Le bateau pour le Noël des enfants chiliens, une initiative du Secours populaire

L´idée, lancée en septembre 1975, se concrétisera en février 1976. Extraits du témoignage de Léon Dujardin ancien prêtre et secrétaire du SPF, qui coordonna l´opération.

L'Anjou appareille du Havre, le 18 décembre 1975, pour Valparaiso.

J’assurais les permanences en été et un représentant des syndicats chiliens est venu nous voir. Ces syndicats avaient proposé une solidarité avec les familles restées au Chili, entre autres avec les enfants et les femmes de ces syndiqués expulsés. Un certain nombre de syndicats dans différents pays d’Europe avaient accepté d’y participer. Ils nous ont demandé d’être les organisateurs pour la collecte des dons. De sorte que ce n’est pas nous qui avons collecté ; certes on a colleté, mais… Si ma mémoire est bonne il s’agissait de dix-sept pays. C’est énorme. On a hésité un petit peu, car organiser un bateau pour le Chili n’était pas évident. Ce sont, en fait, les Chiliens les vrais organisateurs ; les Chiliens qui étaient dans les syndicats et les partis. Nous, nous ne passions que par les Chiliens (…). Eux avaient des relations avec différents syndicats (…). Julien Lauprêtre m’avait dit : tu devrais demander si l’église peut trouver une autre solution ; va voir le cardinal Marty (la Junte chilienne avait interdit tout envoi du Secours populaire -NDLR-). Le cardinal Marty a accepté de me recevoir (…). Sans me dire : vous pouvez aller de ma part à Rome, il est venu dans la conversation que le mieux serait de voir le responsable de Caritas à Rome (…). Cela tombait bien, le responsable de l’époque était un latino-américain, très ouvert à cette période-là à l’évolution de l’Eglise, au Concile et donc, à ce qu’était une organisation populaire. Il me signale que le correspondant habituel de la Caritas au Chili, c’est la Caritas allemande. J’ai pris le train de nuit (…). Arrivé là je raconte à nouveau mon histoire et j’ajoute : vous vous rendez compte, tous ces gens qui ont collecté. Que pourrait-on faire. Il répond : ce n’est pas évident, nous avons d’autres activités. Sauf, si vous acceptiez d’être délégué de la Caritas allemande et de prendre en charge tous les frais d’organisation. Je dis : on avait prévu de les prendre en charge et précise : ‘je vais demander à mon président s’il accepte que je devienne délégué de la Caritas allemande’. Et deuxième condition : on met sur les étiquettes du SPF, celles de Caritas allemande (le produit de la solidarité est finalement remis à la Caritas chilienne via la Caritas allemande qui les répartit, NDLR). Il (l’évêque) m’a assuré, et avec lui les prêtres et les religieuses : ‘ça a bien été remis, en totalité’. On m’a même remis quelques photos montrant comment cela avait été distribué. Les gens apprenaient par les religieuses, par les paroisses, que cela venait du Secours populaire, de leurs maris… Après, le circuit, peu importe.