Accompagner

  • Aide matérielle

Un vendredi après-midi à Saint-Amand Montrond

Mis à jour le
Le vestiaire

Jacques le parrain a rendu visite et hommage aux bénévoles

Il tombait ce jour-là une petite pluie froide sur la ville qui faisait luire les pavés et le bitume comme dans un roman de Simenon.

Mais un peu plus loin, la cour du Secours populaire n’était pas le décor d’un roman, c’était dans une réalité plutôt grise que se dissolvaient les quelques rêveries romanesques que l’on aurait pu avoir. Le matin, le camion n’avait pu démarrer, il avait fallu faire la ramasse dans les supermarchés de la ville avec la voiture d’un bénévole et la récolte avait été plutôt maigre : un peu de pain, quelques viennoiseries et pas grand-chose d’autre. Qu’importe, à l’intérieur de l’ancienne école, l’ambiance était aussi studieuse qu’elle avait pu l’être autrefois dans les anciennes salles de classe. Des vêtements impeccablement rangés et une brocante très diversifiée attendaient les demandeurs, trop rares au gré de Claudette dont les comptes étaient vite faits. Les quelques visiteurs étaient cordialement accueillis par les bénévoles qui les conseillaient sur les modèles et les tailles disponibles. Une ambiance feutrée, un local préparé avec beaucoup de soin par les bénévoles, à l’antenne de Saint-Amand, l’accueil se fait dans des conditions optimales.

Du côté de la distribution alimentaire, l’activité était plus fébrile. Ce n’était pas l’heure de l’ouverture mais un petit groupe s’était déjà constitué devant la porte. « Avec les règles sanitaires, on donne des heures de rendez-vous, mais ils arrivent une heure avant…. ou même sans rendez-vous…. ». Oui je sais, à Bourges c’est souvent pareil et cela a tendance à m’agacer. Mais au fond, pour venir si longtemps à l’avance, combien faut-il avoir subi de désillusions, avoir été l’objet de promesses non tenues ou de tracasseries administratives, bref à quel point faut-il douter des hommes pour se précipiter afin de ne pas risquer de laisser passer sa chance ?
Alimentaire Saint-Amand
 
Et pourtant à l’intérieur, tout le monde est sur la brèche, François s’escrime sur son ordinateur, André s’active avec son coéquipier dans la réserve où il faut bien étudier ses mouvements vu l’exiguïté des lieux. Une jeune stagiaire découvre tout cela avec un peu d’effarement puis, avec les encouragements des anciens se met petit à petit au travail. Bientôt un premier colis est prêt , on appelle la personne qui se détache du groupe qui attend dehors sous les regards envieux, mais elle était la première sur la liste. « Oh merci, qu’est-ce qu’on ferait sans vous…. » Des mots simples, mais qui vont droit au but. On reprend aussitôt la préparation du colis suivant.
Vestiaire Saint-Amand
 
En repartant, j’échange quelques mots avec une personne qui attend sous la pluie en serrant contre elle des vêtements bien trop légers. « Je n’ai pas pris de rendez-vous, je passerai après les autres …. Non je n’ai pas froid, j’habite dans une caravane, alors vous savez…. » et moi je vais regagner ma voiture climatisée.
Je pense à une vieille chanson de Brassens (que les moins de 60 ans, etc…etc…)
« Elle est à toi cette chanson, toi l’hôtesse qui sans façon, m’a donné quatre bout de pain quand dans ma vie il faisait faim….Ce n’était rien qu’un peu de pain mais il m’avait chauffé le corps et dans mon âme il brûle encore à la manière d’un grand festin ».
 
Bien sûr, mais peut-être pas au point de faire oublier cette caravane qu’on ne peut chauffer sans risquer d’y mettre le feu.
 
Les rue de Saint-Amand étaient mouillées et grises, mais on n’était pas dans un roman de Simenon.
 
Jacques

Thématiques d’action

Mots-clefs