A Avignon les jeunes mettent la solidarité en scène…

Du 23 au 26 juillet, une soixante de jeunes du Secours populaire ont participé à la 79e édition du Festival d’Avignon. Logés au lycée Mistral au cœur de la vieille ville, ces festivaliers néophytes âgés de 17 à 26 ans ont vécu de l’intérieur cet événement et plongé dans l’univers théâtral passant de la pratique à travers des ateliers à des spectacles vus ensemble. Pour la grande majorité d’entre eux, ce séjour de quatre jours constitue une expérience inédite : leur premier festival de théâtre abordé comme « une aventure en collectif ». Pour Andrei et Vasile, deux étudiants roumains soutenus par l’association Magic, et les jeunes Marocains présents, c’est aussi une première immersion en France, une occasion unique de se familiariser avec sa culture et d’explorer le riche patrimoine architectural d’Avignon baigné de soleil.
L’accueil officiel des participants du Secours populaire (1) a eu lieu mercredi 23 juillet à 16 h. Puis tout le monde s’est installé dans les dortoirs de l’internat du lycée situé au 2e étage. « On travaille sur le vivre-ensemble, la cohésion de groupe et le fait de faire connaissance dans de bonnes conditions. Notre but : que tout le monde se rencontre et que la vie en commun se passe bien, quels que soient ton milieu, tes origines, ta culture, ta religion ou les difficultés pour communiquer, pour les allophones par exemple », explique Stéphanie Parruitte, coresponsable bénévole de ce lieu d’accueil surnommé « Le Grand Mistral », géré par les Centres de jeunes et de séjours du Festival d’Avignon. Après cette installation, un groupe d’une trentaine de personnes ont assisté à la représentation d’Israel & Mohamed, un spectacle du In programmé au cloître des Carmes qu’ils ont préparé en atelier afin de se mettre en disponibilité pour le vivre pleinement. Le deuxième groupe a visité en nocturne la ville d’Avignon pour sentir l’ambiance du Festival.
« Le théâtre n’est qu’un lieu de rencontre, l’espace du risque et du possible »
Pour choisir parmi trois pièces du Off et préparer le spectacle auquel ils assisteront dans l’après-midi du jeudi 24 juillet, les jeunes suivent dans la matinée des ateliers de pratiques théâtrales. Encadrés par les animateurs bénévoles des Ceméa qui accompagnent les jeunes au spectacle, ces ateliers ont lieu par petits groupes dans les salles de classe du lycée vite envahies par les rires et la bonne humeur des participants. Dans celui animé par Yann et Zoé, ils apprennent à mieux se connaître : cela passe par la prise de parole, des jeux, de la danse et la musique. Ils partagent leurs expériences de spectateurs et réfléchissent à la notion de spectacle vivant qui implique d’avoir des artistes « vraiment là, en face sur une scène ». Ils travaillent sur les thématiques abordées par les pièces et sont invités à échanger, quand ils le choisiront, leurs impressions après la représentation : « S’il y a des choses qui vous ont marqué positivement ou négativement, il ne faut pas hésiter à en discuter, leur précise Yann. Moi je serai tout le temps disponible – c’est dans mon tempérament – pour parler d’un spectacle si vous le souhaitez ». Au cours de ces ateliers, ils se familiarisent aussi avec les coutumes et les outils du Festival comme le programme du Off, un catalogue de 488 pages surnommé « le Bottin téléphonique » ou « l’annuaire ».

Du spectacle vivant « sans temps mort »
Après le déjeuner pris ensemble dans la cantine du lycée, chacun se rend en petit groupe à son spectacle. À la fin de la représentation de Wasted joué à 15 h au 11 Avignon, les jeunes, passionnés, partagent leurs impressions dans le hall du théâtre qu’ils doivent quitter avec regret. Dans le tourbillon du Off dans lequel les pièces s’enchaînent sans temps mort, il n’est pas possible de s’attarder devant la salle, car d’autres spectateurs, impatients, s’apprêtent à faire leur entrée.
