Émanciper
De la Provence à Paris, un voyage de ouf !

Du Panthéon au Champ-de-Mars, les enfants de Provence ont vécu une « journée de ouf ». Dina, Estéban, Sofia, Medi… et leurs accompagnateurs étaient les invités de la grande Journée des oubliés des vacances organisée pour les 80 ans du Secours populaire. Visite culturelle, grand spectacle et animations en tous genres ont rythmé cette incroyable journée dont ils se souviendront longtemps.
Venus de Sainte-Tulle, de Digne-les-Bains et de Forcalquier, les 46 enfants des Alpes-de-Haute-Provence ont démarré cette Journée de ouf par une visite du Panthéon. Même si certains avouent ne pas vraiment aimer les cours d’histoire, tous sont attentifs aux explications de la guide Amandine Aublanc. Pour commencer, une présentation de la maquette et du lieu est faite à tous les participants. C’est alors qu’ils apprennent que le Panthéon, qui était une église, est devenue pendant la Révolution française un monument funéraire destiné à rendre hommage aux grands hommes de la nation. C’est pour cela que, sur le fronton du Panthéon, on peut lire la devise « Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante ». Premier à entrer dans ce lieu : Voltaire en 1791. Depuis, 80 grands hommes ont été panthéonisés, mais seulement 7 femmes déplore la guide. Il a fallu attendre le 20 avril 1995 pour que Marie Curie ait une place au Panthéon.
Le Panthéon impressionne
Une fois ce petit cours d’histoire donné, le groupe est invité à se rendre dans la crypte où reposent les différentes tombes. Certains noms sont connus des enfants, comme Victor Hugo, Émile Zola et Marie Curie, tandis que d’autres beaucoup moins. C’est notamment le cas de Victor Schoelcher, homme politique ayant combattu l’esclavage et obtenu son abolition par décret en 1848. Pour Sofia, 12 ans, cette visite a été une véritable découverte ; elle qui ne connaissait pas Paris et n’avait jamais entendu parler du Panthéon est impressionnée par la solennité du lieu. « C’est un peu comme un cimetière avec des gens célèbres qui ont fait de grandes choses pour la France, comme les résistants pendant la guerre ». Quant aux bénévoles accompagnateurs, ils apprécient aussi cette visite qui permet aux enfants de bénéficier d’un cours d’histoire en 3D. Carmen, bénévole depuis 10 ans au comité de Sainte-Tulle et médecin à la retraite, apprécie que la guide éclaire les enfants sur des valeurs qui sont également portées par le Secours populaire, comme l’engagement et la solidarité. « Avec cette visite et la présentation de la guide, les enfants ont été sensibilisés à l’égalité hommes femmes mais aussi aux questions de la défense des libertés et des droits de l’homme. Au Secours populaire, ce sont des notions qui nous sont chères et que l’on tente de transmette aux enfants que nous accompagnons. »

Après la visite, les trois groupes se retrouvent pour se rendre sur le Champ-de-Mars où les attendent de nombreuses surprises. A leur arrivée, certains s’arrêtent dès qu’ils voient la tour Eiffel, notamment Medi et Lina qui ne l’ont jamais vue et qui en restent sans voix. Découvrant le lieu, les enfants comprennent assez vite que le site leur offre de nombreuses activités et un terrain de jeux XXL. Mais avant toute chose, c’est un grand show musical offert par NRJ qui les attend, les animations sportives et créatives n’ouvrant qu’à 15h après le spectacle. Ainsi, durant plus d’une heure et demie, les artistes vont se succéder pour la plus grande joie des enfants et des bénévoles. A l’annonce de l’arrivée de Léna Situations sur scène, c’est de la folie ; Lina, qui est abonnée au compte de l’influenceuse, n’en revient pas de la voir en vrai. Comme tous les enfants des Alpes-de-Haute-Provence, elle quitte les accompagnateurs pour s’approcher de la scène et voir de plus près les artistes qui vont se succéder. « Une demande avec toi, je n’ai plus peur de rien », des paroles reprises par Dina et Lina qui semblent bien connaître le répertoire de Vitaa, une artiste présente. Une très belle fête que tous apprécient et qui en fait danser plus d’un.
Le concert et les animations éblouissent
Quant au final du spectacle, il est clair qu’il restera dans la mémoire de tous, car le passage de la patrouille de France venue saluer le Secours populaire français en cette journée de ouf a ébloui les petits Provençaux comme tous les 40 000 enfants présents sur la pelouse. Ayant créé un groupe WhatsApp avec les parents, Joëlle Guichard, responsable du comité de Sainte-Tulle, envoie des photos pour que les parents puissent suivre en temps réel la magie de cette journée. Aujourd’hui, les portables étaient bannis de cette journée et restés à Sainte-Tulle.
Avant que tous puissent profiter des 160 animations et activités proposées, les enfants veulent absolument se rendre à l’espace de la boutique souvenirs. Chacun a apporté une petite somme à disposition pour effectuer des achats et faire plaisir à ceux qui ne sont pas là. Malgré l’attente, la motivation est au rendez-vous. Tous repartent avec des porte-clés, des stylos, des boules à neige et de petites tours Eiffel en métal de plusieurs couleurs. Sofia, Israa, Iman, et Yoann ont pensé à leurs parents, à leurs frères et sœurs et aussi aux grands-parents.
Dans la fabrique des lois

