Émanciper
Vacances : voir Bruxelles et revenir

Une cinquantaine de petits Franciliens sont partis pour une journée d’escapade à la découverte de Bruxelles. Ils ont retrouvé leurs amis belges, qui étaient venus les voir trois jours avant à Paris. Une bouffée d’oxygène pour ces enfants qui sinon seraient privés de vacances.
A quoi reconnait-on un groupe d’enfants « Copain du Monde » en excursion ? Il y a d’abord les casquettes blanches, avec la main ailée du Secours populaire et le nouveau logo de « Copain du Monde » ; les rires ; et aussi un regard porté sur l’extérieur.
Ainsi, le 7 juillet dernier, un groupe de 50 jeunes, dont les familles sont aidées par le Secours populaire à Paris et dans la petite couronne, a pris le Thalys gare du Nord pour passer une journée de découverte à Bruxelles. Le voyage était offert par le transporteur qui opère sur cette ligne la rotation des TGV depuis 25 ans. Arrivé à la gare de Bruxelles-Midi, les enfants ont retrouvé leurs copains belges, suivis eux par le Secours populaire de Belgique – Wallonie.
Retrouvailles avec les copains bruxellois
Ces derniers étaient venus à Paris trois jours plus tôt. Les deux groupes avaient pris une navette fluviale pour une croisière ensoleillée sur la Seine. Toujours quelque chose à dire et le regard vif, Mohamed, 11 ans, avait fait sensation en mettant l’ambiance au micro. Un vrai performer. Dans les rues de Bruxelles, il raconte encore son succès, ses traits d’humour, son jeune public qui enchaîne les rires.
Le Centre national de la Bande dessinée a réservé un tourbillon de couleurs aux jeunes vacanciers.
De son côté, Haron, 9 ans, confie qu’il a aimé à Paris « les tours de manèges, la balade en bateau » ; s’être fait de « nouveaux amis belges » aussi, dit-il. Tout en parlant, le groupe passe devant la fontaine du Manneken-Pis, le moment pour se séparer : un groupe va au Musée du chocolat, un autre au Centre belge de la bande dessinée.
Après la visite, ils se retrouvent tous pour déjeuner dans l’amphithéâtre de verdure du parc du Heysel, à la périphérie de la métropole multilingue. Le soleil est de la partie. Le moment, pour les uns, pour raconter la fabrication du chocolat par un chef cuisinier devant plusieurs dizaines de paires d’yeux chargées de gourmandise, suivie d’une dégustation.
« On voit tous les détails, c’est chouette »
Pour les autres, comme Haron, c’était la satisfaction d’avoir retrouvé des héros qu’ils aiment. Des classiques comme « Tintin » ou « Spirou », « celui qui est habillé tout en rouge » ; et des plus récents comme « Cédric » et « Mortelle Adèle ». La petite Janna, 8 ans et un grand sourire, a préféré voir « en vrai » le village des « Schtroumpfs ».
Jeune ado, Jalil, lui, a aimé se promener dans les salles où les cases de BD coréennes étaient agrandies à la dimension des murs. « On voit tous les détails comme ça, c’est chouette. » Ils ont tous reçu trois bandes dessinées. Inhabituel pour eux, car ils connaissent surtout cet univers à travers les dessins animés passant à la télévision ou sur internet. La plupart se contentent de lire dans le cadre scolaire, n’ayant pas vraiment accès à l’écrit chez eux. Jalil résume le sentiment général : « J’aime pas vraiment lire. »
Au parc Mini-Europe, les enfants font le tour du continent en s’amusant et sous un beau soleil d’été.
Jalil est très à l’écoute du monde qui l’entoure. Un peu plus tôt, il déambulait avec ses amis dans le centre-ville commerçant et entièrement piéton de Bruxelles. Soudain, l’ado s’arrête. Il sort de son sac un paquet de gâteaux, se penche vers un tas de couvertures à même le trottoir. Il secoue doucement l’épaule d’une petite qui dormait encore à côté de ses parents. La petite ouvre les yeux et, surprise, attrape le paquet que Jalil lui tend. Le parisien rejoint ensuite le groupe juste avant que celui-ci n’entre dans l’hôtel de ville dont le beffroi néogothique domine la Grand-Place pavée, qui marque le centre de l’agglomération bruxelloise. « Je ne supporte pas de voir des enfants comme ça, dormant dans la rue. J’imagine très bien quelle insécurité cela représente. » La famille venait d’Afghanistan ou de Syrie, impossible à dire avec certitude.
Jalil est un « Copain du Monde » assidu. Dans ce cadre, les enfants apprennent à être attentifs et à pratiquer la solidarité. Les familles des 50 Franciliens invités par le Secours populaire sont accompagnées par l’association tout au long de l’année. Leurs revenus étant trop faibles ou trop irréguliers pour suffire à faire face aux dépenses du quotidien. « C’est une chance pour eux de quitter la France même une seule journée comme ça. Avec le confinement, ils n’ont pas bougé pendant 5 mois et avec la crise ils ne sont pas partis en vacances depuis 2 ans », explique Erick, bénévole au Secours populaire.
Mettre les confinements loin derrière
Educateur de profession, il accompagne les petits Parisiens depuis plusieurs années. « Aujourd’hui, ils ont la possibilité de découvrir un pays qu’ils ne connaissent pas et qui est seulement à 1h30 de chez eux. » Haron se confie en effet sur une année très dure : « C’était nul de pas sortir, de pas pouvoir prendre l’air, de ne pas voir les copains et d’avoir des cours en ligne. » Découvrir une métropole étrangère, s’amuser avec des jeunes du même âge, profiter du plein air comme durant l’après-midi au parc mini-Europe, qui regroupe les maquettes des monuments les plus emblématiques du continent… La journée a constitué un joli contrepoint.