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Pour ses 80 ans, le Secours populaire est au sommet

Mis à jour le par Olivier Vilain
Sommet Puy-de-Dôme
Des milliers de personnes sont venues, le 7 juin, sur le Puy-de-Dôme faire la fête pour les 80 ans du Secours populaire ©Jean-Marie Rayapen

Samedi 7 juin, pour ses 80 ans, le Secours populaire tenait une grande fête sur le Puy-de-Dôme. L’opération a réuni plus de 3 500 personnes, l’occasion de faire connaître les actions des bénévoles, l’histoire de l’association et de collecter l’argent nécessaire pour faire partir 1 000 habitants du département à la « JOV de ouf », qui se tiendra le 20 août prochain à Paris.

« Je découvre. Je n’étais jamais venue ici », s’émerveille Carnela, la trentaine. Elle habite pourtant à Clermont-Ferrand, à une demi-heure de route. Pour cette première fois, elle est venue avec sa fille Maëlys et sa sœur grâce à l’un des huit cars mis à disposition par le Secours populaire pour emmener 400 personnes aidées à la grande fête des 80 ans de l’association sur le plus haut volcan de la chaîne du Puy.

S’appuyer sur les ressources de l’éducation populaire

« Cette année, le Secours populaire fête son 80e anniversaire, rappelle Adrien Thépot, secrétaire général du Secours populaire dans le Puy-de-Dôme. Créée en 1945, issue de la Résistance, notre association mène depuis sa création, des projets de solidarité en France, en Europe et dans le monde, pour venir en aide aux plus vulnérables, et soutenir inconditionnellement les personnes en difficulté, d’un point de vue matériel et moral. » Pour cela, les bénévoles orientent les personnes accueillies vers leurs droits et œuvrent avec elles à leur émancipation, en s’appuyant sur les ressources de l’éducation populaire.

Il est 15h, ce samedi 7 juin, quand les cars sont arrivés au panoramique des Dômes, un terre-plein en pleine nature au pied de l’ancien volcan où les gens embarquent dans le train à crémaillère en direction du sommet. Quand les personnes accueillies arrivent, elles traversent joyeusement une grande étendue de verdure au cœur du Parc naturel régional des volcans d’Auvergne. Là, 150 bénévoles, au moins, sont présents pour leur faire découvrir, comme à tous les visiteurs qui passent depuis le matin, les grandes dates du Secours populaire et les activités menées par les bénévoles dans le département.

Jeux fête Puy-de-Dôme
Plein de stands étaient disponibles, soit pour présenter les actions du Secours populaire, soit pour proposer des jeux. Au fond, la chorale La Viva et ses 70 chanteurs et chanteuses ©Jean-Marie Rayapen

Ainsi, le long de l’allée qui relie le parking à la minigare dessinée pour se fondre dans la beauté du site, une dizaine de panneaux sont visibles sur lesquels apparaissent de grandes photos racontant l’histoire du Secours populaire. L’une d’elles montre des enfants tout sourire devant la tour Eiffel, évoquant ainsi la première Journée des oubliés des vacances (JOV). La coupe au bol des petits, le cliché en noir et blanc, sans oublier la date, « 1979 », en grosses lettres, donnent un aperçu du temps écoulé.

À chaque panneau correspond un stand tenu par des bénévoles. Derrière le panneau avec la tour Eiffel et les sourires, c’est le stand vacances. Un peu plus loin, en direction du petit train, un autre panneau rappelle que le partenariat avec le Comité de solidarité de Madagascar (Cosoma) remonte à 1950, date de création de cette association.

Pique-nique sur l’herbe, maquillage et bonne humeur

Très vite, les familles posent des nappes sur l’herbe et commencent à pique-niquer, malgré l’heure avancée. Un essaim d’enfants fond sur les jeux : courses en sacs, machine à bulles, combats de sumos, minimatchs de foot… L’ambiance est très détendue. À droite, le stand maquillage ne désemplit pas. Neuf bénévoles, la plupart des jeunes filles, dont des membres de « Copain du Monde », s’affairent. « On en profite pour leur parler de Copain du Monde et on leur demande s’ils veulent aussi devenir acteurs de la solidarité avec des enfants de leur âge », explique Safa, l’une des maquilleuses, qui se dit, comme ses amis, « révoltée contre les guerres et les inégalités ».