Dans la cour d’honneur de l’Assemblée nationale, le guide s’est arrêté devant l’immense boule de granit de deux tonnes qui est entourée de la Déclaration des droits de l’Homme gravée dans un hémicycle de pierre. « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », lit-il, ajoutant : « Tout le monde, les hommes, les femmes et les enfants. » Devant lui, un groupe de 25 enfants venus de Saint-Dizier l’écoute. Au total, ils étaient plus d’une centaine, le 20 août au matin, à découvrir le Palais Bourbon, avant d’aller au Champ-de-Mars.
Les enfants, âgés de 9 à 13 ans, vont de salles en salles. L’agencement, les scènes peintes aux plafonds et la bibliothèque de ce palais de la République font grande impression sur Lya et Maëlys. Tout au long de la visite, le guide explique comment la loi est débattue, comment les points de vue différent entre les groupes politiques et comment les textes sont votés. Rama et sa sœur Saba confient qu’elles vont raconter la visite à leur mère, qui les élève seule et a travaillé tout l’été. « On va lui montrer nos photos, et même en accrocher au mur. »
Le groupe est aussi accompagné par Gaspard G., célèbre vulgarisateur politique dont la chaîne Youtube compte 1 million d’abonnés. Habitué à parler aux enfants, il leur fait comprendre le rôle des députés, « c’est comme des délégués de classe ». En ressortant face à la place de la Concorde, Maëlys résume ce qu’elle a appris : « Je comprends mieux que sans loi dans la société, ce serait le bazar. »
Olivier Vilain
La vasque olympique à portée de main

Au pied de la pyramide du Louvre, dès 7h45, arrivent les premiers cars. 25 sont attendus – soient un millier d’enfants – sur le seul site du jardin des Tuileries. Yeux endormis, large sourire, casquette vissée sur la tête, les petites silhouettes confluent vers la vasque olympique installée dans le grand bassin du jardin des Tuileries. Les enfants de Haute-Garonne sont partis la veille, à la tombée de la nuit tandis que ceux de Seine-Maritime ont pris le départ dès l’aube. Ils pourraient presque toucher l’immense ballon en suspension qui les ont fait rêver lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
Ils sont accueillis par la célèbre journaliste sportive Maxine Eouzan. « C’est une chance de ouf de le voir aussi près », clame-t-elle. Les petits vacanciers d’un jour acquiescent. A leurs questions, une designeuse de l’équipe d’EDF conceptrice de la vasque répond volontiers. « C’est une flamme propre, c’est-à-dire qu’elle est composée uniquement d’eau et de lumière ». Shaya, 11 ans, est ébahie. « Il en faut, du talent, pour imaginer une chose pareille ! » Deux champions olympiques partagent leur expérience. Denis Gargaud Chanut est un as du slalom en canoë kayak. Nantenin Keïta, malvoyante, est une reine du 400 mètres. « Il ne faut jamais lâcher ses rêves, les enfants », partage « Nanto ». Thierry Robert, directeur général du Secours populaire, porteur de la torche lors de Paris 2024, en montre un exemplaire aux enfants qui s’agglutinent autour de lui. C’est un autre rêve à portée de main. Il est 10 heures et les enfants se dirigent vers la tour Eiffel dont la silhouette se dresse au loin. Sur le Champ-de-Mars les attend un programme féérique.
Pierre Lemarchand