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Entretiens avec 4 artistes engagés – Solid’Art à Montpellier

Mis à jour le

Les bénévoles Philem Despiney et Marc Vernet vous présentent quatre artistes engagés qui ont exposé leurs oeuvres à l'occasion de la 5ème édition du Solid'Art. (Véronique Rivera, Claire B. Masimbert, Virginie Rahem Ancey et Sadik Farabi). Une mise en lumière de leurs travaux, leurs parcours, leurs valeurs et leur engagement aux côtés du Secours populaire. Voir les interviews filmées en intégralité par Mohammed Sahraoui. Crédits photos ©MarcCabantous

Entretien avec Véronique Rivera

Bonjour, pourriez-vous en quelques mots vous présentez ?

Je m’appelle Véronique Rivera, je fais de la photo depuis mes 15 ans, soit depuis plus de 40 ans. J’ai été initiée par mon père qui en faisait en amateur. Il avait monté un petit labo dans la maison où nous passions des nuits à faire des tirages. Mes premiers modèles ont été les membres de ma famille, mes sœurs. J’ai ainsi commencé par des portraits de mes proches, puis des amis du lycée puis petit à petit je suis allée vers l’extérieur, d’autres personnes, beaucoup de photos de rues. J’ai arrêté mes études et suis partie un an en Angleterre comme fille au pair. Le père de la famille qui m’accueillait était photographe ! Il m’a donné un sac plein de pellicules pour diapos dont il ne pouvait plus se servir pour son travail : je me suis donc beaucoup amusée à Londres à aller à la rencontre des gens, et c’était super parce que c’était sans limites puisque le développement de ces diapos était pré-payé.

En rentrant en France, j’ai suivi des formations surtout en rapport avec le cinéma (j’écrivais des scénarios) et à la vidéo, à Nîmes et à Montpellier, mais c’était un peu frustrant car il y avait peu de matériel à disposition, et beaucoup de théorie. Ensuite des formations pros à Paris sur le montage cinéma, l’infographie.

Assez rapidement, je me suis sentie concernée par la transmission et la médiation auprès des jeunes, de jeunes en difficulté, et j’ai entamé des interventions en milieu scolaire. Depuis 2005, j’alterne ce travail à l’école avec mon propre travail pour essayer d’ouvrir les yeux sur le monde de l’image, souvent avec mon propre matériel. J’ai une association, Les Films de la Criée, au nom de laquelle j’interviens quand ce n’est pas en mon nom propre. J’anime aussi, en liaison avec l’enseignant, des ateliers en classe. Parfois aussi, en cours particuliers, j’aide les gens à maîtriser leur matériel, par exemple de jeunes retraités qui ont les moyens de s’acheter de bons appareils, mais qui ne savent pas s’en servir pleinement, pour les aider à sortir des sentiers battus, notamment à travers des activités ludiques.

Pouvez-vous nous parler de ce que vous exposez ici ?

C’est ma première participation à Solid’Art et je suis très fière et très heureuse d’avoir été sélectionnée. J’ai choisi parmi mes séries de photos celle qui rencontre le plus de succès : Rivages Electriques, des photos de Sète, la ville de mes origines, ma ville de cœur. Je présente une vision nostalgique d’endroits qui vont disparaître, s’effacer : je tente de les capter en les poétisant à travers un traitement particulier qui leur confère une ambiance nocturne, ce qui fait leur unité.

Mon choix ancien du bénévolat, notamment en milieu scolaire, est en accord avec les valeurs du Secours populaire. Il y a ici un très bon état d’esprit, une solidarité pas seulement avec les plus démunis, mais aussi entre artistes exposants.

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Entretien avec Virginie Rahem Ancey

Pouvez-vous, en nous parlant de votre pratique artistique, nous dire ce qui vous inspire et ce qui vous motive ?

Je travaille à partir de mes lectures, et ce que j’expose ici est issu de la lecture des mémoires d’une geisha. J’ai fait une centaine de toiles différentes, dans différents matériaux (acrylique et peinture à l’huile). Je pratique plusieurs formes artistiques : peinture, sculpture, grès, porcelaine pour lesquelles je me livre toujours à un certain apprentissage.

Ce qui m’importe est la rencontre entre l’artiste et la toile dans l’attente de l’apparition d’un personnage, pour la rencontre avec quelque chose qui surgit, qui n’existe pas.

