Restrictions dans le domaine de l’alimentaire

L’alimentation est loin d’être un poste de dépense préservé. Au contraire, face aux dépenses contraintes, comme le logement ou l’énergie, elle est de plus en plus souvent une variable d’ajustement.

Dressage de l'entrée, prunes et tomates en salade.

Quand on interroge les Français, les difficultés pour s’alimenter est pour eux l’indicateur-clé de la pauvreté : 86 % d’entre eux pensent qu’on est en situation de pauvreté quand on éprouve régulièrement d’importantes difficultés pour se procurer une alimentation saine et équilibrée. Or, l’alimentation est loin d’être un poste de dépense préservé. Au contraire, face aux dépenses contraintes, comme le logement ou l’énergie, il est de plus en plus souvent une variable d’ajustement. Ajustement qui peut être quantitatif (manger moins, sauter un repas…) et/ou qualitatif (manger moins équilibré, moins de produits frais…).

Un Français sur cinq a du mal à se nourrir sainement

21 % des Français ont du mal à se procurer une alimentation saine pour assurer trois repas par jour. Ces difficultés sont encore plus importantes pour les plus précaires : près d’une personne sur deux, 48 %, dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1 200 euros éprouve des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine pour faire trois repas par jour.

Difficile de s’alimenter à l’école quand on est un enfant pauvre

Il suffit de s’entretenir avec les parents d’enfants accompagnés par le SPF pour entendre les difficultés rencontrées pour payer les frais de cantine. Beaucoup des enfants de ces familles pauvres ne prennent pas trois repas par jour. En France, en 2018, 19 % des parents d’enfants de moins de 18 ans rencontrent des difficultés financières pour payer la cantine. C’est le cas d’une majorité de parents issus de foyers très modestes.

Or, mettre à disposition des services pour les enfants les plus pauvres est un moyen de réduire les inégalités et de favoriser ainsi une meilleure mobilité sociale, comme le démontre notamment l’étude Healthy School Meals and Educational Outcomes (Repas scolaires sains et résultats éducatifs) dirigée par les universitaires Michèle Belot et Jonathan James, qui atteste que les élèves – notamment les plus défavorisés – bénéficiant d’un déjeuner équilibré sont dans de meilleures conditions pour apprendre. Ce qui contribue ainsi à une égalité des chances un peu plus effective afin de parvenir à une meilleure mobilité sociale.

Les Français convaincus de l’importance de l’aide alimentaire aux plus démunis

La première aide est très souvent alimentaire. Elle est souvent une réponse d’urgence et est donc d’autant plus vitale. Pour assurer cette aide sur tout le territoire, l’association s’appuie sur des collectes et sur le Fonds européen d’aide aux démunis (FEAD).

Les Français ont bien compris toute l’importance de l’aide alimentaire : 92%  des Français estiment qu’il est impératif de  préserver le financement de l’aide alimentaire aux plus démunis, 84 % sont convaincus que la distribution de l’aide alimentaire permet de repérer d’autres problèmes vécus par les personnes (problèmes de logement, d’accès à la santé, de décrochage scolaire…).

Face à ce qu’ils constatent des situations de pauvreté en Europe, les Français jugent durement l’action de l’Union européenne : 3 Français sur 4 considèrent qu’elle ne s’investit pas beaucoup dans la lutte contre la précarité et la pauvreté. Parmi eux, 39% estiment même que ce n’est « pas du tout » le cas, soit 21 points de plus qu’il y a 9 ans. (précédent sondage IPSOS – SPF).

L’aide alimentaire est plus qu’une situation d’urgence, 89 % des Français l’affirment : elle est une rencontre, elle permet de briser l’isolement, qui détruit les êtres dans leur humanité, elle favorise la création du lien social. « Le FEAD sera renégocié en 2020, doit dès aujourd’hui être défendu pour garantir l’accès du plus grand nombre une aide alimentaire diversifée », souligne Sébastien Thollot, secrétaire national du Secours populaire français.

Les personnes interrogées fixent le seuil de pauvreté à 1 118 euros

Les Français pensent qu’avec un revenu inférieur à 1 118 euros mensuel, on peut être considéré comme pauvre. Ce montant interpelle du fait de sa proximité avec le Smic, tout en restant supérieur au seuil de pauvreté « officiel » calculé sur la base de 60% du revenu médian national qui s’élève à 1 015 euros en 2015 selon l’Insee. En 2015, près de 9 millions de Français se situaient en dessous de ce seuil pauvreté officiel. Leur nombre est donc encore plus important si l’on retient le seuil de 1 118 euros avancés par les Français dans le baromètre.

A la fin de l'atelier cuisine avec le chef Thierry Marx, les participants partagent le repas dans la bonne humeur.

A la fin de l’atelier cuisine avec le chef Thierry Marx, les participants partagent le repas dans la bonne humeur.
Photo : Jean-Marie Rayapen

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