Au Bénin, un programme pour lutter contre la malnutrition infantile [Archivé]

Dans quatre communes béninoises, le Secours populaire français mène, pendant trois ans, un programme de lutte contre la dénutrition infantile incluant le suivi sanitaire des plus petits et la diversification de la production agricole.

Au village de Dannou (Sud du Bénin), le suivi sanitaire et nutritionnel de 2600 enfants de moins de 5 ans, dont 25% sont malnutris, a donné des résultats prometteurs.
Pascal Montary

Le Secours populaire intervient au Bénin depuis 2016 avec son partenaire local le Conseil d’activités éducatives du Bénin (Caeb) dans un programme de lutte contre la dénutrition des enfants âgés de moins de 5 ans. Car, même si la faim a reculé au Bénin, de 22,5 % en 1990 à 11,2 % en 2014, de nombreux enfants souffrent d’insuffisance pondérale (entre 17 % et 19 % selon l’Institut national de la statistique et de l’analyse économique du Bénin). Fin janvier 2017, une mission du SPF s’est rendue dans les quatre communes (Sakété, Adjarra, Bonou, Adjohoun, à quelques dizaines de kilomètres de Porto Novo la capitale administrative et de Cotonou, le centre économique), où le programme a été mis en place. D’un montant de 659 396 euros sur trois ans et financé à 50 % par l’Agence française de développement (AFD) - le reste étant assuré par le SPF de Bretagne et de la Sarthe et le Conseil régional de Bretagne -, il concerne 2 600 enfants.

Une large coopération

Les représentants du Secours populaire et les animatrices du Caeb, ont pu, avec les chefs et des membres des communautés villageoises, apprécier le bon déroulement des opérations. La tâche exige une large coopération incluant intervenants étrangers et locaux ainsi que les parents : il s’agit d’introduire, dans un régime pauvre en protéines et vitamines, une alimentation équilibrée. Sensibiliser les mères n’est pas toujours simple, comme le souligne Firmin, secrétaire du comité villageois de Siliko dépendant de la commune d’Adjohoun : « Cela dépend de leurs occupations ménagères et surtout des travaux agricoles » (les femmes y contribuent à hauteur de 60 à 80 % et fournissent 44 % des prestations nécessaires pour nourrir la famille, selon le PNUD).

Séances de pesées et plats équilibrés

Pour juger de l’état des enfants, des séances mensuelles de pesée sont organisées dans les villages. Elles offrent l’opportunité d’aborder avec les mères d’autres questions liées à la santé (vaccination, allaitement, prévention de grossesses rapprochées). Une démonstration culinaire, avec réalisation d’un plat équilibré, réalisé avec des produits locaux, qui est ensuite distribué aux enfants, suit chaque rencontre. « Ces séances, témoigne Julienne, sont des lieux de partage pour nous les mamans. De voir nos enfants en bonne santé nous rend confiantes en leur avenir. »

Sensibiliser les agriculteurs

Le programme, élaboré collectivement, comporte un volet agricole auquel participent des agents des Carder (Centre d'action régional pour le développement rural). Il s’agit de convaincre les chefs de famille de produire d’autres denrées que le maïs, aliment de base dans le sud du pays et de consacrer une part plus importante de la production aux besoins de la famille. Il est donc nécessaire de pourvoir ces agriculteurs en semences améliorées remplaçant un maïs de pauvre rendement et de les amener à varier les cultures en plantant du soja ou des haricots dans le but d’équilibrer l’alimentation des enfants et de la famille.

Une réussite encourageante

Depuis le lancement du projet, il y a un an, agrégeant différents acteurs (Caeb, Carder, institutions béninoises, le Secours populaire, l’AFD, la région Bretagne), les progrès sont notables, ce dont témoigne Michel Avigbé, président du Comité villageois de Siliko : « Je suis d'autant plus sensible à cette action que je vois des enfants suivis qui se portent bien. C'est pour cela qu’au comité, nous nous battons pour que de plus en plus d'enfants participent à nos séances. » Une volonté commune  qu’exprime Paul Loko, directeur exécutif du Caeb : « l’opération est un succès et l’objectif est de passer de 2 600 enfants suivis actuellement à 4 000. »

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