Par engagement artistique, j’ai toujours travaillé dans l’art, que j’ai enseigné pendant vingt ans, à Sisteron puis à Montpellier. L’important est de partager, créer du lien, tendre la main, transmettre, être bienveillant et solidaire.

C’est mon premier Solid’art et j’espère qu’il sera suivi de bien d’autres, car j’en attends de nouvelles rencontres avec des œuvres et des gens, pour de beaux échanges sur la base du regard de l’autre.

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Entretien avec Claire B. Masimbert

Pouvez-vous en quelques mots vous présenter à nos lecteurs ?

Je m’appelle Claire B. Masimbert. On peut dire que je suis plasticienne puisque je fais à la fois de la peinture, de la sculpture et que j’écris également, dans une démarche qui se veut archaïque et narrative. Ici des silhouettes découpées pour ne retenir que l’essentiel et le mouvement en retirant tout le superflu du corps, et pour raconter une histoire.

Quelles techniques utilisez-vous ?

J’associe plusieurs techniques pour conserver le côté brut de l’art, mais je privilégie les encres, que je fabrique moi-même pour garder la maîtrise des teintes. Sur toile, toile plastique, papier, entoilage, déchirures. Je crée également, à partir d’un tableau, des sculptures.

Comment vous êtes-vous engagée dans la pratique artistique ?

J’ai en fait effectué tout un parcours avant de m’autoriser à être et à me revendiquer en tant qu’artiste. Je peins depuis toujours, mais j’ai d’abord travaillé en entreprise, puis créé deux entreprises, car s’engager en art, s’investir et investir dans les moyens demande du temps.

Il y a dans mon travail en gros deux parties. La première, joyeuse qui consiste à travailler avec des artisans et d’autres artistes pour des créations partagées comme par exemple monter un défilé de vêtements-sculptures en donnant sa place au regard du spectateur. J’ai ainsi travaillé sur une toile de 16 mètres de long dans laquelle le spectateur pouvait découper le morceau qui lui plaisait le plus : cela crée du partage, de l’échange. L’autre partie est un peu plus sombre, en atelier : je travaille actuellement avec une danseuse sur l’hystérie.

C’est ma troisième année de participation à Solid’Art pour lequel l’engagement est à la fois une évidence et un plaisir, car cela repose sur un vrai partenariat avec les artistes.

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Entretien avec Sadik Farabi

Pouvez-vous en quelques mots vous présenter ?

Je m’appelle Sadik Farabi. J’ai une formation de géographe-cartographe, car mes parents ne voulaient pas que je fasse les Beaux-Arts. Ma démarche (peinture et sculpture) allie, dans un équilibre que je trouve heureux (je poursuis encore aujourd’hui en parallèle mes deux métiers), cette connaissance scientifique et mes désirs artistiques. Je vis au croisement de mes deux rêves. J’aime le voyage, la découverte de l’autre, le respect de la différence.

Pouvez-vous nous parler de votre travail ?

Je porte beaucoup d’intérêt aux façades, aux fenêtres et aux portes, qui sont devenues dans mes tableaux des formes abstraites avec chaque fois un personnage différent. Une fenêtre est toujours une ouverture sur le monde, dont la connaissance ouvre la voie à la tolérance.

Mes personnages sont d’abord dessinés, puis sculptés, avec des collages, des tissus (mon père était créateur de costumes). Les pigments que j’utilise viennent du monde entier, comme le sable ou la cire d’abeille : j’aime le travail manuel, le contact avec les matières et à partir de là créer.

Le dessin permet dans son élaboration de faire la connaissance avec un nouveau personnage de la peinture, personnage qui représente les citoyens du monde.

Est-ce votre première participation à Solid’Art ?

Non, c’est ma cinquième participation à Solid’Art qui est un engagement pour une belle cause qui est tout à fait en cohérence avec mon amour du voyage, de l’ouverture, de la découverte de l’autre. Il faut aller vers l’autre pour le connaître et le comprendre. Et Solid’Art est une réussite qui tient à la synergie entre les bénévoles et les artistes.

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Equipe de réalisation artistique

Interviews réalisées par les bénévoles Philem Despiney et Marc Vernet.
Vidéos réalisées par Mohammed
Sahraoui
Photos réalisées par Marc Cabantous

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