À Livry-Gargan, des cours de Français Langue Étrangère (FLE) pour retrouver confiance et autonomie

La langue est une clé pour sortir de la précarité. Parler et comprendre le français est bien plus qu’une compétence linguistique : c’est une condition essentielle pour accéder à ses droits, trouver un emploi, se loger et participer pleinement à la vie sociale.

En Seine-Saint-Denis, département où près de 30 % de la population est étrangère ou d’origine étrangère (Insee 2023), l’apprentissage de la langue française représente un enjeu crucial. À partir du 1er janvier 2026, pour toute demande de titre de séjour pluriannuel, carte de séjour et naturalisation, il faudra impérativement réussir, entre autres, des examens de langue et un examen civique qui portera notamment sur l’histoire, la géographie, la science politique et la culture française. Un obstacle de plus pour les demandeurs.

Un comité rebâti autour de l’apprentissage du français

Début 2023, le comité de Livry-Gargan du Secours populaire a relancé son action avec des cours de Français Langue Étrangère (FLE). Aujourd’hui, grâce à près de 30 bénévoles mobilisés, le comité propose 21 cours hebdomadaires qui accueillent un public très diversifié. Secrétaire générale du comité, Hélène raconte : « Après l’arrêt total des activités en raison de la crise sanitaire, le comité de Livry-Gargan a dû être entièrement reconstruit. Quatre personnes ont relancé l’activité en proposant trois cours de FLE et un atelier de sensibilisation au numérique. Depuis, les actions se sont développées progressivement grâce à l’engagement croissant de nouvelles personnes solidaires. »

Quand apprendre le français change une vie

Il est 10 heures, les tables sont disposées en cercle. Les accents se mélangent, les langues maternelles aussi. Mais l’objectif est commun : parler et comprendre le français. Fabiola, qui suit les cours depuis un an, fait part de son expérience : « Je ne comprenais pas le français à mon arrivée. Même les nombres étaient très difficiles à prononcer. Grâce aux cours, je comprends mieux et je peux les utiliser. Je me sens plus à l’aise pour lire et écrire. Parler reste un peu difficile, surtout la prononciation, mais je continue à m’exercer. L’ambiance dans la classe est très bonne, il y a beaucoup d’entraide, même si nous venons de pays différents. ». Dans ce groupe, les échanges dépassent largement la grammaire ou le vocabulaire. Les apprenants s’encouragent, s’expliquent les règles, corrigent ensemble une phrase. Aujourd’hui, Fabiola a réussi le niveau B1 et a trouvé un travail.

Ces progrès linguistiques permettent aux participants de reprendre confiance en eux. Une participation symbolique de 6 euros pour quatre mois de cours est demandée. Loin d’être un frein, cette contribution favorise l’assiduité et renforce l’implication des apprenants. Malgré tout, des défis persistent : l’irrégularité liée aux situations précaires, la gestion des groupes et le manque de bénévoles enseignants. Mais l’énergie collective permet de surmonter ces obstacles.

La langue, un moyen d’accès aux droits et à l’autonomie

Apprendre le français, c’est plus que réussir à faire des exercices. C’est gagner en autonomie. Ces cours permettent aussi de progresser dans la vie quotidienne : prendre les transports sans crainte, accompagner ses enfants à l’école, échanger avec un médecin ou remplir des démarches administratives. Sans la langue, on reste en marge. Avec le FLE, les bénévoles du Secours populaire aident les personnes accueillies à franchir cette barrière.

Des bénévoles engagés au service de l’inclusion

Danielle, bénévole et professeure, distribue des feuilles. Devant elle, 8 visages attentifs, souriants, concentrés. Danielle a rejoint le comité après avoir lu un appel à l’engagement dans le journal municipal : « Depuis, j’interviens chaque samedi matin auprès d’un groupe de 8 personnes. Mon rôle est de les accompagner dans leur apprentissage du français, tant à l’écrit qu’à l’oral. Ce sont des personnes très investies, respectueuses et assidues. J’adopte une méthode basée sur le jeu de la langue, en utilisant des mots dans différents contextes ». Partage de cultures, humour et apprentissage mutuel. Les bénévoles, qu’ils soient enseignants, animateurs d’ateliers ou accompagnants, sont au cœur de cette initiative.

Créer du lien dans la diversité

Contrairement à d’autres comités, le comité de Livry-Gargan accueille des profils hétérogènes : des personnes en situation de grande précarité côtoient des travailleurs déjà insérés, mais qui cherchent à améliorer leur maîtrise de la langue.

Cette diversité des parcours est une richesse. Ces moments partagés, parfois une première pour des habitants installés depuis longtemps en région parisienne, incitent à la découverte et la curiosité. Elle favorise des échanges où chacun apprend de l’autre, au-delà des différences de statut social, de culture ou d’âge. Le Secours populaire joue ainsi un rôle de pont entre les habitants, dans un département souvent marqué par l’isolement et les fractures sociales.

S’intégrer socialement par le français

Le projet FLE ne se limite pas à l’apprentissage de la langue. Il s’inscrit dans une démarche globale d’intégration et d’accès à la culture. Des sorties sont organisées, notamment à Paris, dans des lieux emblématiques comme le Louvre, afin de permettre à chacun et chacune de mieux connaître son environnement.

Hélène, Secrétaire générale du comité

L’action FLE du comité de Livry-Gargan illustre la mission globale du Secours populaire : au-delà d’une aide matérielle et alimentaire, les bénévoles permettent à ceux qui en ont besoin de retrouver dignité, autonomie et place dans la société.

En favorisant l’apprentissage de la langue, en créant du lien social et en ouvrant des portes vers la culture, ces cours constituent un véritable tremplin vers l’intégration.

Quelques chiffres clés du comité

• 21 cours hebdomadaires de FLE
• 30 bénévoles engagés
• Plus de 200 apprenants accompagnés depuis 2023

Les cours de FLE sont un levier d’émancipation, un outil d’accès aux droits et un moteur de solidarité. Dans un territoire marqué par la diversité et la précarité, ils incarnent pleinement les missions du Secours populaire. D’autres comités proposent cet apprentissage dans le 93 comme à Bobigny, aux Lilas et à Pantin.