À Cherbourg on pratique une solidarité haute couture…

Mis à jour le par Anne-Marie Cousin

Depuis un an Halima s’est reconvertie en professeur de couture bénévole au Secours populaire de la Manche. Ainsi, une fois par semaine elle accueille Aissatou, Johanna, Isabel, Elisabeth et Odell pour leur apprendre à coudre mais aussi à partager des moments de convivialité. Avec cet atelier* l’objectif est triple : apprendre à coudre, se rencontrer et soutenir des projets monde. Une première vente des sacs déjà confectionnés est prévue lors de la prochaine braderie de la fédération au profit d’un projet pour le Maroc.

Entre la permanence d’accueil et l’espace solidarité de l’antenne de Cherbourg du Secours populaire, on découvre une petite pièce avec des tables et 6 machines à coudre. Une petite pièce où s’entassent des mètres et des mètres de tissus prêts pour une seconde vie. Bien que serrées les unes contre les autres, les apprenties couturières ne rateraient pour rien au monde ces deux heures hors du temps. Ce jour-là, elles sont cinq à être encadrées par Halima qui, bien que n’ayant jamais enseigné la couture, dispose de compétences pédagogiques ; elle était professeur de sciences de la vie et de la terre dans un lycée de Cherbourg. « J’ai toujours aimé coudre. Étudiante, je me fabriquais mes robes et ensuite j’ai fait des vêtements pour mes enfants. La couture m’a toujours plu, alors quand on m’a proposé d’animer cet atelier je n’ai pas hésité longtemps. » Pour préparer les ateliers, elle s’inspire de tutos trouvés sur internet.

Ici, en plus d’apprendre à coudre, on apprend le français

Comme à chaque fois, dès leur arrivée, les apprenties couturières prennent leurs boîtes à couture avec tout ce dont elles ont besoin. Ciseaux, bobines de fil, découd-vite, épingles… Puis immédiatement le cours commence, chacune s’installant devant sa machine, attentive aux consignes d’Halima. Alors qu’il y a un an, aucune ne savait coudre, aujourd’hui cet univers leur semble bien plus familier. Plus besoin de répéter et d’expliquer très longtemps les consignes. Très vite, toutes s’attellent à leur tâche et, rapidement, le bruit des machines emplit la pièce. Des sacs ont déjà été confectionnés et un nouveau projet créatif a démarré il y a quelques semaines : réaliser un range-couverts en tissu. Ce ne sont pas les idées qui manquent, bien au contraire.

Halima entourée de son équipe de couturières prend le temps d’expliquer les consignes.©Jean-Marie Rayapen

Pour Élisabeth, qui n’est inscrite que depuis trois semaines, les consignes sont cependant un peu difficiles à comprendre. Ne parlant qu’anglais, elle est aidée par Halima qui enseignait en section européenne. Aissatou, originaire de Guinée Conakry, sait qu’elle peut compter sur la bienveillance de son amie Johanna qui se passionne pour la couture depuis qu’elle a pu s’inscrire à l’atelier. Comme elles, les participantes sont assidues et profitent de cet instant pour partager un moment de convivialité qui leur permet de rompre avec un quotidien parfois compliqué. Ici, en plus d’apprendre à coudre, on apprend le français et on agit pour la solidarité mondiale.

Pour elle la couture est devenue une vraie passion

Quand Johanna, jeune femme de 37 ans, est arrivée d’Angola avec ces deux enfants il y a deux ans, elle ne parlait pas français. Bénévole au Secours populaire, elle vient deux fois par semaine à l’antenne de Cherbourg, une fois pour coudre et une autre fois pour trier les dons de vêtements et récupérer les tissus dont les couturières ont besoin. L’occasion pour elle de pratiquer le français, qu’elle apprend aussi avec une autre association tous les vendredis. Pour elle la couture est devenue une vraie passion, alors pourquoi ne pas envisager une fois ses papiers obtenus de faire une formation et devenir couturière ? Tout sourire, elle se prête à rêver. Pour Viviane, responsable de l’animation au sein de l’antenne, « cet atelier est très important, car au-delà des compétences acquises en couture, il offre la possibilité de rencontres et d’échanges entre des personnes qui sont parfois isolées. Certaines sont devenues amies et se voient en dehors. Et puis tout ce qui a été réalisé sera vendu, notamment lors de notre prochaine braderie, au profit de nos actions à l’international ». La vente de la cinquantaine de sacs fabriqués par l’atelier de couture de l’antenne va permettre de soutenir un projet à Marrakech au Maroc avec Dar Babana. Une association qui s’est donné pour mission d’aider et accueillir des personnes souffrant de cancer, en situation de précarité et habitant loin de l’hôpital. Des hébergements leur sont proposés, notamment entre deux traitements.

*Cette action s’inscrit dans la démarche d’Education à la Citoyenneté et à la Solidarité internationale (ECSI) du SPF. Elle bénéficie du soutien financier de l’Agence française de développement