Les étudiants aussi subissent la pauvreté [Archivé]

Peu connue, voire occultée quand elle n’est pas niée, la pauvreté n’épargne pas les étudiants. Le Secours populaire, depuis 2009, a ouvert une vingtaine d’antennes d’accueil, dans toute la France. D’autres sont en gestation.

Les Solidarbus permettent d'aller au devant des étudiants, comme ici à Marseille
SPF 13

En France, la pauvreté croît et n’épargne plus aucune couche de la population. Il en va ainsi des étudiants dont on estime que 100 000 vivent de façon précaire, avec moins de 650 euros mensuels. Cette situation, découlant de difficultés familiales, de retards de paiement de bourse, se traduit par des difficultés à bien s’alimenter et à avoir accès aux soins. La précarité vécue par ces jeunes peut en amener un certain nombre à interrompre leurs études ; quant à ceux qui doivent cumuler un emploi ou des petits boulots durant leur cursus, ils ne jouissent pas des meilleures conditions pour se consacrer à l’étude, tout comme ceux qui, faute de moyens pour acquitter un loyer, dorment dans leur voiture.

Une vingtaine d’antennes d’accueil

Partant de ce constat, le Secours populaire a, depuis l’ouverture, en 2009, d’une première antenne à Lille, multiplié le nombre de points de rencontre à l’université. Aujourd’hui, on en compte une vingtaine* réparties sur l’ensemble du territoire ; d’autres sont en gestation. Ces structures se sont développées en partenariat avec le Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) le plus souvent, les présidents, les bureaux d’étudiants, les assistantes sociales. La tâche est souvent rendue difficile, car les interlocuteurs n’identifient pas toujours les problèmes de précarité, ou les nient, alors qu’on estime que 8 % des étudiants vivent une situation de grande précarité.  Cela touche particulièrement les étrangers : à Clermont-Ferrand, les bénévoles de l’antenne La Fringale, située hors campus, répertorient chez les étudiants qu’ils accueillent (90 % de la fréquentation), près de 80 % d’étrangers. En 2014, 22 160 étudiants ont pu bénéficier d’une aide alimentaire grâce aux épiceries solidaires, vestimentaires, aux braderies, ou à la mise à disposition de matériel informatique. L’accompagnement comprend également l’accès aux droits, la fourniture de livres, les loisirs.

Agir au plus près des besoins

Les rencontres au sein de l’antenne sont l’occasion d’échanges d’où naît, parfois, le souhait, chez l’étudiant, de s’investir, comme à Limoges où deux d’entre eux participent aux actions aux côtés de deux bénévoles. Lorsque l’installation se révèle problématique, le SPF a mis en service, pour se rapprocher des jeunes en difficulté, un véhicule itinérant comme à Marseille et Nîmes. Fidèle à ses principes d’associer les personnes aidées afin de bien cibler les besoins, les bénévoles organisent des discussions, font circuler des questionnaires, comme dans la Drôme (sondage auprès de 400 personnes). De l’item concernant les besoins alimentaires, il est ressorti que les produits les plus cités ont été la viande, les légumes et fruits frais, soit les denrées les plus chères ; de quoi battre en brèche l’idée que les étudiants ne subiraient pas la précarité. Face à cette réalité, en Ile-de-France, les antennes en université du SPF offrent des tickets service subventionnés qui permettent d’acheter, dans le circuit de la grande distribution, des denrées alimentaires, à l’exception des alcools  et des produits d’hygiène. On le voit : les besoins, chez les étudiants que la pauvreté n’épargne pas, sont importants. Les jeunes du SPF réfléchissent, avec les intéressés, aux solutions à apporter, tout en activant l’ouverture de nouveaux centres d’accueil, comme, par exemple, à l’université de Rennes fréquentée par 50 000 étudiants.

* Nantes, Laval, Evry, Paris, Marne-la-Vallée, Avignon, Albi notamment

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