« Eradiquer la sous-alimentation chronique d’ici 2030 sera très difficile »

Sébastien Chailleux (ActionAid France), chef de file de la Commission agriculture et alimentation de Coordination SUD - dont le Secours populaire est membre - qui regroupe les ONG françaises sur les questions d’alimentation.

« Si l’accès à l’alimentation s’améliore en Chine, il se dégrade dans les 45 pays les plus pauvres, pour la plupart en Afrique. Il faut augmenter les investissements publics dans l’agriculture des pays riches et ceux des bailleurs de fonds internationaux (Banque mondiale, banques régionales de développement, Banque européenne d’investissements, etc.).

L’aide au développement de la part de la France, par exemple, est insuffisante. En 2016, elle a représenté 0,38 % du PIB. La France s’était engagée à en fournir le double. En outre, moins de 0,5 % de cette enveloppe est consacré à la lutte contre la sous-nutrition (travaux d’irrigation, construction de routes rurales,…). Le soutien à l’agriculture familiale et paysanne doit devenir une priorité.

Cette aide peut se concrétiser, via l’intervention d’ONG, sous la forme d’appuis techniques, de partages d’expériences, de renforcement des capacités, notamment via l’accès à la terre arable et la lutte juridique contre leur accaparement. Cela peut aussi se traduire par la distribution de semences non OGM et non brevetées, échangeables entre paysans.

Globalement, le but est de développer la production locale dans le respect des milieux naturels et favoriser l’accès à une alimentation de qualité. Par souci de cohérence, nous demandons aussi la fin des politiques commerciales de libre-échange mettant en concurrence les paysannes et les paysans africains, par exemple, et les agro-industries subventionnées des pays riches. Au final, respecter l’objectif des Nations Unies d’éradication de la sous-alimentation chronique en 2030 sera très difficile. »

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