Mission du SPF 13 aux Comores : Entretien avec Ali, pilote du projet Wutamadouni

Wutamadouni, en français "culture et tradition", est une initiative ambitieuse qui vise à revitaliser la jeunesse de Batsa à travers la construction d'une Maison des Jeunes et de la Culture (MJC), l'équipement de l'école primaire locale, la mobilisation de la jeunesse par le biais de partenariats avec des jeunes de Marseille et le développement des CDM aux Comores. Nous avons eu l'opportunité d'interroger Ali, bénévole au SPF 13, membre du CD, membre de la commission Solidarité Internationale et CDM, et actuel responsable du projet.

Q : Parlez-nous du projet Wutamadouni, en quoi consiste-t-il ?

Ali : Le projet se divise en trois axes : la construction de la MJC, l’équipement de l’école primaire de Batsa, et la mobilisation de la jeunesse par la création de liens avec les jeunes de Marseille et la mise en place des CDM (Copains du monde) aux Comores.

Q : Quel était l’objectif de votre mission aux Comores en septembre dernier ?

Ali : La mission comprenait plusieurs volets : d’abord, accompagner les travaux de mise aux normes de la MJC, incluant le dédouanement, le transport et la remise officielle de mobiliers de bureau et de matériels informatiques. Ensuite, soutenir les travaux en cours avec un « chantier solidaire » mobilisant des professionnels locaux et des jeunes désœuvrés qui ont pu découvrir de nouveaux métiers. Troisièmement, réorganiser et établir un lien de confiance avec les acteurs locaux par le biais d’une convention confiant la gestion du bâtiment de la MJC à la FABI (association partenaire locale). La mission incluait également le soutien à l’obtention de l’agrément de la MJC en tant que structure d’éducation populaire, grâce à une convention pluriannuelle signée avec le ministère de tutelle. Enfin, elle visait à développer le mouvement CDM dans des écoles, avec la formation de professeurs sur le fonctionnement du mouvement et la promotion des missions du SPF en France et à l’international.

Q : Quelle est la situation actuelle de la jeunesse à Batsa, et qu’est-ce que la MJC peut leur apporter dans leur quotidien ?

Ali : La jeunesse de Batsa se trouve souvent dans l’errance, dépourvue d’infrastructures et d’opportunités. La MJC offre un espace de dialogue, de projets collectifs, et agit comme un relai d’informations entre les jeunes et les institutions. De plus, elle apporte un soutien éducatif et pédagogique aux élèves grâce à son programme MARS (Mission d’Aide à la Réussite Scolaire). Équipée d’une salle informatique dotée de cinq ordinateurs, elle s’engage également dans la lutte contre la fracture numérique, facilitant l’utilisation des outils informatiques et les démarches en ligne pour les jeunes.

Q : Comment s’articule concrètement la mise en relation entre les jeunes de Marseille et les jeunes de la MJC (Comores) ?

Ali : Avant le lancement du projet, une expérience préliminaire a été menée au SPF, consistant en une visioconférence avec les jeunes de la Busserine pour favoriser les échanges. Cette initiative sera reproduite avec les jeunes de l’école des Aygalades grâce à la salle numérique de la MJC. Dans le futur, le projet envisage d’inviter des jeunes comoriens à participer à des événements tels que le village CDM, renforçant ainsi les liens et les échanges interculturels.

Q : Aujourd’hui, quels sont les besoins à la fois matériels, financiers et humains pour faire avancer le projet ?

Ali : Des travaux majeurs sont nécessaires, notamment la reconstruction du mur de soutènement défectueux de l’école. L’installation d’une citerne d’eau et la construction de toilettes pour répondre aux besoins élémentaires des enfants sont également prioritaires. L’UNICEF a été sollicité pour apporter son soutien à ces initiatives. Des travaux de finition, tels que le carrelage et la peinture, sont également envisagés. En termes d’équipement, trois imprimantes sont nécessaires, une pour l’école et deux pour la MJC. De plus, l’ajout d’ordinateurs est prévu pour l’avenir. Pour la bibliothèque, des livres sont requis, avec un accent particulier sur l’acquisition de manuels scolaires du programme local, adaptés aux 240 élèves de l’école.

Q : Qu’est-ce que cela signifie pour vous de piloter ce projet ?

Ali : Mon engagement envers cette jeunesse en difficulté a été spontané, motivé par un élan de solidarité. Bien que ma connaissance du terrain ait facilité la mise en œuvre du projet, elle n’a pas été le moteur de ma motivation. Ma sensibilité aurait été la même pour n’importe quel autre pays. Le fait d’être d’origine comorienne joue un rôle utile dans la réalisation concrète du projet, mais il n’est pas le facteur déterminant de mon engagement.

Q : Comment une personne qui veut soutenir ce projet peut-elle s’y impliquer ?

Ali : Pour participer au projet, les personnes intéressées peuvent intégrer la commission « Solidarité Internationale » du SPF 13. Elles sont encouragées à proposer leurs idées et initiatives, et nous nous efforcerons de les soutenir et de les accompagner. Nous avons aussi la possibilité de les mettre en contact avec nos partenaires, que ce soit ici ou aux Comores pour faciliter la collaboration et la mise en œuvre efficace des actions solidaires.

Le projet Wutamadouni représente un exemple concret d’initiative de solidarité internationale visant à améliorer les conditions de vie des jeunes à Batsa, aux Comores. Avec la détermination d’Ali et du SPF, le projet continue de progresser, offrant des opportunités tangibles pour l’avenir de la jeunesse locale. Soutenez ce projet en écrivant à contact@spf13.fr ou en faisant un don en cliquant sur le lien en bas de la page.