le point sur leur santé et les accompagnent, au besoin, dans un parcours de soins.

A Guéret, dans le Creuse, comme dans tous les départements, les Médecins du Secours populaire accueillent des personnes précaires, font le point sur leur santé et les accompagnent, au besoin, dans un parcours de soins.


Deux tables-rondes se sont succédées. La première portait sur la prévention, la seconde sur sa territorialisation. Premier constat, seuls 20 % des dépenses de santé sont consacrées à la prévention. Pour améliorer l’état de santé global de la population, les participants ont tous soutenu l’existence d’un cadre universel protégeant l’ensemble de la population (la Sécurité sociale), assorti d’actions en direction des segments du public qui ne recourent pas suffisamment au système de soins, comme les jeunes et les catégories populaires ou les habitants des déserts médicaux. « Il y a besoin de processus d’éducation populaire pour améliorer la culture en santé publique, d’autant qu’au niveau individuel, il n’est jamais trop tard pour agir en vue d’améliorer sa santé ou pour limiter sa dégradation », explique Yannick Lucas, directeur à la Fédération nationale de la Mutualité française. Le cadre collectif, comme la santé à l’école ou au travail ou encore la vaccination, est indispensable dans cette lutte, avant d’en venir au niveau individuel.

Les bénévoles ont accompagné vers nos services plus de 1000 personnes précaires, l’année dernière, jouant ainsi un rôle indispensable de tiers de confiance

Fanny Richard, directrice en charge de l’accès aux soins à la Caisse nationale d’assurance-maladie

La prévention peut avoir lieu pour le cancer en alertant sur le rôle de la consommation de tabac et d’alcool dans cette pathologie, à « condition de ne pas faire la morale », précise lors de la séance de questions/réponses une militante d’ATD-Quart Monde, par ailleurs médecin, « et de bien expliquer que c’est une mauvaise réponse à une vraie question, comme celle du stress qui lui peut être vraiment traité par d’autres moyens ». Les actions de préventions doivent être déclinées en fonction des situations locales. C’est ce qu’a souligné Ludovic Martin, directeur à la Mutualité sociale agricole. « Dans les zones rurales, 49 % des habitants déclarent avoir des problèmes pour avoir des rendez-vous avec un médecin à cause d’un manque de praticiens. » Le Secours populaire, tient des permanences dans chaque département qui ont permis d’accueillir et d’orienter 80 000 personnes vers un parcours de soins, en 2020. Parmi les bénévoles, les équipes des Médecins du SPF aident ainsi les personnes précaires dans ce type de démarches, au-delà même des zones rurales, puisqu’en région parisienne près de 15 % des habitants rencontrent eux-aussi des problèmes d’accès aux soins. Une autre population est vulnérable, les mineurs, qui ont souffert du confinement et plus généralement de la pandémie en cours, comme l’a rappelé Eric Delemar, le défenseur des enfants. Il a plus particulièrement attiré l’attention sur la situation des milliers de petits vivant en campements (Roms) ou dans les hôtels sociaux (mineurs migrants isolés).

Le 7 avril, le Secours populaire organisait un colloque avec d'autres organisations (Mutualité, CNAM, etc.) pour la Journée mondiale de la Santé. En 2020, 80.000 personnes précaires ont été orientées dans le système de soins par ses bénévoles.

Le 7 avril, le Secours populaire organisait un colloque avec d’autres organisations (Mutualité, CNAM, etc.) pour la Journée mondiale de la Santé. En 2020, 80.000 personnes précaires ont été orientées dans le système de soins par ses bénévoles.


Le Secours populaire est même « l’un des premiers partenaires de la Mission d’accompagnement santé », créée par la Caisse nationale d’assurance-maladie, rappelle Fanny Richard, sa directrice en charge de l’accès aux soins. « Les bénévoles ont accompagné vers nos services plus de 1000 personnes précaires, l’année dernière, jouant ainsi un rôle indispensable de tiers de confiance. » En plus de cette action d’orientation et d’accompagnement, les bénévoles du Secours populaire ont mis au point des espaces bien-être, comme à Angers ou La Rochelle. Le bien-être est un aboutissement, relève la psycho-praticienne Priscille Glad : « Le bien-être est la résultante de la santé et permet aussi d’entretenir cette dernière, selon la définition même donnée par l’Organisation mondiale de la santé. »

Relais santé et ateliers bien-être avec les bénévoles

Dans la préfecture de Charente-Maritime, la problématique de la santé a d’abord été traité via l’alimentation, avec des livres de recettes et la mise à disposition de colis de denrées équilibrés. « Puis, nous avons organisé un lieu d’accueil pour le bien-être et la socio-esthétique », relate Lucie Forsans, du Secours populaire de La Rochelle. Le point de départ est une enquête auprès des personnes aidées après le début de la pandémie. « Nous nous sommes rendu compte que les basiques comme le contrôle du diabète était bien pris en charge contrairement aux effets du stress, de l’angoisse du quotidien. » L’atelier comprend une séance de massage, la création de cosmétiques avec des produits de la maison ou le soin des mains. Nathalie a bénéficié de cette dernière activité. « J’ai pu, à travers ce moment renouer avec des gens, avec des interactions. » A travers cette démarche, elle entame ainsi une phase de revalorisation et de reconstruction. Même type de témoignage de la part de Valérie, qui se remet d’une récidive de cancer qui lui a abîmé la peau et les cheveux. « Ces moments de soins sont comme une bulle pour elle », relève Lucie. Améliorer l’état de santé global de la population, en particulier des pauvres et des précaires, nécessite l’action conjointe des différents acteurs mutualistes, institutionnels et associatifs.


* Henriette STEINBERG, secrétaire générale du Secours populaire français ; Sébastien THOLLOT, secrétaire national du Secours populaire français ; Priscille GLAD, Présidente du réseau de l’Institut de Prévention et d’Accompagnement du Burn-Out ; Pascale VATEL, Secrétaire générale de la Fédération des Mutuelles de France (FMF) ; Hélène VANDEWALLE, Responsable projet, l’Institut National contre le cancer (INCa) ; Jean-Luc PUEL, Président de l’Association les Journées nationales de l’audition (JNA) ; Lucie FORSANS, Secrétaire départementale de la fédération du Secours populaire de Charente-Maritime ; Odile MIARA, membre de la commission santé de la fédération du Secours populaire français du Rhône ; Monique AUGE, membre du Conseil d’administration du Secours populaire français ; Eric DELEMAR, défenseur des enfants ; Yannick LUCAS, directeur à la Fédération nationale de la Mutualité française ; Ludovic Martin, directeur à la Mutualité Sociale Agricole (MSA) ; Fanny RICHARD, directrice la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) ; Florent GUERIF, Animateur local des Solidarités de la fédération du Secours populaire du Maine-et-Loire ; Josette ERAUD et Monique BAUMARD, Membres de la Commission santé de la fédération du Secours populaire français de Loire-Atlantique ; Annie-Claire COTTU, élue au Bureau national du Secours populaire français sur les questions de santé et les Médecins du SPF.

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