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Aulnay-sous-Bois, une nouvelle équipe à la tête du comité. Rencontre avec les bénévoles

À Aulnay-sous-Bois, une ville majeure de la Seine-Saint-Denis avec ses 86 000 habitants, le comité du Secours populaire a élu un nouveau bureau administratif, insufflant ainsi un nouvel élan à son activité qui était en pause depuis plusieurs années. Nous avons rencontré Annie, Gérard et PhilippeAnnie, Gérard et Philippe, trois citoyens engagés, ont décidé de prendre part à cette aventure de solidarité collective au service des habitants de la ville.
- Pouvez-vous vous présenter ?
Philippe Sylvain : Je suis trésorier au Comité d’Aulnay-sous-bois. Avant cela, je travaillais au Port de Paris. Je suis retraité depuis trois ans.
Annie : J’habite à Aulnay depuis 2014, avant je vivais à Saint-Ouen. J’étais infirmière de la fonction publique territoriale et depuis 5 ans je suis retraitée.
Gérard : Je suis Aulnaysien, j’y ai grandi. Je suis masseur bien-être en entreprise.
- Comment êtes-vous devenu bénévole pour le Secours populaire ?
Annie : Je connais le Secours populaire depuis très, très longtemps. Je donne chaque mois au Secours populaire. Je n’avais jamais eu l’occasion de m’impliquer dans le bénévolat à cause de ma vie professionnelle et personnelle car le temps me manquait. Maintenant que je suis retraitée, j’en ai beaucoup plus. Nous avons été contactés par deux personnes de la fédération (de Seine-Saint-Denis), et progressivement le comité est né.
Philippe : Je connaissais le Secours populaire depuis un certain temps, mais comme j’étais en activité, je n’avais pas beaucoup de disponibilités non plus et je faisais partie de deux autres associations. Cela faisait deux ou trois ans que les bénévoles du Secours voulaient recréer un comité à Aulnay-sous-Bois. On m’a dit « Essayons de construire ça ensemble, ça t’intéresse ? » et j’ai dit oui. Et ça fait près d’un an que nous avons commencé cette aventure.
Gérard : Je faisais déjà du bénévolat en tant que moniteur de voile. Le discours du Secours populaire et des bénévoles m’a plu. Chaque bénévole peut prendre des initiatives. Celui qui veut organiser quelque chose le fait. Cela correspond à ma nature et m’a poussé à m’impliquer.

- Qu’est-ce qui vous a décidé à accepter cette proposition ?
Philippe : J’ai toujours été dans des associations dont l’objectif est d’aider des gens, simplement. Donner mon temps et mes compétences pour aider les autres. Et pour moi, le mot populaire a un sens.
Annie : Tout d’abord, en raison de mon métier d’infirmière, j’ai toujours été impliquée dans le domaine social donc être engagée au Secours populaire me convient bien. Grâce à un contact intermédiaire, j’ai rencontré les autres bénévoles du comité et le courant est bien passé. C’est aussi cette approche qui m’a poussé à accepter, cela s’est fait naturellement.
On m’a dit « Essayons de construire ça ensemble, ça t’intéresse ? » et j’ai dit oui.
- Quelles sont les particularités de la ville d’Aulnay-sous-Bois et de ses habitants ?
Annie : C’est une ville qui est très importante en termes de population et de superficie. Elles est coupée en deux. Au sud ce sont des zones pavillonnaires, la population est relativement plus aisée même si l’on voit que la pauvreté gagne du terrain. À l’inverse, les quartiers nord sont bien plus populaires et défavorisés. Il y a beaucoup de chômage et de gros problèmes sociaux. Il y a également plusieurs hôtels sociaux où les gens sont hébergés. Ils sont dirigés ici par le 115 et beaucoup sont sans papiers.
Philippe : On remarque également cette différence sur le plan de l’éducation : tous les collèges et les lycées du nord de la ville sont identifiés « Réseau d’Éducation Prioritaire » mais pas ceux du sud. C’est la spécificité d’Aulnay-sous-Bois.
- Parmi les gens que vous avez rencontrés, et ceux que vous avez accueillis au comité, quels sont les profils qui se distinguent ?
Nous côtoyons beaucoup de gens qui ne travaillent plus. Nous sommes en relation avec des familles monoparentales, des personnes seules, retraités, célibataires. Nous sommes aussi en contact avec beaucoup de travailleurs pauvres qui sont à découvert chaque mois malgré leur salaire.
Au sud ce sont des zones pavillonnaires, la population est relativement plus aisée même si l’on voit que la pauvreté gagne du terrain. À l’inverse, les quartiers nord sont bien plus populaires et défavorisés.
- Quelles actions menez-vous au comité ?
Philippe : Nous avons commencé avec la campagne des Pères Noël verts en décembre, avec comme partenaires les bénévoles de Pantin. Nous n’étions pas encore un comité indépendant, plutôt une antenne. Nous avons notamment participé à deux spectacles proposés aux familles à la Villette : le Cirque Phénix et un spectacle d’acrobates. En janvier, nous avons participé à la campagne nationale du Don’actions ainsi qu’à la sortie à Disneyland Paris.
En février, nous avons tenu notre première Assemblée générale qui a scellé la création du comité puis, fin mars, ont commencé les distributions alimentaires. À un rythme d’une par mois environ pour l’instant.
Enfin, nous avons eu l’opportunité d’avoir un stand lors d’une brocante de la ville ce qui nous a permis de récolter des fonds importants. Nous avons aussi fait partir une famille en vacances pour une semaine, ainsi que deux enfants d’une autre famille qui vont partir en colonie.

