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Montauban : Témoignage d’une migrante-réfugiée

Mis à jour le
Merdina Turuk

Un témoignage bouleversant

Merdina, de guerre lasse.

Avril 1992. Sarajevo est sous le feu des bombardements de l’armée serbe. Pour la population bosniaque, survivre est une épreuve ; vivre, un supplément d’âme. Merdina Tukur choisit de quitter la Bosnie avec ses deux enfants, Tarik et Arben âgés de 14 mois et 11 ans. Elle nous a confié ses mémoires d’exil.

Secours populaire : Quitter votre pays était devenu une question de survie ?

Merdina Tukur : Oui, surtout pour mon enfant de 14 mois atteint d’un Cancer. Je dois le sauver mais ici….. Nous rejoignons l’hôpital de Sarajevo par miracle. Mon fils est placé sous chimiothérapie. Surpeuplé, l’hôpital n’échappe pas aux tirs de l’armée serbe. Tarik est soigné dans un couloir. Avec son frère, nous dormons à ses côtés à même le sol durant trois mois. Les équipes « Médecins du monde » débarquent. Bernard Kouchner en personne ausculte Tarik. Sa décision est aussi claire que son pronostic : « Cet enfant doit être rapatrié en France. Sinon, il va mourir. » Un convoi militaire nous conduit à l’aéroport sous le feu nourri des soldats serbes. L’avion décolle. Alité et perfusé, pour la première fois depuis des mois, Tarik m’adresse un joyeux sourire.

Secours populaire : Qu’elles ont été les conditions d’accueil en France ?

Merdina Tukur : Nous arrivons à Marseille le 10 novembre 1992. Pris en charge par le Centre d’accueil des demandeurs d’asile – CADA -, nous sommes hébergés par une famille d’accueil puis dans un petit logement à Albertville avant d’arriver à Montauban en avril 1995, accompagnés par l’association montalbanaise d’aide aux réfugiés – AMAR -. Les soins de Tarik sont pris en charge par l’Etat. L’OFPRA me délivre le statut de réfugiée politique. J’exerce des petits boulots pour compléter le RMI. Mes enfants sont scolarisés et le traitement médical de Tarik suit son cours.

Secours populaire : Que vous a apporté le Secours ?

Merdina Tukur : Les aides classiques proposées par l’association. Les bénévoles m’ont aidé à apprendre le français. Au Secours j’ai trouvé de la chaleur humaine et des amis. Je suis devenue bénévole parce que je partage les valeurs de cette association. Sachant mon enfant malade, toute l’équipe m’a soutenu. Aujourd’hui, Tarik a 29 ans. Il est serveur dans un salon de thé à Toulouse. Il est sorti de la période de rémission. Il croque la vie à pleines dents. Secours populaire : Vous vous projetez vers l’avenir ? Merdina Tukur : J’espère me stabiliser socialement et garder mes enfants en bonne santé. Je me suis assignée une forme de mission : expliquer aux gens les dangers des guerres qui menacent l’avenir de l’humanité.

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