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Ariane Ascaride : « Je les appelle pour savoir comment ils vont »

Mis à jour le par Olivier Vilain
Marraine du Secours populaire, la comédienne Ariane Ascaride appelle régulièrement les bénévoles âgés durant la crise du Covid-19

Marraine du Secours Populaire, l’actrice Ariane Ascaride appelle au téléphone des bénévoles et des personnes isolées de Seine-Saint-Denis depuis le début du confinement. Une initiative qui contribue au moral de personnes fragilisées par l’isolement, comme d’autres permanences de soutien psychologique mise en place par les fédérations du Secours populaire.

Comment est née votre idée d’appeler les personnes confinées à cause de leur âge ?

Au début du confinement, j’ai appelé la fédération de Seine-Saint-Denis du Secours populaire pour aider. Je ne peux pas me permettre de sortir car je dois faire attention à ma santé, mais je ne supporte pas de ne rien faire alors que les besoins sont là. Lorsque j’ai appelé, l’équipe du Secours populaire était en train d’établir une liste de gens, pour la plupart des bénévoles ou des anciens, qui sont confinés. L’idée m’a plu. Depuis, j’appelle ceux qui m’ont été confiés tous les jours.

Vous leur parlez de quoi ? Comment se passe le contact ?

Je leur demande comment ils vont. Certains sont esseulés chez eux, ils peuvent avoir des problèmes de santé et leurs journées sont longues. Ils sont délicieux, gentils… parler leur fait du bien. On discute aussi bien de recettes de gâteaux, de la manière de fabriquer des masques ou même de politique… Plus il y aura de gens qui demanderont à leurs voisins, mieux ce sera.

Parfois, la conversation s’arrête et ce sont mes correspondants qui me demandent si je vais bien ! Ces échanges sont enrichissants car pour la plupart ce sont des gens, qui bien que confinés sortent faire des courses pour leurs voisins moins vaillants… Ils peuvent avoir 84 ans, mais restent des bénévoles au fond d’eux. Certains sortent pour donner un coup de main… Ils ne s’inquiètent pas tellement pour eux mais plutôt pour les jeunes.

Quelle réflexion tirez-vous de ces conversations avec une autre génération ?

Il ne faut pas exclure ces personnes âgées de notre quotidien, de notre réflexion. Avec le confinement, même si c’est une mesure nécessaire pour préserver leur santé voire leur vie, ils sont encore plus invisibles. Ils ont eu des vies, fait des choses… leurs expériences nourrissent une réflexion, un regard, une connaissance de la vie…

Il va falloir prendre en compte que les gens âgés sont la mémoire de la société. Les générations doivent s’entrecroiser et s’entre-aider. Je parle avec des gens qui ont connu la guerre, une certaine sagesse s’en dégage. Je pense que ‘’le monde d’après’’ se prépare dès maintenant et ne pourra pas être le même que celui d’avant car le traumatisme est trop grand. Je souhaite que tout le monde s’en sorte. Pour cela, il faut donner des moyens aux soignants, mais pas seulement parce qu’une société qui fonctionne bien est celle où la santé et l’éducation fonctionnent.

Heureusement, le Secours populaire est là, auprès de ces gens seuls. Et le déconfinement à venir ne voudra pas dire qu’ils pourront revivre une vie normale avant longtemps. Il faudra continuer à s’en soucier.

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