« C’était magnifique, transcendant : [ce spectacle] nous frappe en pleine tête. Il nous touche directement : on n’a pas l’habitude d’aller si loin dans le futur », s’enthousiasme Audrey, 18 ans, des Hautes-Pyrénées, qui part, son bac en poche, en médecine à la rentrée. « J’ai adoré : cela fait réfléchir, abonde Kiliane, 17 ans, qui est déjà venu au Festival. C’est intéressant de voir des pièces : cela ne s’arrête pas à une seule idée. Avec l’acteur en face de nous [sans décor], cela donne toutes les émotions, avec même la musique [jouée sur scène]. » Alors que les jeunes continuent d’échanger leurs ressentis devant le théâtre, l’un des trois acteurs en sort : les remerciements fusent et un dialogue spontané s’engage aussitôt, sans formalisme, comme entre connaisseurs de spectacle vivant qui se retrouvent. « Allez voir un max de trucs », lance le comédien avant de filer. Avant le repas du soir prévu à 19 h 30, c’est quartier libre et chacun s’invente son Avignon. Une partie du groupe choisit de rentrer au lycée tout proche pour profiter de sa grande cour, où l’on peut s’entraîner au basket. D’autres décident d’investir la vieille ville, où même ses murs semblent réciter du théâtre. Beaucoup ont pris goût à son effervescence, à l’instar de Léonie, 17 ans « bientôt 18 ». Venue de Tarbes (65), elle collectionne les flyers que les compagnies distribuent à la criée dans la rue : « J’en ai une petite dizaine, pour l’instant que je vais ramener chez moi. » Certains y ont même glané des invitations pour des spectacles du Off.
Le choc du In
Vendredi 25 juillet à midi, une trentaine de jeunes découvrent à leur tour le In, en assistant à une représentation de La Distance, une création de Tiago Rodrigues, directeur du Festival, qui se joue à L’Autre scène, une grande salle de 550 places située à Vedène à une douzaine de kilomètres d’Avignon. « Un spectacle profond plein d’émotions, souligne Ibtihal d’Achères (78), âgée de 22 ans, qui participe à son premier festival de théâtre. La fin était émouvante : je me suis remise en question dans ma relation avec la Terre, avec mon père aussi. » Titulaire d’un master en science des données et stratégie, cette future data scientist « a vécu une expérience marquante, y compris au lycée, où il y avait plusieurs groupes et nous discutions après les représentations des spectacles entre nous et dans les ateliers. C’était vraiment enrichissant, à tous les niveaux. »
Reportage écrit par Laurent Lefèvre
1. De la fédération de l’Ain, de l’Allier, du Calvados, de l’Essonne, de Haute-Vienne, des Hauts-de-Seine, des Hautes-Pyrénées, de l’Isère, des Pyrénées orientales, du Rhône, de Seine-Saint-Denis et des Yvelines.
Favoriser le vivre-ensemble
L’accueil officiel des participants du Secours
populaire (1) a eu lieu mercredi 23 juillet à 16 h. Puis tout le
monde s’est installé dans les dortoirs de l’internat du lycée situé au 2e
étage. « On travaille sur le vivre-ensemble, la cohésion de groupe et le
fait de faire connaissance dans de bonnes conditions. Notre but : que tout
le monde se rencontre et que la vie en commun se passe bien, quels que soient
ton milieu, tes origines, ta culture, ta religion ou les difficultés pour
communiquer, pour les allophones par exemple », explique Stéphanie
Parruitte, coresponsable bénévole de ce lieu d’accueil surnommé « Le Grand
Mistral », géré par les Centres de jeunes et de séjours du Festival d’Avignon. Après cette installation, un groupe d’une trentaine
de personnes ont assisté à la représentation d’Israel & Mohamed, un spectacle du In programmé au cloître des Carmes
qu’ils ont préparé en atelier afin de se mettre en disponibilité pour le vivre
pleinement. Le deuxième groupe a visité en nocturne la ville d’Avignon pour
sentir l’ambiance du Festival.
« Le théâtre n’est qu’un lieu de rencontre, l’espace
du risque et du possible »
Pour choisir parmi trois pièces du Off et préparer le
spectacle auquel ils assisteront dans l’après-midi du jeudi 24 juillet,
les jeunes suivent dans la matinée des ateliers de pratiques théâtrales. Encadrés
par les animateurs bénévoles des Ceméa qui accompagnent les jeunes au spectacle, ces
ateliers ont lieu par petits groupes dans les salles de classe du lycée vite
envahies par les rires et la bonne humeur des participants. Dans celui animé
par Yann et Zoé, ils apprennent à mieux se connaître : cela passe par la
prise de parole, des jeux, de la danse et la musique. Ils partagent leurs
expériences de spectateurs et réfléchissent à la notion de spectacle vivant qui
implique d’avoir des artistes « vraiment là, en face sur une scène ».
