Bordeaux. Les familles ont enfin leur lieu d’Escale
Ouvert à la mi-octobre, l'Escale des familles est devenu un lieu ressources pour les familles en difficultés. Situé près de la gare Saint-Jean, on y croise des mères en quête de repos, des enfants qui ont soif d'apprendre et beaucoup de solidarité.
Faire plus qu’un accueil, pour les familles qui errent de foyers en hébergements d’urgence. Un, deux canapés, des tapis de jeux, du thé, du café, un ordinateur,… Détente, confort et repos pour les familles. Voici les objectifs fixés par les responsables et bénévoles de l’Espace Malbec, à Bordeaux. « L’antenne Amédée-Alins, qui accueille 1000 personnes par mois, gère l’urgence sociale et ne permet donc pas toujours de prendre le temps, d’être à l’écoute des besoins des familles. »
Créer ce lieu-ressources est devenu la mission de Lucie Joreau, stagiaire de l’Institut de Formation et d’Appui aux Initiatives de Développement (IFAID Aquitaine). Une mission qui s’est appuyée sur 12 entretiens préalablement réalisés avec des associations bordelaises (Emmaüs, Secours catholique, La bagagerie etc.) et 2 réunions avec les bénévoles des antenne bordelaises du Secours Populaire. « Pour nous orienter au mieux et afin de ne pas nous lancer dans des projets déjà réalisés et où la demande serait trop faible. » Mais très vite, la perspective d’une « Halte de jour » à destination des familles, et particulièrement des familles monoparentales, fait échos. La partie « brocante » de l’Espace Solidarité qui fonctionne depuix de nombreuses années locaux près de la gare, laisse place à l’Escale des familles.
C’est donc dans la semaine du 20 octobre dernier qu’a ouvert ce lieu qui est sur le point de devenir un point d’ancrage pour les familles bordelaises. « Je ne savais pas qu’on pouvait venir ici, mais cela me fait tellement de bien…. », dit Jingpeng. Cette jeune maman est arrivée de Chine il y a trois ans maintenant. Mais lorsque ses enfants de 15 et 16 ans l’ont rejointe il y a trois mois, elle n’avait toujours pas de toit… Trois mois de galère, de foyers en campements de fortune jusqu’à cet hébergement dans lequel elle est accompagnée par Médecins du Monde, qui lui a indiqué l’adresse de l’Escale. Ses adolescents sont en cours de français au premier étage, pendant qu’elle prend timidement le thé sur le canapé, près de l’accueil. « Ici, on m’a traduit une lettre que je ne comprenais pas et je vois qu’il y a beaucoup d’activités possibles aussi pour moi », dit-elle en scrutant le tableau des activités. Cours d’informatique, aide aux démarches administratives, atelier discussion ou encore aide à la recherche d’emploi,… Les activités proposées par la dizaine de bénévoles (avec un e à la fin, il faut le préciser…) sont variées.
Quelques jours avant le passage de Jingpeng, c’est une délégation du secrétariat départemental du Secours populaire de Gironde qui était venue constater le fonctionnement du lieu. Et en guise de visite, le secrétaire général, Denis Laulan, prenait place au salon pour expliquer à deux jeunes réfugiés de passage, les règles basiques de la belote. Quelques minutes plus tard, les jeunes devaient partir pour une visite des lieux touristiques et des lieux utiles de la ville, mais ils promirent une prochaine partie au couple de colombiens qui avait assisté à la scène. Ceux-là même qui, quelques jours plus tard, serviraient le café à une vieille dame venue se poser et raconter ses souvenirs d’enfance. En levant les yeux, elle peut voir trois enfants jouer dans le calme ; ce sont les enfants de Kadija, qui est venue tenter de régler des problèmes administratifs sur l’ordinateur en libre-service…
Cette fois, c’est sûr, il existe près de la gare de Bordeaux, un lieu où se détendre, rencontrer les autres, jouer, prendre le thé, apprendre,… Bref, se ressourcer.