Marcel : « Aider et rendre leur dignité aux gens qui ont une vie cabossée »

Marcel a toujours « baigné » dans le social. Militer et aller vers les autres, pour venir en aide aux personnes en difficulté, sont dans ses gênes. « J’ai fait de mon mieux pour aider et rendre leur dignité aux gens qui ont une vie cabossée. Mon parcours comme ma carrière nous dit-il ont été riches et variés ». Toute sa vie professionnelle en témoigne et naturellement sa voie était toute tracée pour se prolonger dans l'associatif. Rencontre avec Marcel, bénévole au SPF 13 depuis quinze années.

Marcel peux-tu nous parler de ton parcours professionnel ?

Etant Educateur Spécialisé de formation, durant toute ma vie professionnelle j’ai été amené à m’occuper d’enfants et d’adolescents confrontés aux conséquences d’une rupture sociale et familiale. Après l’obtention de mon diplôme j’ai d’abord exercé mon métier à Marseille dans un service en milieu ouvert en lien avec le juge des enfants. Par la suite j’ai travaillé pendant 13 ans au Centre d’Action Socio Médico Pédagogique (CASMP) de Sanderval et j’ai terminé ma carrière comme formateur à l’institut Méditerranéen de formation (IMF) qui forme des Educateurs Spécialisés et des Assistantes Sociales.

Quand as-tu décidé de franchir les portes du SPF comme bénévole ?

Dès que j’ai travaillé j’ai aussitôt commencé à militer. J’ai d’abord milité à la CGT au sein du syndicat de mon entreprise puis très vite politiquement au Parti Communiste Français probablement parce ce que je me suis toujours dressé contre l’injustice sociale. Force est de constater que dans un pays riche comme le nôtre la précarité ne faiblit pas. De nos jours, elle se compte en millions de personnes et plus que jamais, elle concerne de plus de plus de personnes.

 les valeurs humanistes et solidaires du Secours me correspondent 

Il m’est impossible de rester les bras ballants devant tant de misère et tout naturellement je me suis donc tourné vers le Secours Populaire Français. Je suis devenu bénévole au SPF pour ses valeurs humanistes et solidaires qui me correspondent tout à fait. Cela va faire maintenant près de 15 ans que je suis bénévole au Secours pop, j’ai participé à toutes les campagnes comme par exemple la Chasse aux Œufs au Palais Longchamp, les Chalets du marché de Noël, la préparation des cadeaux de Noël dans les centres commerciaux, l’achat des fournitures scolaires, la lutte contre la précarité, la solidarité mondiale … et je compte bien encore aider pour certaines campagnes (pourquoi pas un jour en tant que Père Noël Vert) car je me rends bien compte que depuis de nombreuses années la société du chacun pour soi gagne du terrain sur celle du “faire ensemble”. Une belle éclaircie tout de même, je me réjouis du formidable engagement des jeunes au sein de notre association.

Marcel parle nous de ta pratique au sein de l’équipe « Alpha » ?

Après avoir fait du soutien scolaire pendant 3 années, j’ai ressenti le besoin de faire de l’alphabétisation parce que je suis intimement convaincu que la pratique de la langue est l’outil indispensable pour une bonne intégration. Au départ, nous n’étions que quelques-uns à nous mobiliser sur cette structure. A l’heure actuelle nous sommes une dizaine de bénévoles qui avons en charge à chaque cours une vingtaine de personnes. Tous ces gens sont avides d’apprendre et manifestent un réel intérêt à cet apprentissage de la langue. Au fil des ans j’ai cherché à construire une méthode qui soit la plus performante possible. Après de nombreux essais, je crois enfin avoir trouvé la bonne formule. J’interviens 2 jours par semaine, le mardi et le vendredi de 14 heures à 16 heures. Le mardi je consacre 2 heures à l’apprentissage de la langue, de façon très basique on aborde tout ce qui concerne cette langue, c’est-à-dire l’acquisition des bases comme la connaissance de l’alphabet, la construction d’une phrase, la constitution des syllabes, la formation des mots (qui les uns à la suite des autres constituent une phrase) etc. Pour cela je me sers de la méthode syllabique ou globale.

 Dialoguer pour se sentir moins perdu 

Au cours de la seconde partie qui se déroule le vendredi, j’anime des jeux de rôles avec des scènes de la vie quotidienne (guichet à la Poste, CAF, achat chez la boulangère, etc…) mais je consacre surtout l’essentiel de mon activité autour d’un atelier que je nomme « atelier tchatche ». Parce que je pense qu’il est important de manipuler la langue, de savoir s’exprimer et bien entendu de comprendre. Les personnes sont ravies de pouvoir dialoguer entre elles et du coup se sentent moins perdues quand elles se retrouvent dans une situation de la vie réelle. Bien sûr le chemin sera long pour certains apprenants qui ne sont pas allés à l’école dans leur pays d’origine. Néanmoins on peut espérer qu’à la fin de l’année une majorité des personnes sache parler correctement le français. Cet atelier a également une fonction sociale. Certains parmi eux viennent aussi pour voir du monde et cela leur permet de sortir de leur isolement. Ils sont si contents de se retrouver que ce serait une erreur de ne pas les intégrer. Depuis ces dernières années la demande est en constante augmentation (en moyenne 20 « apprenants » par cession). Cela nécessite la présence de 2 bénévoles pour bien remplir notre mission. Je tiens à remercier l’équipe qui se mobilise tout au long de l’année pour que les cours d’alphabétisation perdurent.

Donc Marcel toujours fidèle au poste ?

 Effectivement ça fait maintenant plus de 13 ans que j’apporte ma pierre à l’édifice et je suis toujours aussi heureux de transmettre mon savoir. En prime j’ai droit à des remerciements et à de beaux sourires. Alors je ne me vois pas laisser tomber toutes ces personnes qui veulent s’intégrer…

Humilité, générosité et ouverture d’esprit 

Et pour terminer as-tu un souvenir émouvant à nous livrer en tant que bénévole ?

Oui ! Ma rencontre avec Julien Lauprêtre lors d’un congrès Départemental à Marseille. Je tenais à entendre son témoignage et lui poser des questions par rapport à son activisme au sein de la résistance française pendant la seconde guerre mondiale. Julien s’est rendu très disponible pour me répondre avec simplicité, sans endosser son costume de Président du Secours populaire, avec des mots porteurs d’espoir et de fraternité. J’ai eu la confirmation que cet homme était resté humble, généreux et ouvert d’esprit. Ses phrases rassembleuses me reviennent souvent en mémoire et elles me portent chaque jour pour « bénévoler » deux après-midi par semaine sans la moindre retenue.

Article rédigé par Denis, bénévole au SPF 13.