Ils travaillent sur les thématiques abordées par les pièces et sont invités à échanger,
quand ils le choisiront, leurs impressions après la représentation :
« S’il y a des choses qui vous ont marqué positivement ou négativement, il
ne faut pas hésiter à en discuter, leur précise Yann. Moi je serai tout le
temps disponible – c’est dans mon tempérament – pour parler d’un spectacle si
vous le souhaitez ». Au cours de ces ateliers, ils se familiarisent aussi avec
les coutumes et les outils du Festival comme le programme du Off, un catalogue
de 488 pages surnommé « le Bottin téléphonique » ou
« l’annuaire ».
Du spectacle vivant « sans temps mort »
Après le déjeuner pris ensemble dans la cantine du
lycée, chacun se rend en petit groupe à son spectacle. À la fin de la
représentation de Wasted
joué à 15 h au 11 Avignon, les jeunes, passionnés, partagent leurs impressions
dans le hall du théâtre qu’ils doivent quitter avec regret. Dans le tourbillon du
Off dans lequel les pièces s’enchaînent sans temps mort, il n’est pas possible
de s’attarder devant la salle, car d’autres spectateurs, impatients,
s’apprêtent à faire leur entrée.
« C’était magnifique, transcendant : [ce spectacle]
nous frappe en pleine tête. Il nous touche directement : on n’a pas
l’habitude d’aller si loin dans le futur », s’enthousiasme Audrey, 18 ans,
des Hautes-Pyrénées, qui part, son bac en poche, en médecine à
la rentrée. « J’ai adoré :
cela fait réfléchir, abonde Kiliane, 17 ans, qui est déjà venu au Festival.
C’est intéressant de voir des pièces : cela ne s’arrête pas à une seule
idée. Avec l’acteur en face de nous [sans décor], cela donne toutes les émotions,
avec même la musique [jouée sur scène]. » Alors que les jeunes continuent
d’échanger leurs ressentis devant le théâtre, l’un des trois acteurs en sort :
les remerciements fusent et un dialogue spontané s’engage aussitôt, sans
formalisme, comme entre connaisseurs de spectacle vivant qui se retrouvent. « Allez voir un max de trucs », lance le
comédien avant de filer. Avant le repas du soir prévu à 19 h 30, c’est
quartier libre et chacun s’invente son Avignon. Une partie du groupe choisit de rentrer au lycée tout proche pour profiter
de sa grande cour, où l’on peut s’entraîner au basket. D’autres décident
d’investir la vieille ville, où même ses murs semblent réciter du
théâtre. Beaucoup ont pris goût à son
effervescence, à l’instar de Léonie, 17 ans « bientôt 18 ».
Venue de Tarbes (65), elle collectionne les flyers que les compagnies
distribuent à la criée dans la rue : « J’en ai une petite dizaine,
pour l’instant que je vais ramener chez moi. » Certains y ont même glané
des invitations pour des spectacles du Off.
Le choc du In
Vendredi 25 juillet à midi, une trentaine de
jeunes découvrent à leur tour le In, en assistant à une représentation de La Distance, une création de Tiago Rodrigues, directeur du Festival, qui se joue à
L’Autre scène, une grande salle de 550 places située à Vedène à une douzaine de
kilomètres d’Avignon. « Un spectacle profond plein d’émotions, souligne Ibtihal
d’Achères (78), âgée de 22 ans, qui participe à son premier festival de théâtre.
La fin était émouvante : je me suis remise en question dans ma relation
avec la Terre, avec mon père aussi. » Titulaire d’un master en science des
données et stratégie, cette future data scientist « a vécu une
expérience marquante, y compris au lycée, où il y avait plusieurs groupes et
nous discutions après les représentations des spectacles entre nous et dans les
ateliers. C’était vraiment enrichissant, à tous les niveaux. »
1. De la fédération de l’Ain, de l’Allier, du
Calvados, de l’Essonne, de Haute-Vienne, des Hauts-de-Seine, des Hautes-Pyrénées,
de l’Isère, des Pyrénées
orientales, du Rhône,
de Seine-Saint-Denis et des Yvelines.