Pierre, accueillant à l’antenne de Rouen

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Pierre, accueillant à l’antenne de Rouen, nous parle de son engagement :
Je suis « accueillant » depuis 15 ans. Je suis également le  référent « domiciliation ». 
J’ai choisi le Secours pour la liberté qu’on a d’échanger avec les autres tout en respectant, bien sûr, un cadre général.
 
Quel est le rôle de l’accueillant :
Recevoir et écouter  toutes les personnes qui poussent la porte du SPF : des personnes confrontées à des problèmes de précarité, d’exclusion et qui sollicitent en priorité une aide alimentaire. Même si ces demandes cachent le plus souvent «une misère psychologique ».Nous sommes de plus en plus confronté à l’injustice sociale. Depuis mon arrivée au SPF, j’ai pu constater une certaine évolution de la population accueillie. Dans mes premières années nous rencontrions beaucoup plus de personnes en situation de « clochardisation ». Aujourd’hui nous sommes confrontés non seulement aux difficultés financières mais aussi juridiques, médicales voire psychiatriques. Et nous devons bien souvent répondre aux différentes demandes des services sociaux. 
 
Qu’est-ce que la domiciliation ?
La domiciliation permet aux personnes SDF (Sans Domicile Fixe) de recevoir leur courrier au Secours populaire. Ils peuvent ainsi bénéficier des prestations sociales et effectuer diverses démarches administratives. 
Le public concerné sont des jeunes ou  des adultes en rupture familiales ou suite à une séparation de couple, les patients du Centre Hospitalier Régional, les gens qui sortent d’incarcération, …
 
Pourquoi es-tu bénévole ?
J’avais toujours regardé le bénévolat avec envie et me demandant ce que cela pouvait apporter. Aujourd’hui j’ai la réponse : « la rencontre ». C’est la rencontre de l’autre, c’est important pour moi ! C’est être attentif, acteur de la solidarité, et pouvoir tisser des liens vraiment forts, désintéressés et constants. Et pour moi, parfois aussi, « m’amuser » avec eux. 
 
Peux-tu nous expliquer ce que tu fais en tant qu’accueillant ?
On règle tous les problèmes, tous les conflits. C’est ça qui m’interpelle le plus aujourd’hui.
Je le fais avec plaisir parce qu’on a du retour : les gens viennent nous voir et on a la chance de pouvoir les suivre. Ils ont le respect de faire les démarches que je leur conseille. Par exemple, quand tu fais une domiciliation, il leur faut systématiquement une carte d’identité et je vérifie qu’ils ont aussi la CMU. S’ils ne l’avaient pas, ils repassent souvent pour me dire « Je l’ai fait  ». 
Je trouve qu’il y a une symbiose entre tous les accueillants. Je me trouve bien avec tout le monde et j’ai rarement vu de conflits depuis 15 ans. On a chacun son mode de fonctionnement mais quelque part on se rejoint tous : on est là pour aider. C’est vrai que la précarité, on ne peut pas passer à travers !
 
Peux-tu nous parler d’une personne que tu as suivie ?
J’en aurais tellement à raconter  depuis 15 ans !  Mais peut être l’une des dernières. 
C’est une histoire hyper sympa !
A…, un jeune migrant est arrivé au Secours populaire pour suivre des cours français. Il a été accompagné par les bénévoles et a su s’intégrer socialement. Après l’été, il  a trouvé un contrat d’apprentissage Nous l’avons aidé à réaliser l’un de ses rêves en participant au financement de sa licence de foot !
Et nous lui avons offert  des chaussures de foot : il est très ému, les larmes aux yeux lorsqu’il les a reçus. Quand tu vois ce gamin maintenant, tu es content !