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Le Secours populaire et PMRS : 40 ans de partenariat et de solidarité

Mis à jour le par Pierre Lemarchand
Miriam, jeune Palestinienne, a pu se faire opérer d'une malformation cardiaque en France grâce au partenariat entre le Secours populaire et PMRS. Elle est ici e compagnie d'Henriette Steinberg, actuelle Secrétaire générale du SPF.
Miriam, jeune Palestinienne, a pu se faire opérer d'une malformation cardiaque en France grâce au partenariat entre le Secours populaire français (SPF) et PMRS. Elle est ici en compagnie d'Henriette Steinberg, actuelle Secrétaire générale du SPF. Paris, 1985. ©Luc-Michel Hannaux

Le partenariat entre le Secours populaire français et le Secours médical palestinien (PMRS – Palestinian Medical Relief Society) remonte à 1982. Basé sur des valeurs communes, il s’est enrichi, au fil des années, à travers la mise en œuvre de nombreuses actions d’urgence, de programmes de prévention et de soins de santé primaires, de projets de développement et d’échanges, notamment ciblant les jeunes et les enfants autour de thématiques liées à la citoyenneté, au développement durable et à l’engagement bénévole.

Le début du soutien du Secours populaire français aux populations palestiniennes a été apporté après les premières émeutes de la terre en 1976 à Nazareth auprès des familles endeuillées par la violence de la répression. Mais c’est en 1982, quand un partenariat se noue entre le Secours populaire et l’association PMRS, que s’ancre la solidarité indéfectible du Secours populaire envers la population palestinienne. PMRS et ses équipes sont présentes depuis plus de 40 ans dans plus de 580 communautés palestiniennes en Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza.  

Une permanence médicale du Secours médical palestinien (PMRS) en Cisjordanie, en 1983. L’association avait alors ouvert seize dispensaires médicaux dans les secteurs les plus pauvres des territoires palestiniens, où la tension et la violence étaient les plus fortes. ©DR

Des échanges entre médecins ainsi qu’entre jeunes

Avec les « Médecins du SPF », le Secours populaire a permis l’envoi de médecins spécialistes sur place, en Cisjordanie comme à Gaza, à la fois pour examiner des cas compliqués et apporter des connaissances récentes aux médecins palestiniens. Il a reçu et soutenu des médecins palestiniens pour bénéficier d’une spécialisation dans les hôpitaux français. Il a aussi financé des cliniques mobiles, des ambulances, parfois avec le soutien de l’Europe, parfois avec le soutien du ministère des Affaires étrangères. Enfin, le SPF a aidé PMRS à financer des formations aux premiers secours pour les jeunes. Il a accompagné le travail des médecins palestiniens dans leur démarche de soutien aux enfants en situation de handicap.

Jacqueline de Chambrun, médecin du Secours populaire français, rend visite aux soignants de PMRS dans une crèche en Cisjordanie. Ramallah, mai 1989. ©DR

Dans le même temps, ce partenariat avec PMRS a favorisé l’accès à la scolarité des enfants, a redonné l’espoir aux jeunes par la mise en place d’actions citoyennes améliorant le bien-être de la population avec le soutien de l’Agence française de développement. De nombreux séjours solidaires se sont multipliés entre jeunes français et palestiniens et en 2005, à l’occasion de l’initiative « soleils du Monde », des enfants israéliens et palestiniens se sont retrouvés à Paris et dans les villages « Copain du Monde » avec 70 000 autres enfants des différents continents et de toutes les régions de France.

Le front continu de l’urgence

Sur l’urgence particulièrement, le SPF a soutenu les formations aux premiers secours menées en direction des mères, des étudiants, des jeunes garçons et filles, référents et référentes de groupes, communautés et quartiers. A chaque escalade de la violence, le SPF a contribué au financement de cliniques mobiles : ambulances aménagées et équipées en cliniques pour pourvoir aux soins de suivi des grossesse, mener des actions de prévention (examens médicaux, etc.), apporter des soins de suivis post-opératoires aux personnes déplacées internes et aux blessés. Les zones ciblées par ces cliniques mobiles sont les zones éloignées, isolées (en raison de nombreux check points par exemple) ou sans aucun système de santé (voir notre reportage Les cliniques du bout du monde). Ce service est quasiment gratuit. Les soutiens ont aussi permis des distributions de produits de première nécessité, ainsi que la reconstitution des stocks de médicaments et de matériel médical. PMRS travaille en étroite collaboration avec la coordination Santé des Nations unies sur place, ainsi que l’UNRWA dont les écoles et les centres servent d’abris aux déplacés lors des bombardements. Les équipes médicales de PMRS font ainsi partie du réseau d’intervenants humanitaires autorisés à prodiguer des services de soins et de soutien psychosocial au sein de ces abris.

Depuis le 7 octobre, le Secours médical palestinien intervient dans des conditions totalement dégradées. Il a besoin de soutien pour pouvoir continuer de secourir et de soigner au plan médical et psychosocial les populations déplacées, victimes des violences et des bombardements, ainsi que pour reconstituer ses moyens d’interventions.

Des volontaires du Secours populaire et de PMRS à Ramallah, en décembre 2022.
Des volontaires du Secours populaire et de PMRS à Hébron, en décembre 2022. ©Jean-Marie Rayapen/SPF

 Depuis 1983, l’aide du Secours populaire est constante dans les Territoires occupés. Nous avons fait venir des médecins palestiniens en France pour qu’ils se perfectionnent dans certaines spécialités. Dès la première Intifada en 1987, PMRS, toujours en partenariat avec le Secours populaire, a enseigné les premiers secours aux jeunes, avec la belle idée qu’on ne jette pas de pierres quand on sait soigner. Au fil des années nous avons épaulé l’organisation globale des soins à travers des cliniques traditionnelles, mais aussi des «cliniques mobiles» établies dans des véhicules médicalisés, qui se déplacent dans les camps et au domicile des civils pour les secourir, dans des conditions souvent épouvantables. Ces camions vont aussi dans les écoles de l’Unrwa – Agence de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient – afin de dispenser des formations. Désormais, les donateurs du Secours populaire financent des bibliothèques pour que les jeunes puissent continuer à étudier malgré les blocus. En 1988, l’association Physicians for Human Rights, fondée par des médecins israéliens qui travaillent main dans la main avec leurs confrères du Secours médical palestinien, décide d’apporter son aide aux Bédouins qui vivent dans des campements insalubres, aux prisonniers et aux habitants des Territoires occupés. La présence des médecins israéliens facilite les démarches adminis- tratives et les passages des check-points. Le but de ces deux associations partenaires est aussi d’écouter les patients, de prendre en compte leurs souffrances tant physiques que morales et de relayer leur parole. Le Secours populaire ne pouvait que s’engager à leurs côtés. Tous ces progrès sont arrachés dans un climat de tension et d’insécurité d’autant plus éprouvant qu’il s’éternise. Désormais, ce sont plusieurs générations de Palestiniens qui ont vécu sous les bombes. 

Henriette Steinberg. Témoignage tiré de son livre Ne jamais baisser les yeux (éd. Robert Laffont, 2022 – extrait du chapitre 18 « Voir les Territoires occupés de ses propres yeux »)
Dans un village isolé près d’hebron, des soignants de PMRS vont au-devant des enfants. ©PMRS/SPF

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