À Reims, les bénévoles sont aux côtés des SDF

Depuis 20 ans, à Reims des bénévoles tiennent une permanence de rue. Face à la gare, une camionnette aux couleurs du SPF reçoit les personnes vivant dans la rue. Christian, Martine et Marie-Renée offrent boissons chaudes, couvertures et conseils.

Du 1^er novembre au 30 mars, l’équipe de bénévoles de l’antenne mobile de rue est présente devant la gare de Reims. Du lundi au vendredi, de 14h30 à 16 heures 30, une vingtaine de bénévoles sont présents pour aider et accompagner des personnes en situation de très grande précarité. « Nous sommes là tous les jours, et notre arrivée est très attendue. Des habitués sont là régulièrement. Nous avons des relations très privilégiées avec certains. Une vraie confiance s’est instaurée » explique Michel responsable de l’antenne mobile. À peine arrivée devant la gare, l’équipe constituée de quatre bénévoles est rejointe par Guillaume et Fred qui leur donnent un coup de main pour tout installer. Tous deux vivent à moitié à la rue, à moitié chez des amis et dans leur famille. Presque tous les jours ils se retrouvent avec les bénévoles du SPF : « Ici on est toujours bien accueillis, les bénévoles sont toujours gentils et ils nous aident quand on est en galère. Quand on a besoin de vêtements chauds, ils nous donnent des bons pour aller au SPF, cela nous dépanne bien. Et puis on sait que l’on aura un repas chaud » raconte Guillaume.

Soupes chaudes et sandwichs

Ils sont environ une quarantaine à venir à la rencontre des bénévoles cette après-midi là. Martine a préparé un gâteau qui remporte un immense succès. En quelques minutes à peine, toutes les parts sont distribuées et dégustées avec plaisir. En plus de cette pâtisserie, il est proposé de la soupe chaude, du café , du thé et des sandwichs. Bénévoles et personnes aidées se connaissent bien, les uns et les autres se retrouvant sur ce parking depuis plusieurs années maintenant. Michel demande des nouvelles de ses enfants à Véronique qui vient de trouver un stage, interroge John sur sa demande d’allocation adulte handicapé. Yoan, qui vient de fêter ses dix-huit ans, avoue ne pas avoir mangé depuis 24 heures. Il a  entendu parler de la camionnette du SPF par des copains. Vivant dans un squat, il est sur Reims depuis trois mois après avoir vécu un an dans les Ardennes. Ayant quitté l’école à 13 ans, ses parents l’on mis à la porte l’année d’après. Depuis il « zone », comme il le dit lui même. Après avoir mangé deux bols de soupe et un sandwich il demande une paire de gants et un bonnet. Christian fait une recherche dans les placards de la camionnette. Espace où l’on trouve quelques vêtements et des couvertures disponibles en cas d’extrême urgence

Une vie faite de débrouille

Gody, originaire du Nigéria est enceinte de 5 mois. Avec son mari, ils sont arrivés en France après six mois de voyage. Aujourd’hui elle apprécie de pouvoir manger chaud. Christian, bénévole au SPF depuis presque un an les oriente vers une assistante sociale qu’il connaît. Leur situation un peu compliquée demande des connaissances juridiques spécifiques, notamment sur le statut des demandeurs d’asile. Habillée d’une simple veste, elle repart avec un manteau plus épais qui lui permettra de faire face au froid. Quant à Brian, il touche le RSA, ce qui lui permet en début de mois de dormir quelques nuits à l’hôtel, situation que beaucoup de ses amis vivent aussi. Pour lui la vie est faite de débrouille permanente « Quand je n’ai plus d’argent, je dors un peu partout, dans des baraques de chantiers, sous une tente… Pour manger je viens ici, le soir je me débrouille avec ce que je peux trouver. Je fais aussi la manche. Je ne mange pas toujours deux repas par jour. » Des boîtes pour les animaux sont aussi données à ceux qui partagent leur vie avec un chien. Compagnon de vie mais aussi ami protecteur. Comme l’explique Sébastien, « Sans mon chien je ne me sentirais pas en sécurité. Il me protège dès qu’on s’approche de mes affaires. Il est fidèle et je sais que je peux compter sur lui. » Deux heures après leur installation, Christian, Michel, Martine et Marie- Renée n’ont plus rien. Tout a été distribué. Mais la journée n’est pas finie, il leur faut rentrer au Secours populaire pour tout ranger et nettoyer.