Les enfants repartent après quelques minutes de maquillage contents du chat, du clown, de l’oiseau qui leur a été dessiné. D’autres optent pour les drapeaux du Maroc ou de la Tunisie, dans la tradition des fans de football ; plusieurs enfants demandent à repartir avec le drapeau palestinien sur la joue. Maëlys, la fille cadette de Carnela arbore sur le front et les joues le tracé d’un papillon.

Panoramique des Dômes
Le long de l’allée qui relie le parking à la mini-gare pour se rendre au sommet du Puy-de-Dôme, une dizaine de panneaux sont visibles sur lesquels apparaissent de grandes photos tirées de l’histoire du Secours populaire ©Jean-Marie Rayapen

À côté, un tout petit enclos a été installé. Les enfants peuvent y entrer pour caresser deux chevreaux au pelage noisette et deux agneaux beaucoup plus craintifs, à la laine blanche et noire. Jenna, 8 ans, préfère d’abord observer avant de se décider à s’approcher : « Regarde maman, la noire, elle a fait “béééé” », signale-t-elle, interloquée. Les encouragements du couple d’éleveurs la rassurent. « Voilà, souris pour la photo », lui lance sa mère tout en cadrant sa fille avec son téléphone portable.

Cette fête est aussi le point d’arrivée symbolique d’un relais solidaire, ayant réuni des bénévoles, des personnes accueillies, des groupes scolaires, autour de randonnées pédestres, à Saint-Éloy-les-Mines ou Besse-et-Saint-Anastaise. Montée au sommet du Puy-de-Dôme, Annie, 74 ans, a fait partie des randonneurs qui ont fait la boucle autour du lac d’Aydat quelques jours auparavant. « Je suis toujours partante quand il s’agit du Secours populaire, et pour rencontrer d’autres personnes. » Pour cette bénévole de longue date, « tout compte, absolument tout ; il n’y a pas de petites choses : on contribue à des événements du Secours populaire pour que d’autres personnes puissent découvrir des choses qui les changent de leur quotidien ».

« Une augmentation considérable » de la pauvreté

Une grande collecte est lancée durant la journée festive. Y contribue une tombola relayée toute la journée par Radio Scoop, partenaire de l’opération. Un concert est organisé au sommet de l’ancien volcan et 3 500 billets ont été achetés pour y assister. Martial et Claire sont venus avec leur fille Justine, 5 ans, sans connaître plus que ça le Secours populaire, attirés par les groupes « qu’on aime bien ». Ils devront néanmoins attendre jusqu’à septembre prochain car la manifestation a dû être reportée à cause de l’arrivée d’une brume dense au sommet, accompagnée de rafales de vent glacial. D’ores et déjà, le bénéfice des remontées de la journée sera reversé au Secours populaire. Même si le concert est reporté, la fête qui s’est déroulée « est un événement magnifique, une belle réussite grâce au dynamisme du Secours populaire », souligne Nicolas Tournebize, directeur général de la société du panoramique des Dômes, partenaire de l’opération.

L’objectif est de collecter 10 000 euros pour permettre à 1 000 habitants du département de rejoindre les 80 000 enfants et accompagnateurs à la JOV « de ouf » du 20 août prochain sur le Champ-de-Mars, à Paris. Une initiative bienvenue dans un département où beaucoup de gens sont privés de vacances, faute de revenus. Dans le Puy-de-Dôme, la pauvreté mesurée par le Secours populaire a connu « une augmentation considérable », rapporte Élodie, responsable des partenariats. Entre 2023 et 2024, le nombre de personnes accueillies par les bénévoles a augmenté de 30 % : beaucoup de travailleurs pauvres, de retraités et d’étudiants étrangers. « Nous avons 100 nouvelles inscriptions par mois dans une seule antenne de Clermont-Ferrand, poursuit Élodie. Nous accueillons des personnes dont le travail ne paye pas assez pour sortir de la pauvreté. Cela veut dire que, pour une partie d’entre elles, nous les accueillons pendant des années. Nous sommes alarmés par l’évolution de la société. »

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