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Sixième université d’été du Secours populaire 13

Mis à jour le
Sixième université 2021

C’est autour du thème de “l’Urgence dans l'indigence” que se sont réunis plus de 70 bénévoles présents à la Sixième université d’été du Secours Populaire qui a eu lieu vendredi 9 juillet. Une journée de réflexion autour de la solidarité, de la convivialité et des partages culturels. Cette journée a en effet été rythmée par un repas solidaire servi au profit de la campagne d’urgence Liban et s’est clôturée par une représentation de la troupe théâtrale du Secours Populaire du 13, les Baladins Populaires qui présentaient leur spectacle “J’ai rêvé la révolution”.

C’est le sociologue Jacques Broda, ancien professeur à l’université de la Méditerranée, décédé à l’âge de 76 ans en septembre 2020, qui est à l’initiative des universités d’été du Secours Populaire. Ces universités qu’il a souhaité être un moment de rassemblement collectif privilégié, permettent de partager les réflexions de chacun, d’actualiser le débat autour de la solidarité et d’en faire l’état des lieux, afin de mieux structurer le travail de chaque acteur de l’association humaniste. 

Jacques Broda a accompagné notre association dans l’opération le dire pour agir, avec par exemple les ateliers d’écriture après avoir lu 4 000 cahiers noircis des témoignages des personnes, ces ateliers ont aidé à enclencher une dynamique de parole et d’échanges.

En 2021, il faut continuer à donner la parole aux personnes car la crise sanitaire, l’état d’urgence, les besoins grandissants en solidarité sont les piliers de notre réalité nouvelle qui dépasse largement l’indigence. 

 

 L’Indigence est bien le thème qui a été choisi pour cette journée, afin de réfléchir à comment comprendre ce concept afin de trouver les bons moyens d’agir. Cette réflexion collective se rapporte également au thème du congrès de cette année 2021, où nous traiterons la construction d’une solidarité populaire durable et planétaire.

C’est autour de témoignages sincères et parfois poignants, de lectures de textes que le débat s’est fondé autour de la question de l’indigence dans les quartiers où interviennent nos bénévoles.

Avant on pouvait assumer l’indigence, mais depuis la crise sanitaire et économique, la demande augmente énormément et les ressources ne sont pas suffisantes, atteste Colette.

Le constat est là : cette pénurie pose des questions en termes d’organisation. Nous devons à présent partager les colis. Où aller chercher la nourriture ? Le fonds européen ne sera pas suffisant, comment pouvons nous y pallier? Tous constatent que l’entraide entre les personnes est parfois elle aussi mise à mal.

Colette rappelle le rôle d’aiguillon des pouvoirs publics du Secours Populaire et la nécessité de le remettre au cœur de l’action, il faut alerter de la situation d’urgence que connaissent les bénévoles sur le terrain.

La parole est ensuite passée entre les bénévoles présents pour définir l’indigence en regard avec le travail du sociologue Jacques Broda dont Sonia rappelle la définition. L’indigence, marquée du sceau de la précarité et de l’éthique, fait la condition de l’humanité. Comment nous préserver des conditions de survie imposées tout particulièrement par l’état d’urgence sanitaire.

Comment nous conditionner et nous dépasser ?

Car si nous ne faisons rien, nous risquons le découragement de tous. En effet, le Secours populaire fait beaucoup mais il ne peut pas tout faire. Même si la crise sanitaire a révélé des forces bénévoles encore jamais perçues, nous constatons chaque jour des besoins supérieurs à l’aide alimentaire apportée par l’Europe : ces besoins touchent aux conditions de la vie humaine. Quelles sont les conditions à poser face à la précarité ?

 

Un bénévole ramène également au cœur du débat des notions essentielles au Secours Populaire : le rapport d’égalité entre les humains et l’humilité. C’est le cercle vertueux du fonctionnement de notre association. Il est de notre mission de maintenir un rapport d’égalité permanent entre les bénévoles et les personnes aidées pour transmettre la responsabilité de l’entraide au niveau des personnes aidées elles-mêmes.

Car rejoindre le Secours populaire c’est avant tout rejoindre l’autre. Ce lien permet de créer et d’entretenir l’empathie entre les personnes, de redonner sens à la solidarité, à l’entraide. Si l’aide à l’aide alimentaire devient un prétexte à se réunir et à se rencontrer, ces rencontres peuvent donner une impulsion à créer un nouveau modèle de société. C’est grâce à l’intelligence et à l’humanité à des niveaux individuels et collectifs qu’on a pu multiplier la puissance de la solidarité, c’est le “Nebenmensch”, un concept initié par Hermann Cohen.

La notion de « travail solidaire » qui est développée chaque jour dans les antennes du SPF est donc primordiale afin de construire, coordonner et structurer notre organisation pour que chacun puisse trouver sa place dans l’organisation collective de l’entraide.

Car même dans l’urgence, au Secours populaire nous combattons ensemble le déterminisme social.

Retrouvez le texte de Jacques Broda sur l’Indigence ICI