- Quels sont vos projets ?
Annie : La priorité est de maintenir un rendez-vous mensuel pour l’alimentaire. Nous allons essayer de nous y tenir pour que ce soit très régulier. Il est vrai que nous rencontrons quand même quelques difficultés en termes de localisation, puisque nous n’avons pas de local attitré. Nous avons rencontré la mairie pour leur exprimer notre besoin d’un lieu fixe, au moins pour les distributions alimentaires. Nous avons pris contact avec une autre association qui a des points relais dans toute la ville. Finalement, nous avons réussi à obtenir une convention avec cette association pour avoir un lieu où nous allons pouvoir tenir des permanences d’accueil. Pour le moment, c’est une fois tous les 15 jours, le lundi après-midi. J’espère que nous conserverons cet endroit, afin qu’il soit bien identifié par les gens, et qu’ils puissent venir s’inscrire.
Gérard : Nous avons une coiffeuse parmi nos bénévoles et moi je suis masseur bien être. Nous réfléchissons à mettre en place des « journées bien-être » dans le futur. Lors des distributions alimentaires, nous aidons 40 à 60 familles, soit à peu près deux cents personnes. Il y a donc une demande énorme. Les acteurs sociaux de la ville nous disent que les besoins sont considérables.
Lors des distributions alimentaires, nous aidons 40 à 60 familles, soit à peu près deux cents personnes, à partir de deux dates seulement. Il y a donc une demande énorme.
- Comment s’est faite l’intégration au sein du Secours ?
Annie : Nous avons toujours été bien accueillis par les bénévoles des autres comités et de la fédération. Chaque fois que nous avons eu des difficultés, nous avons pu avoir de l’aide. Si nous avons des soucis en comptabilité, nous pouvons nous rapprocher de Daniele (bénévole à la fédération), ou Hanane (secrétaire de la fédération). Nous sommes toujours bien reçus. Nous avons aussi pu tisser des liens avec le comité de Pantin. Le Secours populaire est une grosse machine, mais nous avons toujours ressenti la solidarité depuis notre arrivée.

- Comment fonctionne l’organisation entre bénévoles ?
Gérard : Nous essayons de nous voir une fois par mois. En général, c’est un peu avant la distribution alimentaire. De cette façon, nous pouvons réfléchir à l’organisation. En ce qui concerne l’équipe, nous espérons accueillir encore plus de bénévoles ! Pour l’instant, nous sommes une petite dizaine très active. Quelques personnes viennent aussi s’investir de manière ponctuelle dans certaines actions.
Philippe : Nous essayons également de fabriquer un petit bulletin trimestriel que nous envoyons à tous les bénévoles du comité. En quelques mots et photos, nous communiquons sur nos différentes actions et les résultats que nous avons obtenus. Par exemple, à l’occasion des Pères Noël verts, nous avions emmené les enfants en sortie. Nous avons ensuite montré les photos à un bénévole qui a été ravi de voir les sourires des enfants. Il a compris que l’action avait porté ses fruits. Cela est gratifiant et nous sommes heureux quand tout se passe bien.
Mais les photos où ils font des grimaces, nous ne les mettons pas !!! (Rires) Moi je ris beaucoup, je prends les choses avec humour. On aide toujours avec la bonne humeur, ce n’est pas une corvée le bénévolat, bien au contraire.
À l’occasion des Pères Noël verts, nous avions emmené les enfants en sortie. Nous avons montré les photos à un bénévole qui a été ravi de voir leurs sourires. Il a compris que l’action avait porté ses fruits.
Pour contacter l’équipe d’Aulnay-sous-Bois écrivez à aulnay@spf93.org